Préparer le Capes de documentation
François Larbre
Créé en 1989, le Capes de documentation s'est imposé comme mode unique de recrutement des professeurs de documentation (ex-documentalistes) des collèges et des lycées.
Cependant, jusqu'à la parution du manuel de François Larbre, il n'existait aucun document susceptible d'aider les candidats à se préparer à ce concours, difficile entre tous, puisqu'il repose en grande partie sur des matières et des épreuves non enseignées à l'université : dossier documentaire, note de synthèse, résumé de texte, catalogage, indexation analytique et systématique, pour ce qui relève proprement des techniques documentaires ; le système éducatif français, en général, et la place de la documentation qui y est faite, pour ce qui relève de l'ensemble des épreuves, et plus particulièrement de l'entretien sur dossier. Voici que coup sur coup, et sans doute en attendant d'autres parutions, le manuel de François Larbre est réédité, avec quelques modifications, tandis qu'un substantiel ouvrage, intitulé de façon significative Préparer le Capes de documentation, est publié dans l'excellente collection « Profession enseignant ».
Un métier jeune
L'ouvrage Préparer le Capes de documentation a une volonté totalisatrice. On y trouvera des idées aussi bien pour préparer le Capes externe que le Capes interne, et même des conseils pour la deuxième année du Capes (le mémoire professionnel). Surtout, loin de se vouloir réducteur et limité strictement à la préparation à des épreuves, rédigé par des formateurs de la Mafpen (Mission académique à la formation des personnels de l'Education nationale) de Créteil, il cherche avant tout à replacer l'ensemble des épreuves du concours dans la problématique d'un métier.
Or, documentaliste est un métier jugé « jeune et en crise identitaire », dont les compétences, celles de spécialiste de la pédagogie du document, sont encore à reconnaître, voire dans certains cas à établir : médiateur, enseignant, communicateur, placé au coeur de la communauté éducative, quels que soient les savoirs, savoir-faire ou savoir-être qu'on exige de lui, le documentaliste ou professeur de documentation, plus que tout autre professeur, doit savoir les mobiliser pour répondre à de situations très variées.
C'est pourquoi l'ouvrage consacre un nombre de pages important à la définition du métier et du cadre dans lequel il s'inscrit (le CDI-centre de documentation et d'information, l'établissement secondaire, le système éducatif français, l'évolution de l'enseignement).
Mais même dans les parties plus fonctionnelles de l'ouvrage, les auteurs n'oublient jamais de rappeler que l'on se prépare à une profession, et qu'il s'agit bien d'un concours de recrutement. De ce fait, après un bref rappel de l'objet et des modalités du concours, la première partie est consacrée à la démarche du candidat et à son projet : pourquoi s'inscrire à ce concours ? Le candidat sait-il vers quoi il se dirige ? Ne fait-il pas fausse route ? Tout va dépendre de la réponse à ces questions dans la conduite du projet de formation : encore faut-il que ce soit clair pour le candidat.
Les épreuves
Le reste de l'ouvrage est plus pratique et consacré à l'exploration des éléments des épreuves : analyse de textes (documentaire, cela va de soi), classement de documents, liste signalétique (avec les normes), résumé (on y apprendra entre autres à compter les mots), analyse critique comparative, note de synthèse, catalogage, indexation (classification décimale de Dewey et CDU, sur Motbis...), épreuve sur dossier, analyse d'une situation pédagogique en CDI, mémoire professionnel, préparation générale à l'oral...
Chacun des exercices est exploré dans le détail, et relié aux autres, montrant bien qu'on n'a pas affaire à du travail mécanique (y compris dans l'application de normes, des classifications, des thésaurus, qui ne prévoient jamais tous les cas), ni à un simple exercice artificiel, mais à un ensemble de tâches qui correspondent entre elles et forment un tout.
Enfin, une partie très importante expose la démarche d'analyse de situation, qui permet de questionner la réalité, d'en appréhender toute la complexité, d'en comprendre la logique, afin d'éviter toute critique subjective ou des jugements de valeur sommaires sur le fonctionnement du CDI et son efficacité. Il y a là des outils méthodologiques très précis, assortis d'exemples suffisamment variés pour éviter tout aspect trop démonstratif.
Comme d'autres titres de la collection, l'ouvrage comprend un texte principal, complété par de nombreux schémas, tableaux et encadrés, des définitions, des citations, des terminologies, des chronologies, des bibliographies... On peut donc naviguer à vue, en se servant de la table des matières détaillée, aussi bien que faire une lecture quasi continue. Dans tous les cas, ce livre permet au candidat, aussi bien celui qui prépare seul (il existe une préparation par correspondance assurée par le Centre national d'enseignement à distance) que celui qui suit les cours offerts par les IUFM (instituts universitaires de formation des maîtres), d'avoir une idée claire de ce qu'on attend de lui.
Le dossier documentaire
Le livre de François Larbre Se préparer à l’épreuve écrite n°1 du dossier documentaire est à la fois plus modeste dans son ambition - préparer à une seule épreuve -, et plus complet dans la démarche proposée.
Il s'agit ici pour l'auteur de proposer une véritable préparation concrète à l'épreuve du dossier documentaire. Il explore donc successivement les principes généraux, le plan de classement, la liste signalétique, les résumés et la note de synthèse, tous les constituants de l'épreuve. Il en donne les points de vue théorique et pratique, laissant au candidat le soin de mettre en application ce qu'il aura appris avec le dossier qui figure en annexe, et qui constitue le morceau de résistance du livre ! En guise de corrigé, François Larbre livre celui de la liste signalétique, et indique quelques exercices à faire. On pourra regretter que les aspects les plus difficiles de l'épreuve (plan de classement, résumés, note de synthèse) soient moins bien traités que la liste signalétique, qui, somme toute, n'est qu'une application concrète des normes, à la portée de qui veut s'en donner la peine.
Néanmoins, l'un comme l'autre de ces deux livres ouvrent des perpectives de réussite aux candidats de bonne volonté, à condition que ceux-ci aient bien réfléchi avant de se lancer dans l'aventure du Capes. C'est que, pour être documentaliste comme pour être conservateur ou bibliothécaire, il y a des prérequis : bonne culture générale, ouverture d'esprit, capacité d'adaptation, capacité de travail en équipe, capacité à conduire ou à accompagner les changements technologiques, etc. Tout cela est en filigrane dans les deux livres, et prouve bien qu'on se situe dans une démarche de projet de formation professionnelle.