Les constructions de bibliothèques municipales
Tendances générales
Sylvie Fayet
Les dix dernières années ont vu éclore une dynamique durable en matière de construction de bibliothèques. Les progrès sont qualitatifs et quantitatifs. La bibliothèque est investie d'une fonction symbolique, chargée de fournir une image urbaine emblématique ; l'architecture des bâtiments revêt une importance croissante. Les réalisations récentes tentent de concilier deux aspirations a priori divergentes : la recherche d'une bibliothèque ouverte et transparente, et le retour à des espaces plus intimes renvoyant à l'image traditionnelle de la bibliothèque d'étude.
During the last ten years, a durable dynamics is born as regards library constructions. Progress is quantative as well as qualitative. The library is now invested with a symbolic function, and made responsible for giving an urban emblematic image ; the architecture of the buildings has an increasing importance. The recent realizations try to reconcile two aspirations, a priori divergent : the research of an open and transparent library, and the return to more intimate spaces, throwing back to the traditional image of the study library.
Die zehn letzten Jahre haben eine dauernde Dynamik auf dem Gebiet der Bibliothekserbauung erstehen lassen. Die Fortschritte sind in bezug auf der Qualität und der Quantität zu bemerken. Die Funktion der Bibliothek ist heute zum Symbol geworden, der Anstalt obliegt auch, ein städtisches Kennzeichen vorzulegen. Deswegen gewinnt die Architektur in deren Gebäuden eine zunehmende Bedeutung. Die neuesten Durchführungen versuchen, zwei anscheinend gegensätzliche Strebungen zu befriedigen: die Suche nach einer offenen und durchsichtigen Bibliothek, und das Wiederauftreten intimerer Räume, die die traditionelle Studienbibliothek erwähnen.
Si les moyens alloués au fonctionnement des bibliothèques municipales laissent parfois à désirer, on ne peut en revanche que constater la réelle dynamique qui s’est installée en matière d’équipement.
Chaque année, plus de 200 opérations de construction ou d’extension sont en cours. Deux raisons surtout à ce succès : l’intérêt d’un nombre croissant de collectivités pour leur bibliothèque d’une part ; d’autre part, l’efficacité du concours particulier, le système d’aide de l’État à l’équipement des bibliothèques mis en place lors de la décentralisation. Depuis 1986, la surface des bibliothèques municipales est ainsi passée de 1 à 1,6 million de mètres carrés.
Nombre de créations de bibliothèques ont lieu dans des petites communes, mais la tranche des communes de 20 000 à 50 000 habitants joue un rôle pilote dans la construction de nouveaux bâtiments, avec de très beaux équipements comme ceux d’Arles, Brive-la-Gaillarde, Evreux, Issy-les-Moulineaux, Valenciennes...
En outre, deux évolutions se font jour actuellement :
– la remise à niveau des bibliothèques des très grandes villes, souvent dotées de locaux vétustes et inadaptés. Après une vague de précurseurs comme Aix-en-Provence, Amiens, Bordeaux, Nancy, Nîmes ou Saint-Étienne, le mouvement s’intensifie, résultat de l’instauration de crédits spécifiques pour l’équipement des bibliothèques municipales à vocation régionale (BMVR). Dans ce cadre, après l’ouverture d’Orléans et les chantiers de Poitiers, Limoges et La Rochelle, ce sont aujourd’hui Nice et Montpellier qui lancent des concours d’architectes, alors que Rennes en est à l’APS (avant-projet sommaire), et que Toulouse, Troyes, Reims et Besançon mènent des études de programmation ;
– le redémarrage des constructions de bibliothèques annexes, mais avec des surfaces importantes (de l’ordre de 1 000 m2 hors œuvre), et dans le cadre de restructurations/reconcentrations des réseaux d’annexes (une nouvelle bibliothèque de quartier pouvant succéder à deux ou trois petits locaux situés dans le même secteur), l’objectif étant de rationaliser la desserte.
