Lecture et bibliothèques à l'école maternelle
Aline Coué
Henri Moulis
Jean-Pierre Viala
(Pratique pédagogique ; 98)
ISBN 2-200-01146-6
Le concept de BCD (bibliothèque-centre documentaire) n'est pas récent. Il trouve son origine dans la circulaire du 10 novembre 1984 qui instituait la bibliothèque dans l'école, ouverte à la population du quartier pendant et hors du temps scolaire, maillon, en quelque sorte, du réseau de la lecture publique. Le projet d'origine a perdu de son envergure, mais la lecture à l'école est un sujet à l'ordre du jour si l'on en juge par la multitude d'articles, de réflexions, et d'initiatives qu'elle suscite.
Les auteurs de cet ouvrage sont des concepteurs et des utilisateurs de la bibliothèque centre documentaire. Ils ont conçu un ouvrage qui se veut un outil pour leurs collègues tentés par l'expérience de la création d'une bibliothèque à l'école maternelle.
L'ouvrage s'articule autour de trois points principaux : l'organisation matérielle de la bibliothèque ; la bibliothèque comme lieu de lecture et de production de l'écrit ; une proposition de méthodes d'évaluation des lecteurs et de la bibliothèque.
Dans un avant-propos qui puise abondamment dans les écrits consacrés à la lecture des jeunes, les auteurs développent le thème de la « lecture plaisir » et présentent le conte comme source de jouissance en référence aux théories de Bruno Bettelheim. L'esprit qui doit présider à la création de la bibliothèque à l'école maternelle étant ainsi défini, reste à poser les termes de son organisation matérielle : le choix des livres (les auteurs proposent quelques ratios à respecter), les outils de ce choix, le mobilier, la classification qui doit permettre à la bibliothèque de s'intégrer dans le réseau des bibliothèques publiques (les auteurs préconisent la classification Dewey). Les différentes possibilités de financement du projet sont passées au crible : subventions publiques, mais aussi mécènes privés, schémas destinés à orienter les auteurs de projets à travers les dédales administratifs.
La bibliothèque ainsi organisée doit devenir un « habitus » pour l'enfant, créer des comportements de lecteur, susciter une attitude d'acteur, l'inviter à participer à la réflexion et au fonctionnement. Les auteurs fourmillent d'idées pour aborder les livres et initier les démarches de création. Ils insistent sur la nécessité d'obtenir des réalisations d'excellente qualité, valorisantes pour leurs auteurs et ils multiplient les schémas de réalisation destinés à relayer les imaginations défaillantes pour créer des livres animés, écrire des documentaires ou monter des expositions.
Enfin, l'évaluation des lecteurs et de leurs compétences, si elle appartient au système scolaire, emprunte aussi à la sociologie en utilisant la technique de l'entretien et de l'interview.
L'ouvrage se caractérise par un constant esprit d'ouverture : ouverture de la bibliothèque d'école sur le réseau des bibliothèques publiques en encourageant des pratiques de fréquentation complémentaires ; intégration des parents dans les procédures de choix ; volonté de voir le livre sortir de l'école et devenir un instrument de dialogue entre l'enfant et sa famille.
Les auteurs sont profondément imprégnés des théories bibliothéconomiques les plus nouvelles et possèdent une bonne connaissance des nombreux écrits sur la lecture qu'ils ont largement mis à profit pour écrire ce livre. Il faut leur pardonner une erreur sur la classification Dewey et l'absence dans leur bibliographie de 1 200 documentaires pour comprendre le monde édité par Lire pour comprendre, sélection à laquelle ils font pourtant allusion dans le cours de l'ouvrage. Par ailleurs, il faut insister sur l'importance de l'appareil bibliographique présenté en fin de chapitre et en annexe.
Un véritable outil pour ceux qui veulent se lancer dans l'aventure de la création d'une BCD. Dommage que la présentation soit aussi touffue et sévère. L'éditeur aurait pu en faire un livre attrayant.