Les bibliothèques publiques en France
points de comparaison avec le Québec
Montréal : Ecole de bibliothéconomie et des sciences de l'information, université de Montréal, 1993. - 113 p. ; 28 cm.
ISBN 2-920537-04-0
Les relations entre les professionnels des bibliothèques québécois et français sont complexes. Marquées par l'affectivité qui lie les deux pays, elles sont faites de curiosité et d'attirance réciproques. Par le passé, quelques « pionniers » isolés ont ébauché des rapprochements ; mais ces initiatives sont restées sans suite. Il semblerait que les choses soient en train d'évoluer et que de véritables échanges se mettent en place entre les professionnels (en particulier les BCP) et les organismes de formation (EBSI : Ecole de bibliothéconomie et des sciences de l'information à Montréal, ENSSIB : Ecole nationale supérieure des sciences de l'information et des bibliothèques à Villeurbanne). Le présent ouvrage, consacré aux bibliothèques publiques, se situe dans ce contexte. Ce rapport d'étude a été réalisé sous la direction de Réjean Savard, enseignant à l'EBSI, l'un des artisans actifs de cette nouvelle collaboration. Il a été rédigé par un groupe d'étudiants de l'EBSI après une année de travail bibliographique et un voyage effectué entre le 22 février et le 4 mars1992, essentiellement dans la région Rhône-Alpes. Première étude du genre, ce travail est présenté par ses concepteurs comme un « déblayage » et non comme une véritable étude comparative. Il est destiné principalement aux professionnels québécois. Mais les bibliothécaires français y trouveront, en plus de nombreuses informations et comparaisons avec l'organisation québécoise, matière à réflexion sur leur propre système, ses faiblesses et ses forces et les représentations que peuvent en avoir des observateurs étrangers.
Similitudes et particularités
Les trois premiers chapitres sont une présentation générale de l'histoire, de l'administration et de la gestion des bibliothèques publiques françaises. Un parallèle est établi avec le Québec. Malgré des spécificités liées aux différents contextes, les deux systèmes sont proches et s'opposent au modèle anglo-saxon, même si les méthodes de gestion québécoises sont plus proches de ce demier. Dans les deux pays, l'évolution des bibliothèques publiques est marquée par une conception moralisante de la lecture, une lente démocratisation au cours du XXe siècle et des rapides progrès ces vingt dernières années. La France et le Québec sont pareillement dépourvus de législation sur les bibliothèques.
Parmi les particularités du système français, les auteurs notent la hiérarchisation des bibliothèques en fonction de la présence ou non de fonds anciens. La fonction conservation leur apparaît chez nous primordiale alors qu'elle est pratiquement inexistante au Québec. Ils souhaitent que le concept de bibliothèque publique spécialisée, telles la Bibliothèque publique d'information et la Médiathèque de la Villette, soit étudié dans leur propre pays. L'implication plus forte des différentes collectivités leur semble être un élément positif notamment pour les financements et l'évolution à venir des équipements. Enfin, notre organisation inteme, considérée comme plus souple et plus ouverte sur l'extérieur, est, selon eux, un facteur d'enrichissement pour le personnel et pour les équipements eux-mêmes. Cependant, ils sont frappés par les heures d'ouverture limitées et par la complexité des statuts des personnels.
Agence de coopération et minitel
Pour les deux derniers chapitres, les auteurs ont souhaité mettre l'accent sur deux points : la coopération et l'informatique. La coopération au Québec est le fait de professionnels et n'a pas une structure officielle fortement marquée par les pouvoirs publics comme en France. Les auteurs de ce chapitre ont d'ailleurs parfaitement compris la problématique propre à notre système, liée à la décentralisation et au phénomène politique.
L'utilisation de l'informatique connaît une évolution similaire dans les deux pays, mais certains choix techniques diffèrent : CD-Rom et micro-ordinateur domestique au Québec, minitel en France. Ce petit appareil fascine nos collègues québécois par sa simplicité d'utilisation et les perspectives qu'il ouvre en matière d'interaction avec le public.
Une étude exploratoire
L'entreprise des étudiants de l'EBSI était difficile : il s'agissait de donner une image synthétique de notre système à partir d'éléments disparates issus d'articles, ouvrages et entretiens avec des professionnels. Malgré quelques erreurs de détail, ils ont réussi à démêler la complexité du système politico-administratif français et à poser les bonnes problématiques. Chaque chapitre est illustré de tableaux comparatifs, et complété par une riche bibliographie. Ce rapport présente cependant les limites propres à ce type de travail. Il est difficile de comparer deux systèmes qui ont évolué dans des contextes géographiques, politico-administratifs et professionnels différents et de leur attribuer une valeur, surtout lorsque des indicateurs normalisés, donc comparables, sont inexistants. Ensuite, certaines généralisations, faites à partir de l'observation d'un nombre de sites limité, peuvent paraître excessives, notamment en ce qui concerne l'organisation interne. Malgré tout, il est intéressant de constater que les problèmes rencontrés sont les mêmes dans les deux pays : incertitudes politiques et financières, croissance de l'information, exigence des publics hétérogènes, nécessité de mettre en place une coopération technologique et professionnelle efficace pour une meilleure utilisation des ressources... La confrontation des différentes solutions apportées est tout à fait enrichissante. Il est donc à souhaiter que cette « étude exploratoire », comme la définissent ses auteurs, serve de base à des études plus approfondies.