Le livre, du manuscrit à l'ère électronique
notes de bibliologie
Jean-François Gilmont
Liège : Ed. du CEFAL, 1993. - 144 p. : ill. ; 24 cm. - (Collection Bibliothèque du bibliothécaire ; 1)
ISBN 2-87130-032-1 : 679 FB
Jean-François Gilmont *, conservateur et professeur à l'université de Louvain-la-Neuve, où il donne depuis 1984 un enseignement de bibliologie, nous livre ici une refonte de son manuel publié une première fois en 1989. Cette 2° édition est très sensiblement augmentée : on dira tout de suite qu'elle a sa place dans toutes les bibliothèques francophones, où l'ouvrage comble une lacune dans un domaine peu couvert de la formation initiale et continue. Il s'agit bien d'un cours de base, élémentaire certes, sommaire parfois, mais qui nous paraît pourtant indispensable. Les bibliographies placées en fin de chapitres ont été largement mises à jour, profitant du développement important depuis 1989 de l'édition française concernant l'histoire du livre, de ses techniques et de l'édition, et permettant toujours au lecteur curieux d'aller plus loin.
La structure du livre n'a pas été modifiée : l'étude, historique, commence par le manuscrit, et plus particulièrement par le manuscrit médiéval. De l'invention de l'écriture à l'apparition du papier, du rouleau au codex, de la lecture orale à la lecture silencieuse, le livre d'avant l'imprimerie est soigneusement décortiqué, mis en perspective avec les données économiques, culturelles et politiques. On passe ensuite aux presses manuelles, de Gutenberg jusqu'au milieu du XIXe siècle : la mise au point de l'imprimerie, la typographie, la fabrication manuelle du livre, du choix de l'écriture à la mise en page, en passant par l'illustration et la reliure, sont étudiées, sans oublier les coûts, les tirages, la commercialisation, le droit d'auteur, les métiers, la censure et le dépôt légal, les comportements de lecture. Le livre « classique » occupe ainsi le tiers de l'ouvrage.
L'époque modeme se décompose en deux chapitres plus brefs, l'un consacré aux presses mécaniques mises au point dans la seconde moitié du XIXe siècle, l'autre aux nouvelles techniques issues de l'électronique. La première révolution industrielle se traduit par une évolution des techniques dans la fabrication du papier (généralisation de la pâte à papier), dans l'impression (stéréotypie, presse mécanique, rotative...), dans l'illustration (lithographie, photogravure, héliogravure, offset...), dans la composition (linotype, monotype...), dans la reliure, et consacre le « triomphe du livre » et l'élargissement du public. Mais ce n'était qu'un début et les innovations techniques contemporaines ont encore largement modifié, surtout depuis 1970, le panorama et de l'imprimerie et de l'édition.
L'auteur nous rappelle que « la connaissance des techniques de fabrication du livre n'est pas un but en soi », mais doit permettre de « mieux connaître les mécanismes de diffusion de la pensée par l'imprimé ». C'est ainsi qu'il nous présente ensuite la bibliographie matérielle, nouvelle branche de la bibliologie, dont il expose les principes à partir de l'exemple de Shakespeare, qui n'a pas laissé (ou peu) de manuscrits et dont les éditions critiques se fondent sur l'étude matérielle des premières éditions de l'œuvre. Deux autres courts chapitres offrent une petite idée des corrections typographiques et de la bibliophilie, celle-ci à grand renfort de citations d'Italo Calvino et de Daniel Pennac.
On le voit : ce manuel embrasse rapidement l'histoire des techniques du livre et ne constitue en rien un traité. Un index des termes techniques, un index des auteurs cités dans les bibliographies le complètent. Par rapport à l'édition précédente, on constate une plus grande lisibilité, aussi bien grâce au choix d'une typographie plus agréable que par la refonte des illustrations, plus nombreuses et plus claires. A recommander chaudement aux étudiants, pour une première approche, et aux candidats aux concours. On trouve ici, et avec quel souci de la pédagogie, le minimum de ce qu'il faut savoir.