Les étudiants et les bibliothèques à Cergy-Pontoise
Martine Poulain
Les bibliothèques de Cergy-Pontoise réfléchissent à l’organisation de leur réseau documentaire. L’agglomération et plus généralement l’ensemble du département sont en effet confrontés à divers défis, communs d’ailleurs à l’ensemble du territoire national.
Une population étudiante croissante
La population étudiante de Cergy est en effet en croissance rapide et s’élève aujourd’hui plus à de 12 000 personnes, dont les deux tiers à l’université. La bibliothèque universitaire de la section Droit-Lettres, toute neuve, est splendide, dispose d’un nombre de places important, d’autres établissements d’enseignement supérieur offrent des centres de documentation à leurs étudiants ; mais on sait qu’aujourd’hui ces derniers sont partout et que leurs besoins sont intenses. Le Conseil général du Val-d’Oise a donc pris l’initiative de proposer la construction d’une bibliothèque universitaire centrale (le projet prévoit 6 000 m2), et de favoriser la mise en réseau de l’ensemble de l’offre documentaire du département. C’est autour de cette problématique (croissance étudiante, offre abondante mais dispersée et insuffisamment exploitée, volonté de coopération des différents acteurs), qu’a été organisée en février dernier une journée d’étude à l’Université de Cergy-Pontoise 1.
La carte documentaire
L’offre documentaire dans le département, c’est environ vingt bibliothèques, offrant plus de 700 000 ouvrages, 4 100 périodiques. Du côté de l’enseignement supérieur, on compte notamment, outre les bibliothèques de l’université, déjà citées (20 000 volumes en droit-lettres, 5 700 en sciences), la bibliothèque de l’ESSEC (École supérieure des sciences économiques et commerciales, 45 000 volumes), celle de l’Institut polytechnique Saint-Louis (35 000 volumes), celle de l’Institut universitaire de formation des maîtres (30 000 volumes). Du côté de la lecture publique, la bibliothèque départementale du Val-d’Oise offre 208 771 volumes, la bibliothèque du Syndicat d’agglomération nouvelle plus de 100 000 ouvrages, celle de la ville de Cergy près de 45 000, la bibliothèque municipale de Pontoise près de 80 000 volumes, etc. A ces bibliothèques de l’enseignement supérieur ou de lecture publique, il convient d’ajouter bien sûr un certain nombre de bibliothèques administratives ou spécialisées 2. Cette offre, qui n’est pas mince, est souvent mal connue, sans doute sous-utilisée.
Les pratiques étudiantes
L’enquête sur les pratiques de lecture et de bibliothèque des étudiants, menée par la société SCP et présentée par Stéphane Wahnich et Emmanuel Fraisse, est instructive 3. Les étudiants de Cergy sont, plus que d’autres étudiants de la région parisienne, des usagers de leurs bibliothèques locales : 50 % des étudiants se procurent le plus souvent les documents dont ils ont besoin à la bibliothèque de l’université, 21 % dans d’autres bibliothèques de l’enseignement supérieur, 13 % dans la bibliothèque de Syndicat d’agglomération nouvelle, 6 % dans une autre bibliothèque publique. « D’une manière générale, les étudiants de Cergy considèrent les structures documentaires de l’agglomération et, en premier lieu, de leur établissement d’enseignement comme leur horizon de documentation », souligne Emmanuel Fraisse. Et les bibliothèques publiques sont, elles aussi, envahies par les étudiants. Dans les bibliothèques qu’ils fréquentent, les étudiants consultent sur place des livres (69 %) ou des revues (20 %) ; ils empruntent des livres (57 %) ; ils photocopient des documents (34 %) et apprécient aussi souvent de travailler au calme sur leurs propres documents (32 %).
« Les bibliothèques universitaires et publiques représentent donc les deux tiers de leur approvisionnement documentaire, contre un tiers aux circuits privés (achats, prêts amicaux) », souligne Emmanuel Fraisse, pour qui « la lecture des étudiants est en premier lieu liée à leur statut d’apprenant ». Mais « la dimension de culture générale ou d’enrichissement personnel est loin d’être négligeable ».
La plupart des directeurs des établissements de lecture publique et spécialisés du département ont contribué à cette journée d’étude. Martine Blanc-Montmayeur, directeur de la Bibliothèque publique d’information, a apporté le témoignage d’un établissement de lecture publique confronté de longue date à la pression étudiante. Les différents responsables de l’offre documentaire de Cergy se sont promis de travailler ensemble, soit grâce à la proposition d’offres nouvelles, soit grâce aux diverses possibilités de coopération qu’offrent aujourd’hui les réseaux informatiques.