Guide pratique des métiers du livre 1991-1992

par Jean-Pierre Brèthes
préf. Henri Focillon ; postf. J. Fléty. 2e éd.
Paris : Technorama, 1991. - 120 p. ; 25 cm
ISBN 2-904-918-12-4 - : 150 F.

Dans notre monde où l'incertitude de l'emploi domine, nous sommes tous demandeurs de renseignements sur les formations, particulièrement dans les domaines qui touchent à notre activité. C'est à quoi répond le Guide pratique des métiers du livre, dont voici la seconde édition. Il s'agit d'un répertoire d'adresses des « acteurs qui concourent à la protection et à l'ennoblissement des livres anciens et modemes » et de « ceux qui ont la charge de les proposer au public par le biais des librairies spécialisées ou des bibliothèques ».

On trouvera donc ici regroupés dans un classement géographique (par ordre alphabétique des départements) les relieurs, les doreurs, les marbreurs, les restaurateurs de livres, les bibliothèques disposant d'un fonds de livres anciens, les experts de livres, les librairies de livres anciens et modemes, les écoles professionnelles en arts graphiques, imprimerie, reliure, formation de bibliothécaires, etc., ainsi que quelques adresses utiles en fin de volume : associations de bibliophiles, groupements professionnels, fournisseurs, administrations, revues spécialisées, conseillers pour le livre et la lecture.

On est donc bien en présence d'un annuaire d'adresses qui devra être mis à jour et complété aussi souvent que possible. Les renseignements fournis par les notices sont en effet restreints. Pour les artisans du livre (relieurs, doreurs, marbreurs, restaurateurs), chaque nom est suivi de l'adresse et du numéro de téléphone, de la mention éventuelle d'affiliation à la Chambre syndicale nationale, de diplôme et de formation reçue, ainsi que du type de travail effectué : ainsi pour les relieurs, on saura s'ils pratiquent la reliure d'art, la reliure courante, la reliure soignée, la reliure administrative, la reliure à décor, la reliure de luxe, la mosaïque, la reliure de bibliophilie, la spécialité parchemin. Ceux qui donnent des cours ou organisent des stages sont signalés.

La notice des bibliothèques comprend le nom, l'adresse, le numéro de téléphone et une indication sommaire sur l'étendue et la richesse du fonds ancien. Une erreur de code situe Nantes dans les Landes, département justement non représenté. On trouvera essentiellement des bibliothèques municipales (207), quelques bibliothèques de musées (5), d'université (4) ou de Paris (9 seulement). Il sera intéressant, pour une publication prochaine, d'étendre la recherche du côté des bibliothèques spécialisées publiques ou privées dont les fonds anciens sont accessibles et qui mériteraient d'être répertoriées.

Les experts de livres sont peu nombreux, essentiellement parisiens (24, contre 10 en province) : pour chacun d'entre eux, la spécialité est donnée. On aura ici le même type de renseignements pour les libraires signalés, qui sont essentiellement libraires de livres anciens : 327 sont cités, dont 114 de Paris ou région parisienne, parmi lesquels 46 ont leur local dans le 6e arrondissement. Les établissements d'enseignement professionnel sont au nombre de 118, qui préparent à des diplômes variés - CAP, BEP, BT, BTS, DNAT, CAFB, DEUST, DUT, etc. - dans les matières suivantes : composition, imprimerie, industrie et arts graphiques, reliure-dorure, photographie, bibliothèques, archives, édition, cartonnage, restauration... Ce sont des lycées, des écoles professionnelles ou techniques, des centres de formation d'apprentis, des ateliers d'art, des associations, des cours privés, des universités, parmi lesquels les centres régionaux de formation aux métiers du livre sont cités. On relèvera que la mise à jour ne semble pas être tout à fait actualisée pour les adresses et numéros de téléphones (il est vrai qu'il y a le Minitel !) : ainsi la bibliothèque principale et le numéro de téléphone du Centre du Mans sont également affectés à Poitiers. Néanmoins, on a là un répertoire d'adresses des plus utiles pour répondre à des questions sur des métiers du livre.

Par ailleurs, les deux petits textes qui servent de préface et de postface sont deux joyaux qui honorent le livre et ses artisans. La préface d'Henri Focillon est reprise de celle qui ouvrait Le livre, son architecture, sa technique, de Marius Audin (2e éd., Paris, 1924) ; c'est une merveille de subtilité, qui compare le livre à une maison, les pensées à ses habitants, la typographie à l'architecture, l'ensemble générant « la même vertu essentielle, le style ». J. Fléty dans sa postface rend un hommage attendri aux colporteurs et surtout aux bouquinistes des quais de Paris, dont il dresse un rapide survol historique. Il cite longuement le petit ouvrage d'Alexandre Piédagnel, Un bouquiniste parisien : le père Lécureux (Paris, 1878), donne un court extrait d'un livre de Paul Lacroix (pseud. Bibliophile Jacob), Ma République (Bruxelles, 1855), et termine par un savoureux poème d'Edmond Dufour, tiré de Pour l'idéal (Paris, 1897).

Puisse ce modeste répertoire nous rappeler que le livre a encore de beaux jours devant lui, tant qu'il trouvera pour l'aimer, le fabriquer, le protéger, le restaurer, des professionnels de qualité, tant que des formateurs décidés, entreprenants, nombreux, assureront la pérennité des techniques liées à tous ces métiers, tant que perdura l'amour du Beau, «capable de nous procurer les plus rares et les plus mystérieux plaisirs » (Henri Focillon).