Informatique documentaire
André Dewèze
ISBN 2-225-84184-5 : 302 F.
Voici venir la 4e édition d'Informatique documentaire. La couverture s'est modemisée et les titres flamboient en jaune et rouge sur fond vert-foncé. Déjà, entre la 2e et la 3e édition, la typographie s'était améliorée marquant le passage des imprimantes à aiguilles à l'ère du jet d'encre et des lasers. Cette 4e édition marque la victoire de la PAO. Le papier, cette fois-ci, est plus beau, plus blanc.
Combien de promotions d'étudiants s'y sont cassé les dents et ont désespéré d'« y comprendre un jour quelque chose », les dégoûtant de l'informatique peut-être à tout jamais ? Cependant, le cru 1993 est bien meilleur. Le texte s'est simplifié par rapport à celui des éditions précédentes. Le livre essaie de généraliser l'« informatique documentaire » tout en gardant des applications spécifiques exemplaires moins longues et en moins grand nombre. Beaucoup de détails purement informatiques ont disparu au profit d'un texte en général remanié et plus clair. Mais, quelquefois, à trop raccourcir, on en perd le sens.
Les schémas s'enrichissent et s'éclairent. Les applications prises à titre d'exemples (il faut déjà une certaine culture pour discemer ce qui ressort des généralités de ce qui revient aux applications) se sont rajeunies et offrent plus de fonctions. Libraires et comptables apparaissent. On parle des centres de documentation mais aussi des bibliothèques. On abandonne, du moins en grande partie heureusement, l'application « bibliothèque » mise au point pour Merlin et Gérin en 1980. Cette dernière illustrait encore les propos de 1989 et engendrait un charabia de noms de fichiers parmi lesquels le lecteur perdait ses pauvres bases informatiques dans le labyrinthe des programmes et des fichiers.
Banques de données
La 4e édition se veut « in ». Elle parle le langage Apple et tourne sur des Mac. Les illustrations sont plus claires et permettent de digérer les abréviations informatiques qui émaillent le texte et on ne peut que se réjouir d'échapper à l'organigramme du fichier <CATLIV TRI> et à son programme. Plus de CATEDI, DO-DATS, DO-CLE, LEMATR, DOCUM, ECONO, GESTI, TRADU, ORDIN... qui ne sont qu'un bref aperçu de ce que vous pouvez lire encore.
Le chapitre sur l'interrogation des banques de données a été complètement remanié. Il est plus compréhensible bien qu'incomplet. Il mélange hardiment logiciel de recherche des grands serveurs dits « langages d'interrogation » avec ceux des applications documentaires exemplaires. Cependant, il n'y a plus confusion, comme dans la 3e édition, entre la production de banques de données et l'accès aux banques de données ou leur interrogation. L'un et l'autre ne se confondent qu'exceptionnellement. Les exemples sont bien choisis quoiqu'il soit inutile de revenir à Basethèque ou à Superdoc. Pourquoi ne pas avoir parlé plutôt de Stairs-BRS, de Questel, des langages d'interrogation de Data star et de Dialog ? Il est bon d'entendre parier de télédéchargement et de télécopie, mais parler de Transdoc seulement en 1993, sans parier de Foudre, du Prêt entre bibliothèques (PEB) nous laisse inquiets et songeurs sur l'actualité du document...
Les parties techniques comme celles qui concement la « représentation de l'information, fonctions et organes de l'ordinateur, supports d'enregistrement, sauvegardes » sont succinctes et, néanmoins, valables. Mais où stocker ces sauvegardes ? On cherche en vain le coffre-fort.
Le chapitre « Ordinateur et production de documents » traite de bureautique et de PAO. Cependant, le terme bureautique n'apparaît jamais.
Des applications sans finalité
Les systèmes d'exploitation ne semblent être d'aucune importance. On jongle avec les Ko, Mo, Go, To sans les avoir développés ni même définis. L'ouvrage manque cruellement d'un glossaire. On décrit des applications sans en avoir dessiné la finalité. L'analyse se perd dans les spécificités des logiciels pris en exemples. Il n'y a pas réellement de théorie, de généralités. Les applications veulent en tenir lieu, mais manquent singulièrement de sens critique.
Enfin, on s'informatise seul, chacun dans son coin. On joue avec les SGBD et l'on décline POWER, DBASE IV, OMNIS, 4e dimension. Est-il suggéré que l'on peut réaliser son propre logiciel documentaire ?
Foin des réseaux, des formats (au fait ! qu'est-ce-qu'un format, à quoi cela sert-il ?). INTERMARC est vaguement mentionné mais UNIMARC pas du tout... Pourrait-on oser soupçonner qu'il y en a d'autres ? Le travail partagé, l'échange des données, l'existence de la base de la Bibliothèque nationale BN-OPALE ne semblent pas intéresser l'informatique documentaire. Seul le système SIBIL existe, à la rigueur OCLC. Sommes-nous à l'aube de l'informatique documentaire ? Les bibliothèques et les centres de documentation ne tendent-ils pas à fonctionner en réseau de façon complémentaire ? Les bases de données ne tendent-elles pas à devenir intemationales après avoir été nationales ? Ne récupère-t-on pas l'information là où elle existe lorsque c'est possible ? Ne la partage-t-on pas, au moins ?
De la même façon le « cahier des charges » est mal défini et se perd dans les applications sans avoir établi clairement la théorie, les généralités. Les « coûts » n'en sont plus crédibles. On s'étonne dans le « choix d'une solution » de commencer à choisir le matériel avant d'avoir choisi le logiciel et le système d'exploitation.
Nous sommes loin de l'importance, de la rigueur et de la qualité des documents rédigés en 1991 par Tosca consultants pour la Sous-Direction des bibliothèques au ministère de l'Education nationale pour aider les bibliothèques universitaires à mener à bien leur informatisation 1. Il n'y a rien de semblable non plus à l'enquête comparative menée sur les logiciels intégrés de bibliothèques par les mêmes auteurs et publié chez A jour en 1991 2.
A ne conseiller qu'exceptionnellement aux étudiants pour une initiation de base à l'informatique qu'on trouvera dans les premiers chapitres.