L'information scientifique et technique en Ile-de-France
Annie Le Saux
Le site s’y prêtait. En effet, l’informatique occupe une place importante à Polytechnique : 2 000 machines reliées à Internet, dont 850 directement connectées ; des étudiants de deuxième cycle possédant tous un micro-ordinateur et des chambres reliées au réseau ; un centre informatique employant 34 personnes. Le pôle scientifique Ile de Science 1 avait trouvé là un lieu tout indiqué pour la journée d’étude qu’il avait organisée sur le thème d’Internet, en collaboration avec l’Association des professionnels de l’information et de la documentation (ADBS-Ile-de-France) et l’Association des conservateurs de bibliothèques.
Le programme autoroutier
Introduite par le général Marescaux, la conférence s’est poursuivie par l’intervention de Daniel Confland, de la Direction de l’information scientifique, des technologies nouvelles et des bibliothèques, sur l’implication interministérielle dans le programme autoroutier. La première phase s’achevant, une nouvelle enveloppe devrait être accordée en 1997 pour alimenter de futurs projets. Parmi ceux-ci, quatorze académies et établissements scolaires seront reliés aux différents réseaux et la formation à distance sera développée. A ce stade il serait intéressant, a suggéré Daniel Confland, de lancer une étude sur les attentes envers le réseau des réseaux et sur les difficultés à surmonter.
Renater 2, Réseau national pour la technologie, l’enseignement et la recherche, qui couple le réseau français aux réseaux internationaux, a été retenu par le gouvernement comme l’une des bases nationales pour expérimenter les autoroutes de l’information. Son support, un réseau de télécommunications à très haut débit, en fibre optique, avec des liaisons de 155 Mbits/s dans un premier temps, permettra notamment le passage du son et des images animées.
Plus le débit de ces lignes de transmission est important, plus les informations véhiculées le sont rapidement. Mais les besoins sont différents selon qu’il s’agit d’un particulier, ou d’une entreprise gérant son propre serveur. Isabelle Morel, de Renater, a présenté les différentes façons – et leurs avantages, en fonction des utilisations que l’on désire en faire – de se raccorder au réseau. On préférera le téléphone analogique si l’on prévoit un usage modéré d’Internet, des liaisons louées si on désire monter son propre serveur, ou encore Numéris ou X 25. Les principaux usages d’Internet sont désormais connus de tous – consultation, échange, transfert, communication vers l’extérieur et communication interne ou Intranet –, ainsi que les outils qui permettent ces utilisations – Eudora, FTP, Archie, Yahoo...
Internet et la presse
Considéré ni comme un gadget ni comme la panacée, mais comme un outil supplémentaire de recherche de l’information, Internet a surtout séduit la presse. Sa forte présence sur ce réseau se confirme chaque jour davantage, comme le fit remarquer Carole Brochard, de Canope.
Selon les politiques éditoriales, on y trouve le sommaire de la revue, des résumés des articles, ou encore l’intégralité de la publication. Certaines consultations sont pour l’instant gratuites. Le Monde diplomatique (http://www.ina.fr/CP/MondeDiplo/ ) et le Cahier multimédia de Libération (http://www.liberation.fr/multi/index.html ) en sont des exemples français. Cependant, une évolution vers un service payant est prévisible et certaines revues scientifiques étudient déjà ce qu’elles feront payer et comment.
En plus de ces revues qui ont un équivalent papier, on dénombre, de par le monde, 700 revues exclusivement électroniques. A titre d’exemple, citons le mensuel sur l’informatique, MacSence (http://www.macsence.com ). Certaines de ces revues – 142 – ont un comité de rédaction.
La qualité de la présentation sur écran est pour beaucoup dans l’essor de la presse sur Internet. Le format Acrobat, qui permet une visualisation identique à la forme papier, est de plus en plus adopté.
Mais il reste toujours sur Internet le problème de la recherche. Le foisonnement est irritant : on sait que l’information que l’on recherche existe quelque part sur le réseau, mais où et comment l’atteindre ? Il fut bien sûr suggéré de partager ce travail de recherche et que ceux qui repèrent quelque chose dans un domaine le signalent aux autres. Cette mise en commun des informations recueillies collectivement aboutirait, en quelque sorte, à un serveur de ressources.
Un autre problème systématiquement soulevé concerne la sécurité sur les réseaux. Les messages y circulent sans enveloppes protectrices, mais seule une interdiction légale empêche de résoudre cette question ; car, techniquement, il semble n’y avoir aucune impossibilité. Cependant, jusqu’à présent, le cryptage a été strictement réservé aux domaines militaire et gouvernemental.
Les questions juridiques
Jean Martin, avocat à la cour, a abordé les problèmes juridiques liés à la diffusion d’informations sur les serveurs d’Internet. Parmi ceux-ci figure celui de la dématérialisation de l’écrit, qui amène à s’interroger, entre autres, sur les preuves et la validité des signatures des opérations réalisées via le réseau, et sur la valeur à donner aux factures virtuelles. La télétransaction est un phénomène nouveau, qui entraîne des répercussions sur le droit.
Dans cette nouvelle société qui se construit, où un espace illimité de liberté offre à chaque individu la possibilité de s’exprimer, le droit est bousculé, au niveau national comme au niveau international. Du fait de la mondialisation, il est difficile d’appliquer des lois nationales et de déterminer le pays qui légifère. Est-ce celui d’où part l’information ? Celui qui la reçoit ? Les responsabilités traditionnelles sont inadaptées à ce genre de questions. Il faut donc trouver des moyens de les réviser. Les conventions internationales en sont un, comme la jurisprudence et ce que l’on connaît désormais sous le nom de « Netiquette » 2. La définition de limites, donc de lois, est une façon d’éviter excès et dérapages.