Le réseau national des documentalistes hospitaliers
Jean-Philippe Accart
À l'heure où l’on parle de réseau, d’interconnexion, de forum électronique, et où informatisation et documentation vont de pair, il est un réseau de femmes et d’hommes qui s’est constitué depuis 1991 en vue de travailler sur un projet commun : le développement de la documentation au sein de l’hôpital.
Françoise Blondel, documentaliste au Centre hospitalier universitaire de Rouen, avec l’appui de son directeur, Alain Halbout, est le promoteur de ce réseau national. Ses réunions, annuelles, ont lieu durant deux jours et permettent des échanges fructueux entre ses membres. Ateliers de travail, présentation de nouveaux produits documentaires, réflexion commune sur le statut du documentaliste hospitalier (inexistant à l’heure actuelle dans la fonction publique hospitalière), visites de centres de documentation dans le domaine de la santé, tels sont les moments forts de ces journées.
Les hôpitaux, à l’instar d’autres institutions ou entreprises, prennent conscience depuis quelques années, de l’atout stratégique que représente une documentation performante et gérée par un (des) professionnel(s). Ceci est vrai de certains hôpitaux universitaires et régionaux : au nombre de 29, ils se définissent par un plateau technique très élaboré, l’obligation de disposer des services les plus spécialisés et l’apport d’un corps médical hospitalo-universitaire. Le mouvement s’amorce dans les hôpitaux généraux, et les centres hospitaliers spécialisés (en psychologie, en gériatrie).
Richesse et diversité
Les catégories d’utilisateurs de la documentation sont très variées au sein de l’hôpital : les personnels administratifs avec, à leur tête, le directeur et l’équipe de direction ; le corps médical : professeurs, praticiens hospitaliers, internes et étudiants en médecine ; les infirmièr(e)s : infirmières générales, cadres infirmiers, personnels soignants, étudiants ; les personnels paramédicaux : médico-techniques, de rééducation ; les personnels sociaux : assistantes sociales, éducateurs, animateurs ; les personnels techniques : informaticiens, ingénieurs, biotechniciens.
Comment répondre à tous ces besoins ? Une des premières réponses fut la création de bibliothèques administratives (encore à l’état embryonnaire), puis de bibliothèques médicales ; ces dernières sont, en général, les mieux organisées et pourvues de moyens. Vinrent ensuite des bibliothèques pour les étudiants en soins infirmiers (dans les instituts de formation), qui s’ouvrent peu à peu au personnel des services. Une autre réponse apportée à ces différents besoins est la mise en place de centres de documentation pluridisciplinaires.
La création
On constate donc une extrême diversité des utilisateurs et des structures proposés. Qu’en est-il des documentalistes hospitaliers ? En l’absence de statut, la situation de chacun relève de dispositions locales dues au bon vouloir des directeurs d’hôpitaux ou parfois prises après délibération du conseil d’administration. La majorité des documentalistes est rattachée à la grille des personnels administratifs de la fonction publique hospitalière, soit dans de très rares cas en catégorie A (chefs de bureau), les plus nombreux en catégorie B (adjoints des cadres), et certains en catégorie C (adjoints administratifs). Force est de constater cependant que la plupart d’entre eux ont un niveau minimum bac + 3 en plus de leur diplôme professionnel.
Cette extrême diversité des situations professionnelles a entraîné une volonté de regroupement des professionnels de la documentation hospitalière. Le réseau national des documentalistes hospitaliers a donc débuté en 1991 avec 18 documentalistes. Il a tenu récemment sa 7e réunion et totalise 140 membres à l’heure actuelle.
Les objectifs
Parmi les objectifs principaux, sont mis en avant la sortie des documentalistes de leur isolement ; la constitution du réseau permettant d’établir des contacts de travail ; les échanges d’information et de photocopies d’articles médicaux ou de textes de loi ; l’organisation de cours de formation permanente ; une réflexion sur le statut du documentaliste, en relation notamment avec les travaux menés par l’Association des professionnels de l’information et de la documentation (ADBS) ; le partage des expériences au plan local et national, mais également international (le réseau est en relation permanente avec l’Association européenne pour l’information et les bibliothèques de santé à Bruxelles).
La troisième édition d’un annuaire de la documentation hospitalière a vu le jour en juillet 1994. Une enquête réalisée par la Direction des hôpitaux au ministère de la Santé a permis de faire le point de l’existant des diplômes professionnels des documentalistes, leur place dans l’établissement, l’informatisation de leur centre, etc. Des articles ont été écrits par des membres du réseau dans la presse professionnelle hospitalière. Parmi les projets, on peut noter la constitution d’un catalogue collectif des périodiques, ainsi que des groupes de travail thématiques.
Le réseau compte dorénavant trois ans d’expérience et a permis l’émergence d’une réelle identité professionnelle chez les documentalistes hospitaliers. D’autres documentalistes travaillant dans le domaine de la santé publique sont venus les rejoindre : l’École nationale de la santé publique de Rennes, le Centre national de l’équipement hospitalier, le Centre médical Marmottan, l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, le Syndicat interhospitalier régional d’Ile-de-France, des centres spécialisés dans l’urgence ou les infections nosocomiales.
Une ouverture intéressante serait la participation au réseau des documentalistes hospitaliers des bibliothèques universitaires, notamment celles dépendant des facultés de médecine des centres hospitaliers universitaires. L’avenir de la documentation hospitalière s’annonce donc riche et prometteur.