La british Library à St-Pancras
Martine Poulain
Le British Council avait invité le 11 octobre dernier Brian Lang, directeur général de la British Library, et David Bradbury, directeur du British Library Document Supply Center à présenter au public français, l'un, le projet de la nouvelle British Library à St-Pancras, l'autre, les services, déjà mieux connus, de Boston Spa.
Un projet ancien... et contesté
C'est en 1975 qu'a été pris la décision de construire un nouveau bâtiment sur ce site ; l'ancienne British Library était en effet dispersée sur 18 sites, les bâtiments étaient insuffisants en taille et inadaptés à l'accueil des technologies nouvelles, les conditions de conservation mauvaises. Le projet architectural de Sir John Wilson fut choisi en 1976.
On connaît les grandes lignes de ce projet. Les collections et les salles de lecture seront réparties en deux grands départements, d'inégale importance bien sûr, l'un consacré à la littérature et aux sciences humaines et sociales, l'autre aux sciences. Les espaces de présentation de documents en libre accès ainsi que les espaces de stockage et de conservation seront accrus. Le nouveau bâtiment coûte 450 millions de livres sterling. Le catalogue de la British Library accueille aujourd'hui 7 millions de notices, qui devraient être portées à 10 millions d'ici 5 ans.
Mais, de l'autre côté du Channel aussi, on polémique. Et c'est avec un humour tout britannique que Brian Lang, après avoir présenté les grandes lignes du projet, a réumé les arguments de ses détracteurs. Font ainsi régulièrement la une des journaux un certain nombre de questions sensibles, qui ne devraient pas paraître très étranges à des lecteurs français.
L'architecture est critiquée par beaucoup : on lui reproche son manque d'envergure, voire sa laideur. C'est une affaire de goût, répond Brian Lang. Le bâtiment est aussi souvent jugé trop petit : il offre 1 176 places, soit seulement 73 places de plus que l'ancienne British Library. C'est la responsabilité du gouvernement, répond encore Brian Lang. Celui-ci a, pour des raisons budgétaires, amputé le projet par deux fois (la dernière en 1988) et réduit d'autant le bâtiment et les salles de lecture. Les espaces de stockage sont de ce fait restreints : les magasins seront pleins d'ici la fin du siècle. D'où la décision de stocker une partie des documents à Boston Spa. Un stockage évidemment plus économique (1,2 livre par document dans le futur bâtiment londonien, 53 pence à Boston Spa).
Enfin, la nostalgie n'est pas absente. On regrette la Round Reading Room du British Museum, que beaucoup de chercheurs ne veulent pas quitter. Qu'ont-ils besoin de nouvelles technologies ? Ces nouveaux bibliothécaires sont des fossoyeurs et enterrent le livre... Mais Brian Lang pense tout au contraire que le livre a encore de beaux jours devant lui et que St-Pancras ou la Bibliothèque de France seront « les cathédrales du XXIe siècle ».
Un prêt efficace
Quant à David Bradbury, directeur de ce département, il a rappelé quelques-unes des caractéristiques qui font la force du British Library Document Supply Center (BLDSC) de Boston Spa. Celui-ci reçoit 3,5 millions de demandes par an ; 88 % d'entre elles sont satisfaites par les fonds propres de l'établissement, qui occupent 156 kms de rayonnages ; 25% des demandes viennent de l'étranger. Boston Spa emploie 713 personnes.
Les collections sont les suivantes : 2,931 millions de volumes de monographies (avec un rythme annuel d'accroissement de 33 300) ; 236 000 titres de revues, dont 49 000 courants et 1 200 nouveaux titres annuellement ; 4 millions de microfiches de rapports et littérature grise en tout genre ; 314 000 volumes d'actes de conférence ; 540 000 thèses anglaises et américaines.
On sait que le système des coupons permet de régler les photocopies et qu'à l'heure actuelle dix pages de photocopies valent environ 49 F. Les demandes sont satisfaites en 48 h. Elles proviennent pour 50 % de l'industrie et du commerce ; pour 30 % des institutions de recherche académique. 25 % émanent de l'étranger. Les sujets scientifiques et techniques représentent 82 % des demandes, les sciences sociales 12 %, les sciences humaines 5%. Les documents sont fournis sur le réseau ARTELL pour 36,4 % d'entre elles, par la poste (27,5 %), par fax (9,8 %), par télex (9,4 %).
Le BLDSC offre plusieurs services bibliographiques à ses usagers, ainsi qu'une série de publications qui les aide à se repérer dans l'offre spécialisée. Enfin, le BLDSC est dépositaire des publications de la Communauté européenne depuis 1966. David Bradbury a plaidé pour un accroissement de la coopération européenne, indispensable pour faire face à la puissance des Etats-Unis.
Rendez-vous en 1996 pour diverses ouvertures, dont celle de la toute nouvelle British Library à Saint-Pancras.