Cette volonté d’organiser le réseau peut se traduire aussi par le choix de spécialiser certaines annexes, en fonction de leur environnement ou en fonction d’une politique documentaire. Bien évidemment, ce second souffle des constructions de bibliothèques annexes s’inscrit dans le retour au tout premier plan de préoccupations d’insertion, de prévention et d’aménagement des quartiers périphériques.
La bibliothèque bâtiment municipal
De plus en plus de communes considèrent aujourd’hui leur bibliothèque comme un véritable outil culturel et comme un élément de la politique municipale.
Si elles peuvent parfois compliquer la vie quotidienne de certains bibliothécaires, cette image positive de la bibliothèque, ces missions diverses qu’on lui demande d’assumer, peuvent aussi en faire un équipement emblématique de toute une municipalité. Le Carré d’Art figure ainsi sur les affiches qui, en juin 1996, promeuvent dans le métro parisien le tourisme à Nîmes.
Cela explique l’arrivée de grands noms de l’architecture dans le domaine des bibliothèques publiques (Botta à Villeurbanne, Foster à Nîmes, Chemetov à Evreux, Riboulet à Limoges, de Portzamparc à Rennes...) et la recherche, dans nombre de cas, d’une architecture monumentale ou d’un parti pris esthétique fort : le souci majeur est l’identification de la bibliothèque et, à travers elle, l’image que la ville projette. Les « cathédrales culturelles » et les « gestes architecturaux » sont souvent redoutés des utilisateurs, qui craignent – pas toujours à tort – pour la fonctionnalité de leur futur lieu de travail.
Il n’en reste pas moins que l’impact urbain et la question de l’image comptent, à juste titre, parmi les enjeux majeurs d’un projet de construction de bibliothèque. La neutralité architecturale n’est que rarement le souhait des élus.
Deux cas de figure particuliers se rencontrent de plus en plus fréquemment :
– l’installation de la bibliothèque dans un bâtiment ancien réhabilité. Il peut s’agir d’un monument historique des XVIIe ou XVIIIe siècles (plusieurs bibliothèques sont installées notamment dans d’anciens couvents ou d’anciens hôpitaux), ou d’anciens entrepôts ou usines, dans la vague de réhabilitation du patrimoine industriel (les manufactures d’Aix-en-Provence ou Nancy, ou les silos de Chaumont par exemple).
Tout en préservant le caractère monumental de la bibliothèque, une telle opération fournit aussi l’occasion de mettre en valeur le patrimoine municipal. A l’heure où des préoccupations patrimoniales et historiques connaissent un retour en grâce, c’est aussi la garantie d’un cachet de bon ton pour la future bibliothèque. La difficulté est d’avoir un bâtiment qui se prête à accueillir une bibliothèque, sans trop de contraintes nuisant à la fonctionnalité ;
– l’intégration de la bibliothèque dans un bâtiment abritant d’autres services. Ces regroupements sont souvent à dominante culturelle (la bibliothèque est associée au musée comme à Nîmes, au théâtre comme à Albertville, au conservatoire comme à Troyes...), mais pas obligatoirement. Les villes comptent sur de tels regroupements pour créer des pôles d’attraction et vertébrer un peu l’espace urbain, tout en espérant des économies d’échelle. Le système fonctionne bien lorsque chacune des institutions présentes conserve son identité et sa spécificité. C’est en revanche plus compliqué s’il s’agit d’une intégration plus radicale avec beaucoup d’espaces communs.
Les grands choix d’organisation
Plusieurs débats sont ouverts en matière de programmation fonctionnelle d’une bibliothèque.
Le plus récurrent est celui portant sur l’organisation du libre accès et l’intégration des supports. A un modèle traditionnel d’organisation par supports (bibliothèque-discothèque-vidéothèque) se substitue dans des cas de plus en plus nombreux une logique d’organisation par contenus, regroupant tous les supports concernant un thème identique. Cette intégration peut se faire à des degrés divers, suivant que les différents supports sont tous classés sur les mêmes rayonnages ou que certains sont présentés sur des rayonnages adjacents, mais sans être mélangés aux autres : elle est par exemple radicale à Taverny, moins poussée à Evreux.
