Bibliothèques départementales de prêt

données 1993 et 1994

par Jean-Paul Gaschignard
Paris : Ministère de la Culture, Direction du livre et de la lecture, 1995. - 70 p. ; 25 cm

Paris : Ministère de la Culture, Direction du livre et de la lecture, 1995. - 135 p. ; 30 cm

Depuis 1994, la Direction du livre et de la lecture publie des présentations synthétiques des statistiques des bibliothèques municipales. Le fascicule sur les BDP pour les années 1993 et 1994 comble une lacune, et permet de rattraper le retard qui s'était accumulé. Il est accompagné d'une brochure rassemblant les données brutes fournies par les établissements.

L'état des BDP

Les bibliothécaires qui souhaitent se mettre au courant, et tous les curieux, pourront se faire une idée des performances de ces bibliothèques départementales dont on vient de fêter le cinquantenaire, et faire connaissance avec quelques ordres de grandeur : 121 à 125 MF d'achat de documents, 20,5 à 22 millions de livres, 1,3 million de documents sonores, 86 000 vidéocassettes, 349 bibliobus et médiabus, 20 à 21 000 points de desserte dans 18 à 19 000 communes, 14,5 à 16 millions de documents prêtés dans le réseau « tous publics », auxquels s'ajoutent ceux prêtés aux établissements scolaires et autres dépôts... Des cartes, des graphiques et des commentaires souvent très pertinents permettent de comprendre plus précisément l'univers des BDP.

Les « bédépistes », pour leur part, y trouvent des éléments très utiles pour situer leur établissement. On notera par exemple, grâce aux cartes sur le nombre de livres par habitant à desservir ou à celles sur le nombre d'habitants à desservir pour un emploi, que les BDP bretonnes ou de l'Est semblent relativement mal loties, et qu'au contraire celles du Massif central bénéficient de moyens supérieurs, reflétant sans doute la reconnaissance de leur rôle d'aménagement du territoire par leurs conseils généraux. L'augmentation du nombre des postes continue, dans une période qui devient difficile pour les bibliothèques. Celle du nombre de bibliobus se poursuit, bien que certains commentateurs annoncent leur mort depuis quelques années...

Ils regretteront sans doute le manque de précision ou l'absence de certains indicateurs, et les limites de certains commentaires. Que signifient les chiffres sur le nombre d'habitants desservis, établi commune par commune, à l'heure de l'intercommunalité ? Peut-on dire qu'une commune où subsiste un dépôt en mairie avec trois ou quatre lecteurs est « desservie » comme celle où existe une véritable bibliothèque municipale ? Les chiffres demandés ici brouillent la question plus qu'ils ne la clarifient.

Statistique et non évaluation

Les nombres des prêts, que l'on peut trouver plus détaillés dans la brochure de données brutes, ne prendraient leur sens que rapportés à une comparaison méthodique des réseaux des BDP.

Certains réseaux des années 80 se sont construits d'emblée sans dépôts scolaires, voire uniquement avec des bibliothèques municipales. D'autres, héritiers de quelques décennies, comportent de nombreux petits dépôts et/ou de nombreux prêts aux écoles. Même quand la proportion de dépôts « tous publics » est identique, sa structure est une donnée importante : un département comportant de nombreuses villes entre 5 000 et 10 000 habitants aura, toutes choses égales par ailleurs, des chiffres très différents de celui qui en compte peu. De plus, les nombres des prêt eux-mêmes ne sont pas des indicateurs d'efficacité : il vaut mieux prêter moins de documents à son réseau, avec une meilleure formation, un meilleur suivi et un meilleur conseil technique, le service rendu au lecteur final sera lui aussi meilleur, et c'est cela qui importe.

Les limites de ces données tiennent, en fin de compte, à la différence qui sépare les statistiques de l'évaluation. Les statistiques comparent ce qui peut être compté. L'évaluation les utilise, avec d'autres sources, pour chercher du sens. On se prend à rêver de véritables indicateurs de gestion, avec tout le travail critique qui seul permet de s'en servir correctement. La Direction du livre et de la lecture, et/ou l'Association des directeurs de BDP, pourraient y travailler en commanditant ou en encourageant les recherches sur ce sujet de bibliothéconomie. Mais c'est là une autre histoire.