Bibliothèques des instituts et centres culturels français à l'étranger
Le Ministère des Affaires étrangères mobilise les bibliothèques des Instituts et Centres culturels français à l'étranger : 130 établissements auxquels s'ajoutent les quelque 1 100 Alliances françaises. Une réunion générale des principaux de leurs responsables, ou de leurs partenaires, près de 200 personnes, était organisée du 22 au 24 mars au Centre de conférences internationales de l'avenue Kléber, solennellement ouverte par Mme Catherine Tasca, ministre de la Francophonie. Trois journées d'études, de communications et de visites (BPI et Bibliothèque de France) ont permis de mêler des interventions à caractère général sur les orientations et les missions que doivent s'assigner ces bibliothèques, et des tables rondes sur les questions techniques les plus urgentes.
Un constat sans complaisance
Parmi les discours d'orientation générale, ceux de Jean Gattégno et de René Rémond ont invité les directeurs de centres culturels et leurs bibliothécaires à affirmer leur identité et à se montrer ambitieux au moment où leur ministère de tutelle les invite à se redéfinir et à présenter des projets. Michel Melot a esquissé les conditions et les perspectives de leur travail en réseau avec les autres bibliothèques, non seulement françaises, mais en se situant d'emblée dans le contexte international des réseaux de la recherche. Hélène Waysbord a dressé le cadre de leurs futures relations avec la Bibliothèque de France. Sur les moyens à mettre en œuvre, plusieurs tables rondes ont abordé les questions de l'informatisation, de la formation des personnels (seules 12 de ces bibliothèques sont dirigées par des conservateurs « détachés », les autres étant confiées à des recrutés locaux, parfois bien informés, mais de façon irrégulière), du développement des collections et de leurs spécificités locales, et des méthodes d'évaluation.
Au sein de la direction des échanges culturels et artistiques, la sous-direction des Etablissements culturels, dirigée par Jack Batho, celle du Livre et de l'Ecrit, dirigée par Yves Mabin, souhaitent une réévaluation de ces bibliothèques, généralement pauvres et souvent marginalisées dans les activités du ministère des Affaires étrangères. Cette première réunion devait à la fois engager un constat sans complaisance de l'existant, et faire émerger des questions préalables à une relance. Aucune doctrine en effet n'est clairement affichée aujourd'hui quant à leurs missions, il est vrai très différentes d'un pays à l'autre. Par exemple : la francophonie supposée de ces bibliothèques est-elle tenable dans certains secteurs scientifiques ou à partir d'un certain niveau de spécialisation ? Ou encore : leur caractère généraliste pour desservir tous les publics du pays où elles sont installées doit-il être infléchi ou assorti de spécialités propres aux besoins d'une catégorie, que la France jugerait prioritaire, de cette population ? Peuvent-elles être à la fois des médiathèques, des vitrines de l'édition française et des centres de ressources documentaires ?
Une nouvelle dynamique
Les premières mesures de cette nouvelle dynamique ont déjà été prises : Renée Herbouze a été chargée, auprès de Jack Batho, de les mettre en œuvre : une enquête a été lancée auprès de tous les postes pour faire un premier inventaire et, pour commencer, un annuaire de ces bibliothèques a été publié dans l'Annuaire du réseau des établissements culturels français (janvier 1993), ainsi qu'un bulletin de liaison intitulé Les bibliothèques de France à l'étranger. Quatre nouveaux postes de conservateurs ont été créés. Des outils d'aide aux acquisitions ont été réalisés, à la demande du ministère des Affaires étrangères, par la Médiathèque de la Villette et une étude approfondie sur l'informatisation commandée à la société Van Dyck, dont Jean-Paul Roux-Fouillet a rendu compte lors de ces journées.
Comme pour d'autres secteurs de ses bibliothèques, la France a beaucoup à faire pour parvenir au niveau de ses voisins. Mais, comme pour ces autres secteurs, le succès considérable que connaissent les équipements de bibliothèques dès qu'ils sont modernisés et confiés à un personnel qualifié (les exemples de Budapest ou d'Alger en sont les premiers témoins) suscitent de nouvelles demandes des pays étrangers et incitent le ministère à poursuivre ses investissements dans ce sens. Avant de les engager, une réflexion s'impose pour définir une politique cohérente et efficace. Les journées de mars ont parfaitement joué ce rôle. Les textes des interventions, dont l'intérêt dépasse le simple cercle des bibliothèques françaises à l'étranger (ainsi pour les outils mis en place pour les acquisitions scientifiques ou la réflexion sur l'audiovisuel), seront publiés prochainement, et tous les bibliothécaires français auront intérêt à suivre le bulletin de liaison *.