La formation professionnelle des bibliothécaires
Annie Le Saux
Il fut essentiellement question de personnels territoriaux lors de la journée organisée par le groupe Ile-de-France de l'Association des bibliothécaires français sur la Formation professionnelle des bibliothécaires en Ile-de-France.
Conseiller pour le livre de la Direction régionale des Affaires culturelles d'Ile-de-France, Jacqueline Ayrault a introduit cette journée par une série de réflexions sur les réformes entreprises en 1991.
Beaucoup d'incertitudes
Première remarque : le cursus allant de la catégorie C à la catégorie A manque de cohérence. Certaines catégories professionnelles vont encore travailler dans les bibliothèques sans avoir bénéficié d'une formation obligatoire pré- ou post-recrutement, alors que leur examen de recrutement comporte des épreuves professionnelles.
D'autres remarques sont nées du flou concernant le contenu des nouvelles formations : quel sera-t-il ? Par qui sera-t-il conçu ? D'autre part, il n'y a pas actuellement de réponse à la question sur la formation des formateurs, sur leur identité. Les professionnels seront-ils amenés à y jouer un rôle ?
Enfin, on note beaucoup d'incertitudes sur les nouvelles missions des douze centres régionaux de formation professionnelle après la disparition à terme - 1993-1994 étant la dernière année de préparation à cet examen - du certificat d'aptitude aux fonctions de bibliothécaire, sur le rôle des instituts universitaires de technologie - formeront-ils les assistants qualifiés ? -, sur les liens avec l'université.
Nouvelles missions
Annie Béthery, directrice de Médiadix, regrettant la future disparition du CAFB, dans lequel s'étaient beaucoup investis les centres de formation, a donné des informations précises sur les nouvelles activités, nées des réformes des statuts, du Centre de formation aux carrières des bibliothèques de Médiadix, à l'Université Paris X-Nanterre. Parmi les nouvelles missions de Médiadix, on trouve la préparation aux concours de recrutement pour les catégories A - conservateurs et bibliothécaires d'Etat, des négociations étant en cours avec le Centre national de la Fonction publique territoriale pour les personnels territoriaux - et des actions de formation continue pour les personnels d'Etat et territoriaux. Annie Béthery a ensuite détaillé le programme et le déroulement des études du nouveau Diplôme universitaire de technologie Métiers du livre, organisé sous la tutelle de l'Institut universitaire de Ville-d'Avray et auquel Médiadix est directement associé 1.
Depuis 1991, intervient ensuite Nadine Hermann, responsable de la formation au Centre national de la Fonction publique territoriale, des notions nouvelles sont apparues, notamment celle de la formation post-recrutement, donc après concours, qui figure dans les décrets sous l'expression quelque peu sibylline de « formation initiale d'application ». La pré-formation, c'est-à-dire la préparation aux concours sous l'appellation - qui, là encore, aurait pu être mieux choisie ! - d'« accompagnement aux concours », est également incluse dans le contenu de ces réformes.
Reprenant les concours catégorie par catégorie - le CNFPT n'est compétent que pour les catégories A et B, les catégories C dépendant des centres de gestion -, Nadine Hermann précise que le concours de conservateurs territoriaux obéit à des statuts différents de celui de conservateurs d'Etat, ce dernier est un concours de recrutement, alors que le concours de conservateurs territoriaux, est un concours de réserve. L'organisation du concours de bibliothécaires territoriaux est actuellement à l'étude : un groupe de travail, présidé par Louis Yvert, a été constitué à cet effet.
Formation post-recrutement et formation continue
La formation post-recrutement des personnels territoriaux est de durée variable suivant les corps : 18 mois pour les conservateurs, à l'Ecole nationale supérieure des sciences de l'information et des bibliothèques, à Villeurbanne, comme pour les conservateurs d'Etat, mais à condition que le contenu de la formation prenne en compte les aspects de la lecture publique territoriale ; 12 mois pour les bibliothécaires, sous la responsabilité du CNFPT - la question étant de savoir où elle se fera, si ce sera au tout nouvel Institut de formation des bibliothécaires, où seront formés également les bibliothécaires d'Etat ? ; 6 mois pour les assistants et les assistants qualifiés de conservation.
Ces formations ne vont pas sans poser de nombreux problèmes, tant du côté des élus territoriaux qui recruteront du personnel qu'ils ne verront que 18 mois ou 2 ans plus tard ! que du côté des catégories C ne bénéficiant pas, elles, de formation post-recrutement. Une formation continue, qui ne devrait concerner que les catégories C, suffira-telle à calmer un fort sentiment d'injustice ?
L'ABF organise, depuis 1938, une formation continue sanctionnée par un diplôme homologué depuis 1991 par le ministère du Travail au niveau 5 -c'est-à-dire équivalant à un brevet des collèges. Ce diplôme est souvent demandé pour des postes de niveau C, dans des bibliothèques de comités d'entreprise, dans des relais de bibliothèques départementales de prêt, dans des bibliothèques d'hôpitaux, etc. Françoise Hecquard, de Médiadix, auteur d'un ouvrage 2 sur ce sujet, a détaillé cette formation dispensée dans 25 centres à 7 à 800 personnes par an.
Un public avide d'informations a posé de multiples questions, exposant autant de cas particuliers et de craintes quant à l'avenir, auxquelles il fut difficile de répondre avec précision.