Leggere e scrivere
Bologna : CLUEB, 1992. - 225 p. ; 19 cm. - (Umor di libro, 1 )
Bologna : CLUEB, 1993. - 176 p. ; 19 cm. - (Umor di libro, 3)
Bologna : CLUEB, 1993. - 170 p. ; 19 cm. - (Umor di libro, 4)
Devant la montagne de difficultés de tous ordres que les bibliothèques italiennes doivent affronter, l'Association des bibliothécaires italiens (l'AIB, prononcer Aïbi) semble disposée à adopter le parti de l'humour. On reconnaît bien là le génie italien de la forme, toujours enraciné dans une perception aiguë de la réalité. Les trois premiers titres font partie d'une collection intitulée « Umor di libro » ( humeur de livres...ou livres d'humeurs... ou les deux à la fois).
Mon premier, Leggere e scrivere, est un recueil de citations d'auteurs de toutes civilisations concernant le lecture et le livre et aussi la censure, l'édition, les journalistes, agrémenté de dessins humoristiques d'un spécialiste connu de la bande dessinée en Italie. Il s'agit d'un livre de citations et maximes classiques qui a le mérite d'exister. Mon second, Libri chè passione, est un recueil de nouvelles, résultat d'un concours littéraire organisé en 1991 par les bibliothécaires de l'Emilie-Romagne, avec un succès médiatique certain. Vous aurez deviné que le héros de chaque nouvelle est le livre dans tous ses états. L'ensemble est un peu disparate, comme on pouvait s'y attendre. Les livres sont bien sûr menacés par les rats, les souris, les bureaucrates, les incendies et autres calamités. Les lecteurs sont torturés par les bibliothécaires et les bibliothécaires exterminés par des ordinateurs fous. Un sentiment de déjà lu en émane.
Mon troisième Delitti di carta rassemble les nouvelles noires (en Italie on dit « jaunes ») du même concours. Elles sont plus inventives et préfacées par un spécialiste universitaire du roman policier, Renzo Cremante.
Enfin une dernière lecture, celle d'un album de photographies de Mimmo Attademo A corpo libro. Del leggere in spiaggia. Nous voilà curieux d'en savoir plus sur un sujet original et peu traité ! Le reportage est né sur une idée de la bibliothèque de Foggia. On feuillette des photographies noir et blanc de lecteurs allongés dans des chaises longues, mais contorsionnés, surtout quand il s'agit d'une plage de cailloux ou de soleil dans l'œil. Etrangement, l'été et la nudité ne transmettent pas l'image de corps « en lecture » plus détendus que dans la vie sociale « habillée ». La lecture est essentiellement celle des pages sportives ou de la presse du cœur. Quelques-uns lisent de vrais livres, dont on ne peut déchiffrer le titre. D'abondants commentaires introduisent et commentent, mais on est loin des mythologies de Roland Barthes. Que dire de ces photographies ? Gluel était le propos du photographe, trop hésitant à mon avis, entre le constat et le clin d'œil ? Qu'elles ne font qu'enregistrer mollement ce qu'on savait déjà, que l'on s'ennuie à la plage, définitivement, même avec un livre !
Il y avait des idées au départ, dans ces ouvrages, pour apporter un regard neuf sur le milieu du livre et la bibliothèque, mais on regrette de ne pas retrouver suffisamment trace de la conversation si vive et si drôle de nos collègues italiens autour de la lecture publique.