Le livre contre l'exclusion

lecture et bibliothèque de rue à Besançon

par Yvonne Johannot

Dominique Layat

Villeurbanne : ENSSIB, 1995. - 62 p. ; 25 cm. ISBN 2-910227-06-5 : 100 F

Ce petit livre comporte trois parties : les bibliothèques de rue en France, l'expérience menée dans le quartier des Clairs Soleils à Besançon, les projets d'extension de cette expérience à d'autres quartiers de Besançon.

Espace clos ou espace ouvert

Si la bibliothèque est un espace relativement clos, la rue s'offre comme un espace ouvert qui permet d'aller à la rencontre d'un public potentiel. C'est un lieu de vie où il est possible de susciter des échanges, en particulier avec les enfants de catégories sociales défavorisées. L'expérience d'ATD-Quart monde et de la Joie par les livres à Clamart a ouvert la voie à cette nouvelle forme d'activité qu'on a appelée « bibliothèque de rue ». Elle prend place dans un projet global de lutte contre l'illettrisme, mais aussi dans une volonté de créer une dynamique de communication sur un quartier pour aller à la rencontre de ceux qui sont tenus à l'écart. Il s'agit, par un patient travail de longue haleine, de se rendre à jour et heure fixe en un lieu déterminé - parfois simplement avec un panier de livres - et de nouer le dialogue avec les enfants et/ou les adolescents qui « viennent voir » ce qu'on fait là. Le livre est un prétexte à rencontre, à discussion, à récits. Il est le médiateur ; il aide à « créer une passerelle entre ces deux mondes qui s'ignorent ». L'auteur développe quelques expériences de ce type faites en France (quartier Teissère à Grenoble, Caen, Reims, Tours, etc.).

A Besançon, le quartier des Clairs Soleils a été choisi en raison de sa grande diversité ethnique (37 % de foyers étrangers) et des problèmes sociaux qui s'y posent. La bibliothèque d'enfants qui y fonctionnait avait été victime de dégradation et un effort important fut mené entre 1975 et 1985 pour « faire vivre le livre pour que les enfants puissent y accéder ».

Une expérience

C'est dans cette perspective que débuta la lecture de rue en 1983. Elle commença par une heure du conte, puis évolua vers une sensibilisation aux livres et à la lecture. Un coup de klaxon de la camionnette aménagée à cet effet et les enfants, à partir du moment où ils s'y sont habitués, arrivent. Une attention particulière doit être apportée à la formation des animatrices dont les compétences requises sont déterminantes pour la réussite du projet.

Suit une étude sur les différents quartiers de Besançon, de leurs bibliothèques et de l'occasion d'y tenter la même expérience. En conclusion, l'auteur fait état des oppositions manifestées à l'égard des bibliothèques de rue en tant que réalisation qui dépend plus d'une politique de quartier à réaliser en partenariat que d'une activité de la bibliothèque elle-même. Elle insiste sur le fait que la bibliothèque de rue n'est qu'une étape dans la familiarisation avec le livre : « Il ne s'agit pas de marginaliser davantage les enfants, mais de les aider à trouver leur place dans la société ». Une bibliographie d'une cinquantaine de titres classés par thèmes clôt la brochure.

Ce petit ouvrage constitue une analyse intéressante et sincère d'une expérience qui sort la bibliothèque de ses murs et lui donne peut-être sa vraie dimension de « lieu culturel » dans la cité.