Sociologie de la lecture en France. Bilan des recherches
Chantal Horellou-Lafarge
Monique Segré
Cet ouvrage est une excellente bibliographie commentée des recherches sociologiques sur la lecture, menées en France depuis une quarantaine d'années. Remarquable outil de travail - sans prétention théorique -, il est constitué de deux grandes parties.
La première, la plus développée, est divisée en cinq chapitres qui traitent respectivement des enquêtes quantitatives et des études qualitatives en matière de pratique de la lecture depuis les années 1960, des interactions plurielles entre oeuvres et lectorats, de l'illettrisme, des politiques culturelles et du développement des bibliothèques, des librairies et, enfin, de l'économie du livre de façon générale.
La deuxième partie présente de façon sobre, mais complète et précise, les organismes, institutions publiques et associations qui travaillent à développer l'accès à la lecture (Direction du livre et de la lecture, La Joie par les livres, Association française pour la lecture, par exemple).
Un double intérêt
Les deux qualités majeures de ce document, outre la fermeté classique de l'écriture et la rigueur des informations factuelles, sont la richesse de la sélection des données bibliographiques et la pertinence scientifique des comptes rendus de travaux et des propositions de recherches.
Chaque chapitre se clôt en effet par une bibliographie spécifique quasiment exhaustive, très clairement organisée, et l'ouvrage lui-même est couronné par une bibliographie générale de plus de 750 titres (qui témoigne d'une vitalité certaine de ce champ de réflexion).
Ce premier apport est redoublé par une contribution proprement intellectuelle qui vise (et réussit) à synthétiser les différentes contributions des sociologues et des sociologies de la lecture. Les auteurs situent rapidement les différentes problématiques, indiquent les traits saillants des analyses et ne négligent pas les positions qui peuvent partager les chercheurs. Chantal Horellou-Lafarge et Monique Segré ne se privent pas non plus de formuler des pistes de travail complémentaires, nouvelles ou affinées, par exemple sur les micrologiques d'appropriation différenciées des biens culturels, sur les changements dans le statut des écrivains dans l'ère post-moderne ou sur la posture culturelle du lecteur internautique.
Un prochain travail de recension plus systématique des travaux sociologiques - il est vrai beaucoup moins nombreux - sur les interactions entre lecture et écriture, sera le bienvenu.