Éditorial

Les usages sont, plus que jamais, au centre des réflexions sur les politiques à mettre en œuvre par les bibliothèques et centres de documentation. La diversité des usages potentiels, effectifs ou à susciter, s'impose comme un élément essentiel et fondateur des choix à effectuer, qu'il s'agisse de réfléchir à la définition même du lieu, à sa mise en espace, à ses collections, aux supports sélectionnés, à la manière de les offrir.

Cette livraison du Bulletin, dans son apparente diversité même, en est une éclatante illustration.

Qu'est-ce qui fonde les nouvelles recherches sur l'utilisation des bases de données ? La volonté d'explorer toujours plus précisément les façons de faire des publics - ici en cherchant à mieux connaître l'organisation, ou la non-organisation... des connaissances chez un public non spécialiste.

Qu'est-ce qui peut expliquer les « revirements » technologiques actuels, qui voient le CD-ROM détrôner - peut-être provisoirement - les bases de données en ligne, ou les bases plein-texte risquer de remettre en cause le fonctionnement même de certains services de bibliothèques ? Encore et toujours les usages : pour des raisons de coût, de qualité des produits, en terme de commodité d'usage pour les uns ou de fraîcheur de l'information pour les autres. Et les années à venir ne manqueront pas de nouvelles remises en cause, dont les origines ne seront pas seulement l'évolution des techniques, mais bien leur adéquation à tel ou tel usage, sous telle ou telle contrainte.

Qu'est-ce qui fédère et rapproche aujourd'hui les professionnels des bibliothèques et de la documentation si ce n'est une volonté renouvelée, toujours davantage précisée, de proposer des services autorisant des mutiplicités d'appropriation, expertes et spécialisées ou au contraire plus généralistes et moins ciblées ? Les tentatives de mutiples déclinaisons de l'offre et de ses modalités à la médiathèque de la Villette, la variété très grande des utilisateurs potentiels de la documentation dans un hôpital en sont deux témoignages. Toute bibliothèque ne devrait-elle pas ainsi se doter d'une « charte », régulièrement mise à jour, qui précise ses objectifs et ses priorités, les moyens adoptés pour les mettre en oeuvre ? Qu'est-ce qui peut empêcher qu'un jour la diversité de ces usages et de ces usagers ne les transforment en autant de concurrents potentiels dans le bénéfice des services documentaires ? Sans aucun doute la publicité des objectifs de la bibliothèque, qui se doit d'expliquer à ses utilisateurs la diversité de ses missions et de les y associer.