Le développement de nouveaux supports joue bien sûr beaucoup dans ce débat, et conduit à la mise en place de nouveaux services. On parle par exemple de logithèque, didacthèque ou formathèque suivant l’étymologie que l’on privilégie, mais surtout suivant que l’on axe ce service sur des outils éducatifs et d’auto-apprentissage, ou qu’on l’ouvre plus largement vers des utilitaires et/ou des jeux. Les micro-ordinateurs à disposition du public sont en général regroupés dans un espace spécifique, lorsqu’ils permettent de travailler sur plusieurs logiciels, mais peuvent être répartis dans l’ensemble des espaces, comme les postes de visionnement vidéo, lorsqu’ils sont consacrés à la consultation des CD-Rom.
Autre débat, l’articulation entre section adultes et section enfants. L’utilité d’une section pour adolescents recueille de moins en moins de suffrages. A l’inverse, apparaissent des expériences de décloisonnement adultes/enfants, au moins pour les documentaires. L’intégration adultes/ enfants est pratiquée de fait dans plusieurs petites bibliothèques. Elle a également été mise en place à Marne-la-Vallée. Elle est aujourd’hui prévue à grande échelle pour la future bibliothèque de Montpellier.
On note enfin une tendance à privilégier trois éléments dans la programmation d’une bibliothèque aujourd’hui :
– la consultation sur place : qu’il s’agisse de places de travail, de sièges pour une lecture de détente, ou d’autres postes de consultation, ils sont prévus en nombre croissant. Après le développement intensif de la fonction de prêt, un palier semble atteint, qui rend ses lettres de noblesse à l’utilisation du lieu bibliothèque et revalorise la lecture et la documentation sur place. Il est évident que l’existence de bâtiments récents, spacieux et agréables joue à plein dans ce phénomène ;
– les aspects patrimoniaux sont eux aussi réhabilités, après avoir été quelque peu éclipsés par les efforts en matière de développement de la lecture publique. La valorisation et la communication autour des collections patrimoniales se portent bien, témoin la série Patrimoine des bibliothèques de France récemment parue chez Payot *. Le fonds patrimonial est perçu comme un moyen d’ancrer une identité locale, au point qu’on peut souhaiter le constituer de toutes pièces dans une bibliothèque dépourvue de toute collection historique (par exemple le fonds de livres d’artistes créé à Issy-les-Moulineaux) ;
– le secteur actualités prend une dimension nouvelle (et souvent aussi un intitulé plus imposant type « forum de l’information ») en offrant en plus des périodiques une présentation de documents liés à l’actualité, des outils d’information concernant la vie pratique et les événements locaux. Il peut être conçu comme un espace autonome, et souvent placé en vitrine de la bibliothèque, attractif et accessible dès l’entrée.
Les différents types de plan
On peut esquisser une petite typologie des plans adoptés par les architectes pour les bibliothèques, en précisant bien sûr que, dans la réalité, les bâtiments suivent rarement un modèle « pur », mais sont plutôt la combinaison de différents types. Les quelques grands principes d’organisation de l’espace qui se dégagent sont les suivants :
– le plan en couronne autour d’un atrium central, comme à Nîmes, où le cœur du bâtiment est évidé pour laisser place aux escaliers ; la variante « extrême » de cette formule est le cloître construit autour d’un vide central extérieur, dont la BNF fournit un des plus illustres exemples. Les inconvénients de telles solutions peuvent être d’une part le bruit, d’autre part l’éclatement des services, forcément repoussés le long des parois sur le périmètre du vide central ;
– le principe de la tour, comme dans le projet de Christian de Portzamparc pour Rennes. La difficulté, dans ce cas, réside dans la multiplicité des niveaux publics et la maîtrise des circulations verticales ;
– le principe du corridor correspond à des configurations étroites et allongées, comme l’arc de cercle de Chambéry ou la branche centrale très étirée du U que forme la bibliothèque de Sète (aménagée dans un ancien hôpital). Le cheminement est, dans ce cas, linéaire, l’usager devant revenir sur ses pas selon un itinéraire unique ; un parcours circulaire dans le bâtiment n’est pas possible ;
– la jonction de deux corps de bâtiments distincts est un système fréquemment adopté lorsque tout ou partie de la bibliothèque consiste en une réhabilitation d’un édifice ancien, comme à Limoges, où un jardin d’hiver relie la partie neuve à une aile du XIXe siècle. Mais on retrouve également ce principe dans des constructions entièrement neuves, comme à Saint-Herblain, où les deux parties du bâtiment se déploient en éventail de part et d’autre de l’entrée ;
– enfin, les plans compacts et ramassés ne sont pas les moins nombreux. On peut citer Saint-Étienne, intégrant les différents espaces sur un grand plateau contrôlé depuis l’entrée située à l’angle du bâtiment. On peut également citer Poitiers, au plan tout aussi compact, mais avec un principe de distribution différent : le cheminement depuis l’entrée s’opère un peu en escargot, les différents espaces étant resserrés autour d’une circulation centrale.
