Une nouvelle médiathèque d'école d'art
Béatrice de Durfort
L'Ecole des Beaux-Arts de la Ville de Paris accueillera ses premiers élèves en septembre 1996. C'est un ambitieux projet municipal engagé en 1990. Le Maire en a confié la direction à Jean-Jacques Aillagon.
L'objectif est d'y accueillir 500 élèves afin de compléter la carte des enseignements artistiques du secteur public, notamment par la création d'un premier cycle qui fait actuellement défaut à Paris. C'est une école d'art à part entière assurant une formation complète dans les conditions les meilleures (ateliers bien conçus et bien équipés, outils intellectuels et techniques de qualité...)
Elle sera une école d'art de référence ainsi qu'un lieu ouvert participant au développement de la vie culturelle à Paris.
Cette école, qui sera implantée dans le 12e arrondissement, à Bercy, participe à la politique de rééquilibrage de l'Est parisien voulue par le Maire de Paris et ouvrira ses équipements culturels, médiathèque, salles d'exposition et auditorium, à un public amateur et spécialisé.
Une médiathèque complémentaire
Conçue comme un véritable outil pédagogique au service des professeurs et des élèves ainsi que d'un public plus large, la médiathèque se propose d'être « la » médiathèque d'école d'art qui fait généralement défaut aux écoles en France, c'est-à-dire qu'elle est non seulement source d'information et de documentation mais également source d'imaginaire et de création. Elle couvrira les principaux champs de l'art, de ses pratiques, de son histoire, de la culture, et sera tout particulièrement attentive à l'actualité. Elle présentera sous tous supports les témoignages de la création contemporaine.
Les élèves et les professeurs pourront emprunter des documents pour leur travail.
La première des originalités du projet réside dans le fait même de concevoir cet outil essentiel dès le début du projet d'école. La médiathèque vivra au rythme de l'école et de sa pédagogie et travaillera en étroite symbiose avec les responsables de la programmation des salles d'exposition et de l'auditorium.
Le projet a déjà reçu le soutien et la collaboration du bureau des bibliothèques de la Ville de Paris ainsi que de bibliothèques d'art telles que la bibliothèque Fomey, la bibliothèque du Musée national d'Art Moderne ou encore celle de la conservation des musées nationaux... qui croulent sous les demandes d'un public qu'elles n'ont pas nécessairement vocation à servir. La médiathèque de l'école viendra s'intégrer dans ce panorama non en termes de concurrence mais bien en termes de complémentarité : il s'agira d'y accueillir des étudiants (et notamment ceux de premier cycle souvent refusés, y compris par la bibliothèque d'art et d'archéologie !), des artistes, des enseignants et des amateurs qui trouvent difficilement à se satisfaire des trop peu nombreuses bibliothèques d'art et surtout d'art moderne et contemporain de Paris. Par ailleurs, la médiathèque rendra accessibles des collections de films et vidéos souvent difficiles d'accès hors de projections cinématographiques spécialisées.
Les objectifs assignés à ce projet cinq ans après l'ouverture de l'établissement sont les suivants :
- 80 000 ouvrages (24 000 à l'ouverture de la médiathèque),
- 200 collections de périodiques (3 années complètes à l'ouverture de la médiathèque),
- une base documentaire de 120 000 images fixes (environ 60 000 à l'ouverture de la médiathèque,
- 1 000 heures de documents audiovisuels consultables par robot-serveur et une collection de livres d'artistes contemporains.
L'accès aux documents se fera selon les moyens technologiques les plus contemporains rendant notamment les documents audiovisuels consultables depuis l'ensemble des espaces pédagogiques du bâtiment : auditoriums, salles de cours.
Des modèles pour un projet particulier
L'association de préfiguration réserve plus de 10 % des espaces de l'école à la médiathèque avec une surface de plancher de 1 900 m2. Ainsi celle-ci pourra accueillir en permanence environ 200 personnes : 90 postes de lecture, un espace de consultation plus décontracté pour une trentaine de personnes, des carrels et petites salles de travail en groupe et 20 postes de consultation audiovisuelle pour deux personnes.
D'ici l'ouverture de l'établissement, la Ville de Paris met un local de 400 m2 à la disposition de l'équipe de préfiguration afin qu'elle puisse y organiser le traitement et le stockage des oeuvres acquises.
L'équipe de la médiathèque comptera à terme environ 16 personnes en dehors des techniciens attachés à l'entretien du matériel audiovisuel.
Annie Pissard, ex-adjoint au directeur de la médiathèque de la Cité des sciences et des techniques de la Villette, en assure dorénavant la direction.
Plusieurs créations en France et à l'étranger fournissent des modèles, des méthodes, et leurs expériences abondent la réflexion de l'école des Beaux-Arts, notamment pour tout ce qui concerne l'outil technique, les moyens, etc. Cependant, dans un paysage professionnel en pleine évolution, il importe que la spécificité du projet soit toujours affinée et vérifiée tout au long de son élaboration. C'est ainsi que l'association de préfiguration animera régulièrement des colloques et tables rondes sur des points particuliers du projet, et qu'elle créera une « bibliothèque de campagne » pour accompagner les actions pédagogiques prévues à l'été 93.
Dès son annonce publique en 1990, le projet de médiathèque a rencontré l'intérêt et le support de l'association des amis de Stratis Andreadis, armateur grec, correspondant à l'Académie des Beaux-Arts très attaché à la culture française et décédé en 1989 à Paris. Celle-ci s'est engagée, en 1991, à faire un apport régulier sur cinq ans pour la constitution des fonds qui permettra à la médiathèque de réunir une importante collection de livres d'artistes contemporains et de livres illustrés par de grands peintres. La première acquisition de ce fonds est placée sous le signe de la qualité : il s'agit des 24 fascicules de la revue Verve éditée par Tériade.