Editorial

Les évolutions en cours, qu’elles soient politique, économique, gestionnaire, technique, posent constamment de nouvelles questions aux bibliothèques. Elles les affectent à tous les niveaux et les invitent à des renouvellements et à des remises en cause de tous ordres…

Cette évolution voit par exemple l’apparition de nouveaux supports à acquérir, c1asser, conserver, offrir. La sélection et la conservation des des documents informatiques est penser. Leurs caractéristiques sont différentes de celles de l’imprimé et imposent de nouveaux choix, qui sont ici discutés dans le cadre du dépôt légal.

L’actualisation récente du manifeste de l’Unesco sur les bibliothèques publiques est un bon témoin de leur évolution. Si certaines préoccupations se situent dans le droit fil des motivations qui avaient présidé à l’élaboration des manifestes de 1949 et 1972, on sent bien aussi certains effets de réflexions plus récentes : celles qui conduisent les bibliothèques à intégrer la révolution technologique dans un ensemble formant réseau ; celles qui les invitent à réaffirmer leur rôle culturel spécifique, à volonté émancipatrice, face à ceux que ténteraient une vision purement distributrice de leurs ressources ; celles qui amènent les bibliothèques à rationaliser leur gestion, ou qui leur demandent de se penser davantage dans un ensemble destiné à la collectivité.

Les bibliothèques départementales, dont on fêtera en novembre le cinquantième anniversaire de la création, se sont engagées résolument dans leur rôle de constitution et de fédération du réseau des bibliothèques des petites communes. Sur elles repose en grande partie l’ avenir de la lecture publique pour le plus grand nombre. Un plus grand nombre qui souhaite aujourd’hui se voir offrir des documents et des services auparavant surtout destinés à un public plus restreint.

L’étape suivante devrait donc voir la mise en oeuvre généralisée d’autres passages à l’acte, qui, dépassant les frontières institutionnelles, proposent les ressources de tous à la disposition de chacun, quelque soit son lieu d’habitation ou de travail. C’est évidemment à cela que sont aussi destinés les catalogues collectifs. L’aventure de Sibil, ici rappelée, fournit un bon exemple d’un réseau qui avait su, avec pragmatisme, s’adapter aux exigences successives de la coopération.

La -supposée- modernité n’exclut pas, bien au contraire, une attention au patrimoine et un intérêt pour le passé. La sauvegarde des collections en péril est une mission qui reste à renforcer. Construire le temps présent passe enfin par une analyse critique des choix passés. Ainsi de la spécificité des bibliothèques universitaires françaises qui a conduit celles-ci à s’organiser en sections, espérant par là mieux remplir des besoins disciplinaires hétérogènes, sous-estimant peut-être les. conséquences gestionnaires et d’usage d’un tel choix. Ainsi de la place des bibliothèques dans les politiques culturelles municipales ou des relations entre pouvoir central et pouvoirs locaux dans la conduite des politiques à l’égard de ces institutions de lecture.