Françoise Hecquard, conservateur à Mediadix, a soutenu, en 1991, dans le cadre de sa scolarité à l'Ecole nationale supérieure de bibliothécaires, un mémoire de Diplôme d'études supérieures spécialisées consacré à la formation élémentaire dispensée par l'Association des bibliothécaires français. L'ABF a eu l'heureuse initiative de publier ce travail sous la forme d'un ouvrage d'une soixantaine de pages qui rappelle par son aspect extérieur les livraisons du Bulletin de l'association.

Le métier de bibliothécaire

L'étude de Françoise Hecquard se compose de trois parties : un historique de l'enseignement de l'Association des bibliothécaires français, une description approfondie du fonctionnement actuel du système à travers l'exemple de trois centres de formation caractéristiques, une présentation des problèmes que pose cette formation, ainsi que des orientations ou des perspectives qui se dessinent aujourd'hui. Suivent un certain nombre d'annexes venant enrichir l'exposé : une chronologie, des comptes rendus d'entretiens avec des organisateurs et des intervenants de la formation, une bibliographie commentée.

En évoquant le contexte professionnel d'avant-guerre, en retraçant l'histoire des « petits cours » mis en place par l'ABF à partir de 1938, Françoise Hecquard montre bien à quel point ce dispositif est venu combler une lacune dans le système de formation professionnelle des personnels de bibliothèque. L'utilité en est clairement apparue au début des années soixante : ayant renoncé pendant quelques années à assurer cet enseignement que la création du CAFB semblait rendre superflu, l'Association a rapidement constaté qu'elle laissait insatisfaits les besoins de formation d'un grand nombre de gestionnaires de petites bibliothèques qui ne pouvaient avoir accès au CAFB ou en jugaient la préparation trop lourde, et des personnels de catégorie C des bibliothèques dépourvus de formation initiale. La formation de l'ABF a repris en 1963 et n'a cessé depuis lors de se structurer et de prendre de l'ampleur : publication du Cours élémentaire de formation professionnelle devenu, en 1979, le Métier de bibliothécaire (Promodis), multiplication des centres de province, unification des programmes, de la pédagogie et des modalités d'examen, démarches entreprises en vue de l'homologation du diplôme...

Un public très hétérogène

Après l'approche historique, l'auteur se livre à une radiographie du système actuel de formation et de son public : sont décrits la nature de l'examen et le contenu des programmes, mais aussi le profil socioculturel et professionnel des élèves. Trois études de cas (centres de Belfort, de Versailles, de Toulouse) permettent d'une part de mieux cerner les modes d'organisation de la formation et la variété des solutions logistiques mises en œuvre dans les différents centres, et apportent, d'autre part, un éclairage intéressant sur la situation statutaire et professionnelle des élèves avant et après la formation.

La formation de l'ABF rencontre aujourd'hui encore un certain nombre de difficultés, d'ordre structurel et financier d'une part, mais également d'ordre pédagogique. Les élèves forment en effet un public très hétérogène, tant par le niveau d'études que par la situation professionnelle : la formation s'adresse à la fois à des employés de bibliothèque qui ont peu de responsabilités dans leur poste et à des responsables de petites bibliothèques. Ce sont ces problèmes, et surtout les réflexions qu'ils suscitent et les remèdes qu'on tente de leur apporter, qui sont présentés dans la troisième partie de l'ouvrage. On y trouve notamment un bilan des travaux de la Commission « formation élémentaire » de l'ABF, lesquels ont débouché sur un certain nombre de réalisations concrètes, en particulier la mise au point du Dossier technique d'un centre.

Françoise Hecquard connaît de l'intérieur le sujet auquel elle consacre son mémoire, puisqu'elle a été elle-même chargée pendant cinq ans de la coordination d'un centre de formation de l'ABF. Mais elle a surtout recueilli des témoignages, compulsé des archives, assemblé des chiffres. Son ouvrage, où se mêlent l'érudition historique et la rigueur de l'analyse sociologique, forme une contribution originale tant à l'histoire des bibliothèques françaises qu'à la réflexion menée à l'heure actuelle sur la question de la formation professionnelle. Il intéressera tout autant les bibliothécaires et les formateurs que les historiens des bibliothèques.