Savoir et citoyenneté
Annie Le Saux
A l'occasion de la publication par Hachette Livre d'une encyclopédie multimédias, Axis, ce groupe éditorial, associé au journal Le Monde, a organisé, le 31 septembre à la Sorbonne, un débat sur « Savoir et citoyenneté, quelle transmission du savoir aujourd'hui ? ».
Introduits par François Bayrou, ministre de l'Education nationale, ces entretiens ont permis un échange de vues entre universitaires, philosophes, historiens et écrivains - tous acteurs du monde des médias - sur les modes de transmission du savoir.
Si Rabelais évoque un savoir universel détenu par un seul homme, Diderot et d'Alembert, à travers leur Encyclopédie, ont renversé les cloisonnements et transmis un savoir, passant par une pluralité de rédacteurs et une pluralité de connaissances, à une pluralité de lecteurs - leurs contemporains et la postérité. L'apparition des nouvelles technologies, depuis environ quarante ans, a élargi la transmission du savoir à l'échelle mondiale.
Le multimédia, en offrant ces nouvelles possibilités de diffusion des connaissances, suffira-t-il à permettre une meilleure insertion sociale ? Ou bien les dangers nés de ces nouvelles technologies, dangers que sont, selon le philosophe Alain Etchégoyen, l'absence d'autorité, l'illusion du libre-arbitre, le risque de passivité et le raccourcissement du temps, créeront-ils des fossés encore plus grands entre les détenteurs du savoir et les autres, ainsi qu'entre ceux qui savent se servir de ces techniques et ceux qui ne savent pas ?
Idéalisateurs d'un système scolaire ancien ou partisans d'un cyberespace se sont finalement accordés pour reconnaître l'indispensable complémentarité du livre et du multimédia dans l'accès à la connaissance. Mais le développement de la capacité d'offre n'entraîne pas automatiquement l'accroissement de la capacité de réception ; or, sans le désir de savoir, les outils, aussi novateurs soient-ils, resteront lettre morte.