Patrimoine des bibliothèques de France
Un guide des régions. 4. Alsace, Franche-Comté
Entre Vosges et Rhin, l'Alsace, terre de foi, d'intelligence et d'industrie. Ce guide présente treize bibliothèques de cette région, dont sept sont situées à Strasbourg, la métropole.
Les alsatiques
L'Alsace est la seule province dont la production éditoriale porte un nom particulier : les alsatiques. L'atelier de calligraphie créé à Haguenau par Diebold Lauber fut l'un des premiers essais d'une organisation de la production et du commerce du livre. Gutenberg n'a-t-il pas séjourné à Strasbourg ?
L'Alsace est l'Incunabula Typographiae, le berceau de la typographie. On ne peut dire que ces fonds alsatiques soient des fonds « locaux », ils dépassent le régionalisme. Les humanistes alsaciens, Brandt, Bucer, Wimpfeling, Rhenanus, dont la bibliothèque personnelle se trouve à Sélestat, suffisent à donner à cette province un statut de nation.
Les innombrables guerres qui ont fait de cet Hortus Deliciarum alsacien le champ clos d'affrontements, n'ont pu détruire entièrement les collections de livres médiévaux dont les monastères ont été les principaux producteurs. Ces hauts lieux spirituels, dont Sainte-Odile fut l'un des fleurons, s'épanouissent dans l'école des Mystiques rhénans avec Eckart, Suso, Tauler et Nider, tous appartenant à l'ordre des Prêcheurs, dont les bibliothèques conventuelles ont, à la Révolution, enrichi les fonds publics, à Colmar surtout. Ce patrimoine spirituel est toujours vivant, grâce aux bibliothèques des séminaires catholiques et protestants de Strasbourg.
Là aussi, sciences et industrie se sont développées. L'université Louis Pasteur, à Strasbourg, rassemble une grande collection d'histoire des sciences et conserve les instruments des laboratoires de recherche. A Mulhouse, est conservée la documentation d'une industrie florissante, celle concernant l'impression des tissus et des papiers d'ameublement, pouvant servir à l'archéologie industrielle.
Strasbourg, la capitale, ne possède-t-elle pas aussi la seule bibliothèque nationale implantée hors Paris ? L'ampleur et la diversité de ses fonds, orientaux, papyrologiques, numismatiques, et de bibliophilie contemporaine, la placent au rang des grandes bibliothèques du monde.
Franche-Comté
Sur les onze bibliothèques franc-comtoises, six sont présentées en deux pages : Arbois (fonds Louis Pasteur), Gray (archives des impératrices Joséphine et Marie-Louise), Lons-le-Saunier (fonds de l'éditeur Gauthier-Villars, histoire des sciences), Montbéliard (collection d'humanisme), Montmirey-la-Ville (reliure des meilleurs artistes des XIXe et XXe siècles), Vesoul (100 000 volumes, 230 manuscrits, 150 incunables). Six bibliothèques dont les notices auraient mérité un peu plus d'ampleur.
La bibliothèque municipale de Belfort, malgré les négligences et les pillages du XIXe siècle, possède un fonds d'environ 280 000 volumes, dont 150 000 en accès direct et une collection de bibliophilie moderne, en particulier de « livres-objets ».
3 800 manuscrits, plus de 1 000 incunables, 77 000 imprimés antérieurs à 1811, 20 000 ouvrages en « fonds local », la bibliothèque municipale de Besançon possède une des plus importantes collections patrimoniales de France, ne serait-ce que par la présence de la bibliothèque du cardinal de Granvelle. La bibliothèque du grand séminaire fut dispersée à la Révolution, mais monseigneur Claude Lecoz put en récupérer une partie : 100 000 volumes, 115 manuscrits, qui représentent la mémoire du diocèse.
Dôle est le second pôle patrimonial et intellectuel franc-comtois. Lui aussi a bénéficié des annexions de la Révolution, les fonds religieux et humanistes y sont importants : 680 manuscrits, 66 incunables, plus de 1 000 éditions du XVIe siècle. L'une des pièces les plus stupéfiantes de ce guide, est le « plus grand Coran de France », calligraphié à la fin du XIVe siècle, et qui mesure 96 centimètres de hauteur. A Salins-les-Bains, petite ville d'à peine 5 000 habitants, se trouve une bibliothèque au patrimoine très diversifié, dont une collection de 245 manuscrits. L'antiphonaire de 1369 est ouvert à l'office de la Saint-Michel.
A ces descriptions est joint un index, dont les renvois ne renvoient à rien (qu'on suive les indications portées à « arts et traditions populaires »), et dont les lacunes sont insupportables pour un guide (rien à Sébastien Brandt, rien à Henri Suso, ni à Herrade de Landsberg, etc.).