Nouvelles technologies et communications de l'information
de l'analyse des besoins à l'ingénierie documentaire
Martine Sibertin-Blanc
Voici un livre dense, au contenu varié, réunissant des notions peu souvent traitées ensemble, et organisé selon un schéma classique : partir des besoins réels de l’entreprise en matière d’information, donner accès à l’information électronique aux utilisateurs, créer et alimenter une base interne, retraiter et diffuser l’information collectée.
Deux principes d’action
L’information dans l’entreprise est définie comme une matière première indispensable et le centre de documentation placé comme intermédiaire à l’écoute des besoins, avec deux principes d’action : gagner et faire gagner du temps, ajouter de la valeur aux documents.
Les logiciels informatiques de recherche de l’information ne doivent pas être synonymes de tristesse et de difficulté. Les interfaces graphiques et conviviales de la bureautique ont leur place dans la bibliothèque et un rôle non négligeable dans l’appropriation des outils par les utilisateurs.
D’autre part, de nouveaux modes d’accès à l’information se sont « démocratisés », en particulier l’hypertexte dont bénéficient de nombreux logiciels de consultation de CD-Rom et le logiciel client des serveurs WWW (World Wide Web) sur Internet. La place importante consacrée à l’hypertexte montre les différences fondamentales d’accès à l’information par rapport aux accès classiques. La mise en œuvre de cette technique est par contre peu développée si ce n’est par la présentation de quelques logiciels auteur. Il ne faut pourtant pas sous-estimer l’investissement humain indispensable au développement de tels produits.
L’auteur s’intéresse à la recherche en langage naturel, sensée résoudre beaucoup de problèmes de la recherche documentaire. La technique la plus ambitieuse (analyse morpho-syntaxique) est illustrée par des écrans du logiciel français Spirit, curieusement non cités.
Sont expliqués la création et le « remontage » de bases de données documentaires. L’auteur décrit l’opération de reformatage indispensable lorsque sont capturées les données en ligne ou sur CD-Rom du fait de l’absence de formats de fichiers normalisés au niveau des logiciels documentaires. Elle avertit aussi de la présence des doublons mais sans donner de « recettes », ce qui serait pourtant bien utile.
Réseaux locaux
Les réseaux locaux, présents dans la majorité des entreprises, sont un outil indispensable pour se rapprocher des utilisateurs par l’échange de fichiers et la messagerie électronique. En ce qui concerne le traitement et la diffusion de l’information, l’auteur décrit les nouveaux outils utilisés : éditeurs SGML (Standard Generalized Markup Language), diffusion par le réseau, et insiste sur la nécessité de personnaliser les produits. Internet comme média de diffusion est abordé très succinctement.
Ce livre présente donc un intérêt certain pour toute personne impliquée dans la documentation. Cependant le grand nombre de points abordés présente l’inconvénient de ne pas assez approfondir certaines notions. Internet est bien évidemment cité, mais il aurait été utile de montrer que ce réseau et ses logiciels offrent des solutions simples et peu onéreuses pour résoudre des problèmes fréquents, comme la mise en commun de ressources documentaires dispersées dans une université ou au sein d’un organisme de recherche. La bibliothèque « virtuelle » n’est plus une vue de l’esprit.
De même, l’auteur présente le langage de description de documents SGML. Il aurait été utile d’approfondir la réflexion sur les expériences (comme Elsa, citée) lancées par les éditeurs spécialisés. La diffusion des documents primaires va connaître de profonds bouleversements tout comme la création des bases bibliographiques de signalement.
Ce livre est d’une lecture agréable, mais certaines erreurs auraient pu être évitées 1. On regrettera aussi que l’auteur ne précise pas les implications humaines que ces techniques imposent en formation et temps de mise en œuvre. La documentation, c’est aussi les TOPV (tâches obscures et peu valorisantes) de M. Jakobiak, spécialiste de la veille technologique.