Les grandes caractéristiques des bâtiments
On a déjà évoqué la tendance à la monumentalité, ou, du moins, la recherche d’une identité visuelle forte pour la bibliothèque.
L’autre tendance évidente est la surface croissante accordée aux différents espaces publics (documents en libre accès, espaces de travail, lieux d’exposition et d’animation), logique dans la mesure où la bibliothèque a conquis ses lettres de noblesse comme équipement public et collectif de premier plan.
Autres éléments recherchés, du moins si l’on en croit les déclarations de principe : la fonctionnalité et l’évolutivité du bâtiment. Même si on ne les retrouve pas dans toutes les réalisations, ces exigences sont de plus en plus souvent prises en compte. Cela se traduit – ou devrait, dans l’idéal, se traduire – par le soin apporté aux circulations, à leur fluidité et à leur rationalisation, et à la distinction nette entre circulations publiques et circulations internes liées au fonctionnement de la bibliothèque.
La double recherche de fonctionnalité et de flexibilité se manifeste également par la présence de grands plateaux décloisonnés donnant une grande souplesse d’aménagement. Ces vastes plateaux favorisent également la tendance à l’intégration des différents supports et des différents publics. Préservant les possibilités d’évolution, cette formule a souvent la faveur des bibliothécaires.
La difficulté est qu’elle se prête difficilement à l’implantation d’espaces de travail calmes et clos ; les salles de ce type se retrouvent souvent, du coup, isolées et périphériques. Mais on retombe là sur une contradiction inhérente aux objectifs mêmes que l’on assigne à la bibliothèque : être à la fois un lieu ouvert, accessible à tous et utilisé par tous, et ménager en même temps des cocons, îlots de silence et de sérieux ; il n’est pas facile pour l’architecte de concilier ces aspirations divergentes.
Enfin, le travail sur la lumière et l’éclairement constitue un élément récurrent. En façade, la transparence est quasiment de règle (à de notables exceptions près, comme Villeurbanne). A la manière de vitrines, les murs rideaux donnent à voir ce qui se passe à l’intérieur de la bibliothèque, attirent les regards des passants, provoquent ou tentent de provoquer l’envie d’entrer.
Il s’agit de démystifier la bibliothèque, pour que chacun puisse se l’approprier. Il s’agit aussi de créer une interaction avec l’environnement urbain, pour insérer pleinement la bibliothèque dans la ville. Cela explique qu’on ait fréquemment recours aux façades vitrées, malgré les problèmes qu’elles peuvent poser (nécessité d’une protection solaire suivant l’orientation, risques liés aux effractions ou au vandalisme).
La maîtrise de la lumière naturelle pose une autre série de problèmes à l’intérieur du bâtiment. Dans les bibliothèques de surface importante, il est souvent difficile d’éclairer l’ensemble des grands plateaux, d’où le recours fréquent à un éclairage zénithal, avec système de puits de lumière (ce qui impose une bonne protection et un bon traitement des problèmes thermiques). En dépit de ces efforts, on rencontre encore des projets architecturaux comprenant des locaux très mal éclairés ou aveugles.
