Participation à la vie culturelle en Europe

tendances, stratégies et défis

par Marie-Anne Guilbaud
table ronde de Moscou, 1991. Paris : La Documentation française, 1994. – 229 p. ; 24 cm. ISBN 2-11-003136-0 : 110 F

Synthèse de rapports provenant de vingt pays de l’Europe géographique, qui furent présentés à une table ronde du réseau Circle 1 tenue à Moscou en 1991, cet ouvrage porte un titre qui en présente peu clairement le contenu : le mot « participation » est ambigu, comme le signale le rédacteur, on utilise plutôt les termes de « fréquentation » des équipements culturels, ou « pratique » des activités culturelles.

Pratiques culturelles en Europe : des chiffres

Ces données permettent donc d’élargir à l’Europe, du moins par un certain échantillon de pays, celles que nous avons dans les Pratiques culturelles des Français ; on constate que, d’un pays à l’autre, d’un type de société ou de politique culturelle à d’autres, on ne mesure pas les mêmes catégories. La juxtaposition de tableaux numériques est de lecture plutôt fastidieuse, les commentaires restent généralement techniques, et l’ensemble peut être considéré comme une réserve d’informations ponctuelles, à utiliser en cas de besoin, qu’on se contentera dans une première lecture de feuilleter par curiosité : la fréquentation de l’opéra est bien plus faible en France qu’en Allemagne, en Autriche ou dans le Royaume-Uni ; on lit bien plus en France, Norvège ou Tchécoslovaquie, qu’en Italie, et même au Royaume-Uni – et c’est particulièrement frappant pour les ouvriers qualifiés – même si les chiffres datent de cinq à dix ans.

On peut trouver bien d’autres chiffres dans cette première partie, qui a en outre l’intérêt de nous fournir des aperçus sur le paysage culturel européen, en nous montrant une fois de plus que l’Europe est une abstraction difficile à manier, tant elle se réfère à une réalité bigarrée.

Les efforts de développement

La deuxième partie expose de façon moins pointilliste quelques exemples de politiques culturelles, choisies pour la diversité de leurs objectifs et de leurs méthodes. L’exemple français pourrait paraître bien optimiste, si on se référait aux résultats des intentions généreuses et innovantes ici détaillées ; cependant, après les quatre principaux exposés (France, Suède, Pays-Bas et Grande-Bretagne, ce dernier assez effrayant comme quadrillage mercatique de la population, pour ne pas parler de marketing totalitaire), on penserait n’avoir que le triste choix entre des intentions louables mais inefficaces, ou des réalisations efficaces quantitativement, mais qui accélèrent la désagrégation sociale.

La conclusion est une bonne synthèse, qui situe les limites des données, et de la réflexion entreprise, en présentant cette analyse comme « un effort préliminaire » ; en effet, il faudrait continuer bien au-delà de ces constats. Et c’est à cet effort de compréhension et de recherche que nous invite un document figurant en annexe ; il s’agit du discours présenté à cette table ronde par A. J. Van Der Staay, représentant les Pays-Bas, qui pose un certain nombre de bonnes questions, dont la moindre n’est pas celle du caractère central, et centralisateur, du marché économique de la culture, face auquel la politique ne semble avoir qu’un rôle « auxiliaire » à jouer : ce rôle doit donc être une réaction, et il sera d’autant plus fondamental que cette politique saura se rapprocher des citoyens ; un accent particulier est mis sur la nécessaire défense de la ville contre ce qu’en feraient les lois du marché.

  1. (retour)↑  Circle : Réseau d’information sur la recherche culturelle en Europe.