Le cas des cases
informations, études et bibliographie sur la bande dessinée
Agnès Deyzieux
Philippe Marcel
ISBN 2-906869-41-4 : 60 F
La bande dessinée (BD) n'est plus depuis quelque temps un domaine négligé, et de nombreux spécialistes ont fait paraître ces dix dernières années des études plus ou moins savantes sur ce sujet. Est-elle pour autant bien connue ? On ne saurait l'affirmer. Nous avons pu constater de 1989 à 1993 qu'à peine 10 % des élèves-bibliothécaires (CAFB) en avaient une connaissance plus que rudimentaire : certain(e)s avouaient ne jamais en lire, voire être incapables (sic) d'en lire. Pourtant, un bibliothécaire œuvrant en lecture publique, pour adultes ou pour la jeunesse, ne saurait ignorer ce phénomène, sous peine de se couper d'une partie du public.
C'est pourquoi il est nécessaire, dans le cadre de la formation professionnelle initiale et continue, de mettre sur pied des sessions de formation à l'intention des nouveaux venus ou des anciens qui ont besoin de rafraîchir leurs connaissances. La ville de Paris, dont on connaît l'effort remarquable en faveur des bibliothèques et de la formation professionnelle interne de son personnel, publie ici un ouvrage qui se veut « un guide pratique à l'usage des bibliothécaires, des documentalistes, des enseignants et de toute personne intervenant comme médiateur du livre, soucieuse d'approfondir ses modes de lecture et de choix en matière de bande dessinée ».
Il s'agit d'un guide qui se veut pratique, en fait d'un dossier. On y trouvera d'abord un mini-lexique. Une étude sur les trois niveaux de lecture de la BD, par rapport au scénario, par rapport à l'image, par rapport à la mise en réseau entre les deux, à travers les cadrages, les angles, l'organisation des images ou les jeux de codes, particulièrement illustrés d'exemples d'oeuvres de Bourgeon, Crumb, Fred, Gotlib, Hergé, Jacobs, Makyo, Pratt, etc., montre avec pertinence que la BD « s'adresse résolument au relecteur » 1. Un texte de Thierry Groensteen fait justice de l'idée reçue que la BD et le cinéma sont des arts très proches et prouve au contraire que leurs langages sont bien spécifiques. Les effets et le rôle de la couleur sont analysés par Dominique De Angeli.
On appréciera le copieux panorama des éditeurs (arrêté fin 1992) dont certains sont peu connus ou diffusés confidentiellement 2. Un solide dossier est consacré à Angoulême, tant pour son célébrissime Salon intemational de la bande dessinée (dont les expositions des millésimes 1990, 1991, 1992, sont décortiquées) que pour le Centre national de la bande dessinée et de l'image (CNBDI), organisme qui ne peut plus être ignoré désormais. Mais d'autres organismes spécialisés existent et peuvent être la providence du chercheur : quelques-uns sont répertoriés ici, tant à Paris qu'en province ou en Belgique. Enfin, l'ouvrage est complété par une imposante bibliographie partiellement commentée, qui nous propose à côté des indispensables dictionnaires, annuaires et ouvrages de synthèse, des catalogues d'expositions, des revues et fanzines, des diapositives et des cassettes vidéo, des émissions de radio et de télévision.
C'est dire que ce guide de grand format, abondamment illustré et bien présenté, est une mine de renseignements rapides mais utiles. Nos collègues parisiens auront bien mérité de la BD et procureront une aide appréciable aux novices. Bien entendu, un tel ouvrage devra être mis à jour régulièrement, et il ne dispense en rien de lire des BD 3.