Education and Training for Preservation and Conservation
Munich, Londres, New-York, Paris, K.G. Saur, 1991. - VIII-113 p. ; 21 cm. - (IFLA Publications ; 54)
ISBN : 3-598-21782-X.
Ce petit volume constitue la publication des actes d'un colloque tenu à la Bibliothèque nationale de Vienne en avril 1986, auquel participèrent les représentants de 40 pays, et qui se déroula à la suite de la conférence des directeurs de bibliothèques nationales, qui venait de déclarer les problèmes de conservation et de préservation partie intégrante des programmes prioritaires de l'IFLA 1.
Des cours pour tous
Etat des lieux au milieu des années 80 et outil de réflexion offert aux responsables des bibliothèques et de la formation des bibliothécaires et archivistes, il livre la teneur de 15 communications présentées par des collègues du monde entier : Etats-Unis, Espagne, Autriche, Allemagne, Royaume-Uni, Australie, mais également de pays en développement (Nigeria, Inde, Philippines, Kenya, Chine populaire...). On notera tout de même l'absence d'orateurs français, lesquels auraient pu évoquer une situation nationale qui n'aurait pas eu à rougir, comparée à celles présentées par les différents intervenants. Seul un enseignant de l'ENSB 2 participait à cette rencontre, en qualité d'auditeur !
On ne s'attardera pas ici à résumer des exposés-état des lieux, dont les propositions sont résumées par neuf résolutions arrêtées à l'issue des travaux, et qui clôturent l'ouvrage. Parmi elles, citons le développement de l'enseignement en la matière, la création de centres de recherche sur la conservation dans les pays du Sud, l'échange d'enseignants et d'experts, l'élaboration de directives d'enseignement, ou le renforcement des actions spécifiques au sein des organismes intemationaux.
Derrière des situations nationales contrastées, qui tiennent au niveau économique des pays représentés, à leurs conditions climatiques particulières, à celles des personnels incriminés aussi divers que les archivistes, les conservateurs de fonds précieux, les bibliothécaires généralistes, les « spécialistes de l'information » en tous genres, les restaurateurs..., les intervenants, évoquant les cursus existant dans leurs pays respectifs, s'accordent pour juger indispensables et obligatoires des cours sur la préservation et la conservation des différents types de documents, non seulement pour les spécialistes, mais, à des niveaux différents, pour tous les personnels tant dans la formation initiale que dans la formation continue. L'éducation du lecteur y est même évoquée, bien que de façon succincte.
Prise de conscience internationale
Constatant que l'enseignement jusque là dispensé dans les divers cursus se limitait trop souvent à l'« information science » anglo-saxonne, ils mettent en évidence une lacune importante dans le domaine de la conservation, lacune qu'il s'avère urgent de combler en s'adaptant aux facteurs locaux. Il convient d'ailleurs de souligner que plusieurs exposés insistent sur la nécessité de lier cet enseignement à la recherche, considérée comme l'un des aspects à part entière du métier de bibliothécaire.
La publication des communications s'accompagne d'un tableau des qualifications requises des enseignants de préservation et conservation, brossé par Ann Russell, des recommandations en la matière adoptées par la conférence des directeurs de bibliothèques nationales des 7-10 avril précédents, d'une bibliographie de base sur la préservation, complétée par un supplément bibliographique portant sur cet enseignement spécifique. On doit cependant regretter que ces deux bibliographies ne soient presque qu'exclusivement constituées de références en anglais, et que les rares auteurs français recensés ne le soient que pour des articles traduits en cette langue. Cette hégémonie souligne, au-delà de la diversité des participants et intervenants à ce colloque, le primat qu'y ont tenu les orateurs américains au détriment de leurs homologues européens. Par ailleurs, et bien qu'elle soit évoquée assez rapidement par plusieurs intervenants, qui insistent surtout sur les aspects techniques de la conservation, il nous semble devoir souligner l'importance de l'histoire du livre au sens large. Le meilleur technicien ne fera jamais de bonne conservation s'il méconnaît l'histoire de la fabrication et des usages des objets confiés à sa garde, comme celle des matériaux qui les composent.
Au terme de ce rapide survol d'un ouvrage suggestif aussi bien dans ses affirmations que dans ses silences, on doit reconnaître qu'il constitue la preuve d'une prise de conscience internationale, et d'un tournant dans les pratiques professionnelles. Comme le soulignent les auteurs, il y a encore fort à faire dans ce domaine, mais un peu partout on s'y attelle. On est obligé de constater que la situation française en la matière était déjà fort honorable au moment de ce colloque et que les orientations que cet enseignement a prises depuis, même si elles demeurent encore insuffisantes, s'inscrivent tout à fait dans la ligne arrêtée alors. Il est donc dommage que notre pays n'ait pas, à cette occasion, fait entendre sa voix.