Les cahiers (du CNFPT)
36. Culture et collectivités locales
ISSN 0992-4078
Fidèles à leur présentation, les Cahiers du Centre national de la fonction publique territoriale proposent un balayage complet des questions culturelles dans les collectivités territoriales. Vingt-quatre articles courts mêlent les approches universitaires, les réflexions de praticiens (administration et établissements culturels), les témoignages d'élus. Les points de vue de l'Etat ne sont pas oubliés non plus. Trois thèmes rassemblent les contributions : « Culture et décentralisation » souligne à quel point la culture est objet de compétence difficilement saisissable : pourtant, la décentralisation a à la fois peu joué dans ce domaine (« Il y a dans tout cela un modèle national unique, hiérarchisé, planifié à base d'inventaires et de nomenclatures, bien peu décentralisateur dans le fond », A.-H. Mesnard), mais en même temps les collectivités se sont emparées de la culture, facteur de développement, outil d'aménagement, objet de coopération interinstitutionnelle. « Les politiques culturelles publiques » sont essentiellement des témoignages d'élus, administrateurs, praticiens, à tous niveaux de collectivités. « Culture et fonction publique territoriale », enfin, s'attache à balayer le champ des agents et des formations, comme on peut l'attendre du CNFPT.
Le document est foisonnant, dès qu'on en reconnaît les limites : la part la plus belle est faite au droit, et nombre d'articles tournent exclusivement autour des problèmes de compétences partagées, déléguées, transférées. Par ailleurs, la culture est approchée dans son caractère le plus institutionnel : bibliothèques, archives, musées. Trois pans de la problématique sont absents : avant de poser la « culture » comme objet de compétence, n'aurait-on pu en définir les contours (E. Achille et F.-G. Le Theule soulignent que la moitié des dépenses culturelles des ménages relèvent de l'investissement audiovisuel : nulle part n'apparaît la politique des collectivités locales en matière de communication) ? L'action culturelle des collectivités trouve-t-elle une assise hors des institutions « traditionnelles » ? Le champ flou de la politique culturelle n'est-il pas investi de plus en plus par les associations, les offices, les agents contractuels, les sociétés privées ?
Si « institutionnel » soit-il, ce document est cependant précieux par sa variété, par les préoccupations concrètes qu'il rassemble, et par le point précis qu'il fait de la décentralisation culturelle. De ce point de vue, il constitue un complément et un contrepoint aux rapports de René Rizzardo sur la décentralisation culturelle, et de Bernard Latarjet sur l'aménagement culturel du territoire. On ne saurait trop le recommander à tous ceux qui, de près ou de loin, ont à rencontrer les collectivités territoriales dans le domaine culturel.