La france de l'illettrisme
Alain Bentolila
Ce rapport s'intéresse, comme celui paru l'année précédente 1 à mesurer l'illettrisme dans une population de jeunes gens de 18 ou 19 ans à l'occasion de leurs « trois jours » avant le Service national. Environ 400 000 jeunes gens sont ainsi rassemblés chaque année. L'évaluation des capacités en lecture-écriture n'a été proposée cette année qu'aux seuls appelés « qui déclarent avoir un niveau inférieur ou égal à la classe de troisième et ne posséder aucun diplôme », soit plus de 100 000 jeunes.
On se souvient peut-être que les tests avaient permis de distinguer sept niveaux. Le niveau 1 rassemble « les jeunes incapables de déchiffrer des syllabes » (3,65 % de l'ensemble). Le niveau 2, regroupe ceux qui « peuvent seulement déchiffrer des syllabes » (2 %). Le niveau 3, ceux qui «peuvent déchiffrer des mots isolés » (3,3 %). Le niveau 4, ceux qui « comprennent des mots isolés » (7,3 %). Le niveau 5, ceux qui « comprennent des phrases simples » (19,4 %). Le niveau 6, ceux qui « prennent en compte le contexte » (18,5 %). Le niveau 7, ceux qui « maîtrisent les relations logiques et chronologiques » (25,1 %). Le niveau 8, ceux qui « lisent un texte de 70 mots à la vitesse de la parole et en comprennent le sens » (20,5 %).
Alain Bentolila a ainsi regroupé la population étudiée. 9 % des jeunes sont « en-deçà du sens des mots » ; 7,3 % sont « en-deçà du sens de la phrase » ; 63,1 % sont « en-deçà du sens d'un texte court » ; 20,5 % sont « au-delà du sens d'un texte court ».
Des résultats qu'il convient bien entendu de rapporter à la population globale des 18-19 ans et qui tendraient alors à montrer que si 79 % d'entre eux lisent et comprennent un texte court, 9,4 % ne peuvent aller au-delà d'une phrase simple, 2,3 étant en-deçà de la compréhension du mot.
Le rapport a ensuite dressé « cinq cartes représentant la distribution de l'illettrisme selon les départements de résidence ». Une cartographie qui place l'Ouest et certains départements du Sud-Ouest dans une situation apparemment favorable du côté des capacités de lecture des 18-19 ans masculins. Une cartographie qui aurait surtout mérité quelques commentaires... afin d'éviter justement que de trop rapides interprétations ne s'en emparent sans mesure...