Diriger une bibliothèque d'enseignement supérieur
Ils s'y sont mis à plusieurs pour Diriger une bibliothèque d'enseignement supérieur ! Au total quarante et un auteurs pour cinquante-trois contributions de une à vingt-six pages... Bibliothécaires, bien évidemment, et directeurs d'établissements, mais aussi bibliothéconomistes, universitaires et même un avocat ! Et Français, Québécois, Tunisiens, Sénégalais, Belges, Suisses, Omanais... Pour nous parler de tout ce qui touche à une bibliothèque d'enseignement supérieur, de son environnement socio-économique aux normes de catalogage et formats d'enregistrements informatiques, sans rien omettre de la comptabilité, d'Internet, du droit d'auteur, des collections, du management stratégique ou de la construction des bâtiments. De tout, mais surtout de « l'optimisation de l'utilisation des ressources publiques » 1 qui, dans le filigrane de toutes les contributions, constitue en quelque sorte l'horizon indépassable du service public et, plus précisément, de la bibliothéconomie contemporaine.
Quatre principes d'action
A autant rechercher l'exhaustivité il aurait été à craindre que cet ouvrage ne présentât qu'une succession de préceptes et d'analyses organisés comme un livre de recettes. Ce manuel, car il s'agit bien d'un manuel dans sa présentation, a échappé à ce défaut par son organisation autour de quatre principes d'action : prévoir, organiser, gérer, exister.
Les divisions traditionnelles de la bibliothéconomie sont redessinées et redistribuées dans quatre parties dont les titres, infinitifs brefs, indiquent mieux qu'un substantif ou une périphrase que c'est d'action qu'il s'agit lorsqu'on dirige un service, fût-il documentaire.
Ce souci de l'action aussi fortement souligné dans l'organisation générale est également sensible dans la structure interne de chacune des sous-parties qui, résistant à la tentation de l'énumération exhaustive, cherchent plutôt à fournir une diversité de points de vues sur une même question. Ainsi la sous-partie sur la planification opérationnelle et budgétaire 2 associe-t-elle trois contributions, l'une relative à la planification opérationnelle en Amérique du nord, l'autre à la même opération en France et la troisième à la comptabilité publique française. On trouve là le mouvement général de ce manuel qui cherche à constituer une somme de la bibliothéconomie francophone en faisant dialoguer les approches européenne et nord-américaine.
Différence d'approche
Il n'est guère étonnant que cette dernière apparaisse comme la plus riche en concepts et la plus rigoureuse dans leur mise en application, quand on sait l'avance générale des bibliothèques québécoises par rapport aux françaises. Au-delà des concepts, le ton même des contributions est différent : plus descriptif, relevant plus de l'état des lieux de ce côté-ci de l'océan, plus interrogatif et en quête de solutions neuves outre-Atlantique.
Cette différence d'approche se ressent particulièrement dans la remarquable contribution de Maurice Lemelin 3 dont la conclusion insiste sur la nécessité du repositionnement permanent des bibliothèques dans un environnement en changements incessants.
Réaliser une démarche stratégique aussi complète et complexe suppose de mobiliser des compétences très larges et de disposer d'indicateurs nombreux et précis. Aussi, en reposant ce manuel destiné aux responsables de bibliothèques moyennes et grandes, on ne peut que conclure qu'il faut décidémment se mettre à plusieurs pour diriger une bibliothèque d'enseignement supérieur.