Si les espaces publics, partie visible de l’équipement, font plus souvent l’objet d’un traitement attentif, les espaces de travail interne en revanche sont parfois bien mal lotis ; ainsi voit-on toujours passer, à l’occasion des concours, quelques projets réservant au personnel des locaux sans lumière naturelle.
L’aménagement intérieur et le mobilier
La place accordée à la bibliothèque dans la ville ne se traduit pas seulement par un aspect monumental et une façade attractive, mais aussi par la qualité des prestations intérieures. Un très bel exemple en est le hall lambrissé de loupe d’orme de la bibliothèque de Rodez.
Outre le soin apporté aux finitions, les architectes s’intéressent également de près au mobilier. Il n’est pas rare qu’ils dessinent certains éléments comme les banques d’accueil et de prêt. Parfois ils conçoivent eux-mêmes toute une gamme de mobilier spécifique, comme les Rubin pour la bibliothèque Melville dans le XIIIe arrondissement à Paris. De manière générale, les architectes suivent avec une attention légitime les questions d’aménagement intérieur. Toutefois, certains architectes de renom, craignant de voir leur œuvre dénaturée, supervisent avec une vigilance excessive les moindres détails de l’ameublement, au détriment des usagers qui ont bien du mal à s’approprier un tant soit peu les lieux.
Qu’il soit conçu par un architecte ou proposé par un fabricant, l’aspect du mobilier a évolué de manière spectaculaire. Aux modèles un peu tristes que l’on retrouvait dans toutes les collectivités succèdent des formes et des coloris recherchés. La tendance est justement à s’opposer radicalement à l’image traditionnelle du mobilier pour collectivités, et à se rapprocher autant que possible d’un mobilier privatif, évoquant celui que l’on peut trouver dans des intérieurs de particuliers : intérieur lumineux et de bon ton avec les alliances de bois clair et de métal satiné à Valenciennes, intérieur chic et confortable avec canapés et fauteuils en cuir noir d’Issy-les-Moulineaux, intérieur avant-gardiste avec les associations inhabituelles de couleurs multiples des silos de Chaumont, intérieur studieux et douillet avec les rayonnages nichés dans les murs, et les parquets sombres de Rodez... Autant d’ambiances que l’on peut imaginer retrouver chez soi ou chez des amis.
On retrouve ici la contradiction déjà mentionnée : on veut une bibliothèque vitrée, décloisonnée, transparente, mais on garde la nostalgie d’espaces plus intimes. C’est à l’aménagement intérieur qu’il incombe souvent de résoudre cette contradiction : par le choix des couleurs et des matériaux, par la disposition du mobilier, on recrée des niches, on délimite des coins, on suggère des espaces personnels. Bref, après avoir affirmé, dès la façade et l’entrée, le caractère public et collectif de la bibliothèque, on s’attache à ce que chacun puisse y reconstituer un espace individuel et privatif.
Dans cette recherche d’une atmosphère intime et douillette, on s’éloigne d’une tendance architecturale industrielle qui recourait beaucoup au métal. En réaction aux excès de la modernité, le bois redevient le matériau à l’honneur, parce qu’il rejoint des valeurs dans l’air du temps : valeurs d’ordre écologique (il est naturel), d’ordre social (il est chaud), et d’ordre historique (il évoque le passé, la bibliothèque du XIXe siècle).
On rejoint ici l’évolution qui pousse à réhabiliter la notion un peu floue de bibliothèque patrimoniale (ou plutôt l’image que l’on s’en fait). Nombre de bibliothèques, y compris des bibliothèques récentes dépourvues de tout fonds historique, se dotent dans cet esprit de salles de lecture « à l’ancienne », longues rangées de tables de bois couronnées de lampes champignons.
Quelle que soit la tendance en vogue, il est positif que les bâtiments reflètent une forme d’investissement affectif et symbolique : la bibliothèque met en œuvre l’imaginaire, elle n’est pas un équipement collectif impersonnel.
Juin 1996