Information Systems Strategy
On sait à quel point le manque de communication institutionnelle a été - à tort ou à raison - reproché à l'équipe de la British Library, dans le cadre du projet du nouveau bâtiment de St Pancras.
Une plaquette consacrée à l'informatique
En 1993, une première plaquette d'envergure 1 s'était attachée à présenter les grands objectifs de l'établissement. Cette entreprise est aujourd'hui complétée, comme s'y engageait alors le directeur général, par une plaquette thématique consacrée à l'informatique.
Les péripéties du système d'information de la Bibliothèque nationale de France (BNF), dont la presse s'est abondamment fait l'écho dans notre pays, soulignent à quel point ce sujet mérite un traitement particulier : l'informatique est en effet au coeur du fonctionnement et de l'organisation d'une grande bibliothèque nationale moderne. Elle en gère la plupart des fonctions, bien au-delà des seuls services directement liés au public.
Son coût global (investissement et fonctionnement) apparaît alors souvent comme énorme (15 % du budget annuel pour le seul fonctionnement, à Londres), disproportionné par rapport aux services rendus. La plaquette réalisée par la British Library peut ainsi être considérée comme parée de vertus préventives, au moment où la date d'ouverture de l'établissement semble aujourd'hui arrêtée à la fin de l'année 1997.
Approche pragmatique
C'est dans une perspective comparative que l'appréciation du contenu de cette plaquette, disponible sur Internet 2, est pour nous la plus intéressante. Comparables par leurs ambitions, leur souci d'ouverture (tant en termes techniques que de service) et les fonctionnalités recherchées, les deux projets informatiques diffèrent essentiellement dans leur structure générale : un système unique intégré pour la BNF, une mise en liaison de différents systèmes, déjà existants ou non, pour la British Library. On retrouve là la traditionnelle approche pragmatique britannique, fondée sur la recherche de l'économie, de gain d'efficacité, l'analyse du coût et de l'intérêt des solutions.
Ce document, qui se présente à bien des égards comme un manifeste, décrit évidemment l'intérêt et l'objet des quatre principaux systèmes mis en relation : trois systèmes relatifs aux collections (gestion des documents originaux, gestion des substituts numériques, catalogue général) qui garantissent leur suivi complet, depuis leur entrée jusqu'à leur mise à disposition (un ensemble de systèmes de gestion).
Au-delà, il fournit des informations débordant du cadre de l'informatique - ou dont l'évocation témoigne de l'omniprésence de celle-ci. On apprend ainsi que, contrairement à la France, la British Library ne dispose pas encore du dépôt légal des documents numériques (multimédias), mais qu'elle l'a sollicité ; ou que, parce qu'il est fondé sur l'utilisation intensive de l'informatique, le Copyright Libraries Shared Cataloguing Programme, qui croise les informations entre la British Library et les bibliothèques participant au réseau, permet la constitution d'une véritable bibliographie nationale partagée.
Devant ce bel exercice de communication institutionnelle, on se prend une nouvelle fois à regretter l'absence d'équivalent pour le projet français homologue, dont on se serait pareillement amusé à déchiffrer les silences.