Vingt-deux propositions pour lutter contre l'illettrisme
Isabelle Masse
En France, 20 % de la population n’ont pas de formation de base permettant expression orale, écrite, lecture et compréhension normales de textes. L’illettrisme est facteur d’exclusion, compte tenu de l’importance de la lecture et de l’écriture dans la vie quotidienne ; il est une cause de difficultés majeures d’insertion, y compris dans la famille et dans l’entreprise.
Le 16 février 1996, lors d’une conférence de presse, Pierre Lequiller, président du Groupe permanent de lutte contre l’illettrisme (GPLI), présentait un rapport préparé à la demande du Premier ministre et intitulé Vingt-deux propositions pour un nouvel élan en faveur de la lutte contre l’illettrisme *. L’ampleur du phénomène est maintenant de plus en plus reconnue, la réponse apportée est importante, mais encore insuffisante. Quatre idées fédèrent ces propositions qui insistent surtout sur le rôle de l’école :
– la mobilisation des acteurs et la contractualisation. Les huit premières propositions cherchent à accroître la prise de conscience du phénomène par les collectivités territoriales, les institutions de l’Etat et les entreprises. Parmi celles-ci, figurent le renforcement de la participation de l’Etat, la mobilisation des maires (mise en place de délégations à l’illettrisme au sein des conseils municipaux), la création d’un service civil de lutte contre l’illettrisme, le développement d’actions dans les centres de détention, la participation de l’ANPE et de l’UNEDIC, dont les agents pourraient être mieux sensibilisés à la détection et à l’apport de solutions ;
– la prévention, un des aspects fondamentaux de la lutte contre l’illettrisme. Là aussi, le GPLI présente huit propositions, telles la création d’un carnet et d’une cassette culturels contenant des recommandations simples destinées aux parents ; la formation des enseignants au phénomène de l’illettrisme et l’instauration de « l’heure de lecture » en classe ; la création de « carrefours enseignants/parents d’élèves » destinés à sensibiliser les parents à la complémentarité école/maison dans les domaines de la lecture et de l’écriture ; la mise en place d’un tutorat entre élèves ; le soutien des parents en difficulté ; la généralisation de la présence des documentalistes dans les écoles primaires, accompagnée d’une sensibilisation des professeurs des écoles à la documentation dans les instituts universitaires de formation des maîtres ; la création de journaux d’écoles, de collèges et de lycées ; le développement d’outils pédagogiques, tels ceux utilisés dans l’apprentissage des langues étrangères pour favoriser la remise à niveau en français des élèves en difficulté ;
– la formation des intervenants. Une lutte efficace passe par la possession d’instruments d’observation, de repérage et d’analyse. Le rapport propose trois mesures : la création d’un observatoire ou office d’évaluation national de l’illettrisme ; la création d’une école de formation de formateurs spécialisés, à la fois théorique et pratique ; le renforcement du rôle des correspondants locaux du GPLI ;
– l’information. Les trois dernières propositions offrent de lancer une action de forte sensibilisation nationale par l’accueil et l’information des publics concernés, la création d’une grande journée nationale de lutte contre l’illettrisme, et le lancement d’un programme européen ambitieux.