De tutela librorum
La conservation des livres et des documents d'archives : Die Erhaltung von Büchern und Archivalien.
Andrea Giovannini
Les humanistes qui usaient du latin pour faire la République des Lettres n'auraient sans doute pas renié le titre choisi par Andrea Giovannini, Suisse de langue maternelle italienne, pour traiter, dans un ouvrage bilingue français-allemand, de la conservation des livres et des documents d'archives : De tutela librorum est une belle devise pour tous ceux, de plus en plus nombreux, qui s'inquiètent de la dégradation du patrimoine écrit et imprimé : l'universalité du problème et de la préoccupation n'en est que plus immédiatement perceptible.
Un texte de référence
L'ouvrage, publié à l'initiative de l'Ecole supérieure d'information documentaire de Genève, répond au souci des archivistes, bibliothécaires, documentalistes et restaurateurs suisses de disposer en la matière d'« un texte de référence extrêmement complet ».
La solide connaissance bibliographique 1 et la sérieuse expérience de terrain de l'auteur, restaurateur, conseiller en conservation et enseignant, lui permettent en effet de présenter de manière précise et approfondie les livres et documents d'archives, d'en expliquer la nature et le comportement. La fabrication, la nature et les altérations du papier, du parchemin et du cuir font ainsi, dans les quatre chapitres centraux, l'objet de développements fort documentés. Professionnels et étudiants auront bénéfice à s'y référer, la table des matières détaillée facilitant, à défaut d'un index, l'accès à tel ou tel point particulier. Ils apprécieront en outre la clarté des exposés, ainsi que la présentation soignée et agréable de l'ouvrage.
Méthodes et concepts
Parallèlement, et avec la même clarté, sont proposés, dans les premier et dernier chapitres, un certain nombre de techniques de conservation, et de « concepts de base utiles pour déterminer les possibilités, les limites et les priorités pour la conservation et la restauration des livres et des documents d'archives » 2. Bien des judicieux conseils sont ainsi prodigués, grâce à l'expérience de terrain déjà signalée. On trouvera également dans l'ouvrage des méthodes rigoureuses d'analyse et de mise en oeuvre, en particulier pour déterminer différents niveaux de conservation et appliquer aux documents concernés des traitements adaptés et différenciés.
De plus l'auteur revient opportunément sur quelques points essentiels. Les limites financières ne doivent pas être un obstacle rédhibitoire à la mise en oeuvre d'une politique de conservation : l'analyse réalisée fournira une base solide et argumentée pour obtenir les moyens nécessaires ; « La conservation peut être améliorée aussi avec des mesures simples et de coût réduit, dont l'application dépend surtout de la volonté des personnes qui travaillent avec les livres et les documents ». Une politique efficace de conservation est par ailleurs inséparable d'un partage des responsabilités et de pratiques cohérentes d'élimination : « Ce concept est acquis pour les archivistes (...) Il est beaucoup moins familier aux bibliothécaires, pour lesquels, souvent, le livre est «sacré» ».
Nouveaux supports et techniques nouvelles
On se gardera en revanche de demander à l'ouvrage ce que lui-même ne prétend pas fournir. Les supports photographiques, magnétiques et informatiques ne sont mentionnés que pour mémoire. De la même façon, pour ce qui concerne les techniques de désacidification et de renforcement du papier, et les recherches en cours en la matière, l'auteur se contente de renvoyer à d'autres lectures.