Tableaux statistiques de la presse

1989/1990

par Jean-Pierre Brèthes

Ministère de la Communication, Service juridique et technique de l'information

Paris : La Documentation française, 1991. -103 p. ; 30 cm. (ISSN 0338-1994)
ISBN 2-11-002624-3 : 60 F.

Jusqu'en 1987, le Service juridique et technique de l'information (SJTI) publiait les résultats de l'enquête statistique annuelle Presse-éditeur sous le titre Presse et statistiques. Désormais, les Tableaux statistiques de la presse (1re éd. en 1990, pour l'enquête et les résultats de 1987-1988) ont pris le relais. Sous cette nouvelle forme, l'ouvrage obéit à la structure suivante pour l'édition des résultats de 1989 : présentation commentée des résultats de l'année ; données détaillées de l'enquête du STJI pour 1989 ; données complémentaires issues d'autres sources d'information, venant notamment des enquêtes du ministère de l'Industrie et du ministère de la Culture (Les Pratiques culturelles des français) ou des études et évaluations de l'INSEE 1. En outre, innovation cette année, les résultats provisoires concernant 1990 ont pu être mis en place, après être parus dans Les chiffres clés 1982-1990 2.

L'érosion des quotidiens nationaux

Les tableaux statistiques publiés permettent d'analyser la presse sous cinq angles : nombre de titres, tirage et diffusion, chiffre d'affaires (avec deux composantes : ventes et recettes publicitaires), éléments de charges d'exploitation, consommation de papier. Notons que la méthodologie et les champs de recherche sont clairement posés et définis, ainsi que les définitions nécessaires à la compréhension des statistiques. Enfin, la nomenclature de classification de la presse par catégories et sous-catégories (avec un exemple-type pour chaque sous-catégorie) est détaillée.

Le chapitre 1 décrit et commente les mouvements essentiels des années 1989 et 1990. La baisse du nombre de titres se poursuit, notamment en information générale et politique locale (de 428 titres en 1987, on passe à 401 en 1989). La concentration reste très marquée, puisque 9,7 % des titres font 80 % du chiffre d'affaires, et que 7,9 % des titres recueillent 80 % des ressources publicitaires. La diffusion totale est stable (- 0,2 % en 1989), mais celle des quotidiens continue à chuter (- 2,8 % en 1989, contre, il est vrai, - 3,9 % en 1988). Certaines catégories sont en forte hausse (+ 16,5 % pour la presse de loisirs, + 12,6 % pour la presse économique), d'autres en forte baisse (- 17,9 % pour la presse masculine, - 12,4 % pour la bande dessinée). On note l'importance prise par le portage dans la diffusion des quotidiens (15,2 %).

La hausse des prix a été inférieure à l'indice général (+ 1,4 % pour les quotidiens, + 2,8 % pour les magazines). Le chiffre d'affaires global a pourtant augmenté de 8,7 %, grâce à un fort accroissement des recettes publicitaires (+ 14,5 %), mais le poids de ces dernières est très variable selon les catégories. Leur progression est cependant continue depuis 1983 et elles représentent 42,3 % du chiffre d'affaires en 1989. Les quotidiens qui font 51,6 % du tirage global ne représentent que 35,8 % des ventes et 38,3 % du chiffre d'affaires.

Les charges d'exploitation évaluées par l'enquête ne prennent pas en compte les frais généraux ni les dépenses de commercialisation et de promotion, si importantes aujourd'hui, mais seulement les dépenses de papier (12,5 % du chiffre d'affaires), les frais d'impression (19,3 %) et les frais de rédaction (12 %). On note que la consommation de papier augmente plus vite que le tirage, signe de l'accroissement de la pagination, notamment par la mise en place de nombreux suppléments, numéros hors-série.

Si l'on regarde les tableaux rétrospectifs 1982-1990 (chapitre 2), on peut tirer certaines conclusions. D'abord la baisse générale et continue de la diffusion de la presse d'information générale et politique nationale (- 11,8 %) et locale (- 6,2 %). En fait, l'érosion concerne surtout les quotidiens nationaux non spécialisés (-10 % de 1986 à 1989). Certaines catégories progressent fortement : + 28 % pour la presse TV-spectacles (mais elle stagne depuis 1987), + 43 % pour la presse économique, + 14 % pour la presse féminine (mais elle stagne depuis 1986). Une catégorie est en chute libre : - 66 % pour la presse de bande dessinée.

La presse radio-TV remporte la palme

Le chiffre d'affaires prouve que tout ne va pas si mal, et certaines catégories ont beaucoup progressé : + 174 % pour la presse des jeunes, + 183 % pour la presse culturelle, + 241 % pour la presse commerciale, + 266 % pour la presse finances-Bourse ! La part des recettes publicitaires dans cette progression est importante, mais les recettes liées aux ventes sont en hausse aussi, même pour les quotidiens nationaux (+ 49 % depuis 1982, toutefois, en 1989, on est revenu aux chiffres de 1986).

Les données détaillées de 1989 (chapitre 3) sont fort intéressantes. 2 880 titres sont dénombrés, dont 66 pour la presse nationale d'information générale et politique, 401 pour la presse locale de même type, 830 pour la presse spécialisée grand public, 1 211 pour la presse spécialisée technique et professionnelle, 372 pour les journaux gratuits d'annonces, chacune de ces catégories étant subdivisée selon la nomenclature déjà citée : on voit ainsi qu'en dépit de ses difficultés, la presse de bande dessinée compte encore 74 titres, dont 68 pour les jeunes. On découvre aussi qu'il existe 135 périodiques de mots croisés et 255 périodiques médicaux, alors que la presse masculine (prototype Lui) ne compte que 10 titres.

Les chiffres des tirages moyens et des invendus sont aussi très significatifs. Les quotidiens nationaux (9 titres) tirent en moyenne à 294 000 erxemplaires, ont 27 % d'invendus et 13,5 % de ventes par abonnement. Les quotidiens régionaux, eux, tirent en moyenne à 102 000 exemplaires, réalisent 22,1 % de ventes par abonnement, et ajustent mieux leur tirage, avec seulement 10,9 % d'invendus. Dans la presse spécialisée grand public, personne ne sera surpris d'apprendre que la presse radio-TV remporte la palme du tirage moyen (746 000 exemplaires) et qu'elle représente plus de 8 % de l'ensemble total de la presse vendue. On note avec intérêt les tirages élevés de la presse scientifique (154 000 exemplaires en moyenne) et de culture générale (92 000).

Le chiffre d'affaires (cf. tableau) mérite également d'être examiné, notamment la proportion des ventes (achats au numéro, abonnements) et de la publicité (commerciale, petites annonces).

Quelques données complémentaires (chapitre 4) nous rappellent fort opportunément que 21 à 26 % des Français (selon les sources) ne lisent jamais un quotidien, que le prix de la presse a davantage augmenté que le coût de la vie (depuis 1980), que la diffusion de la presse à l'étranger semble en baisse, que le montant des aides de l'Etat à la presse n'est pas négligeable, que le tirage global des quotidiens a chuté de 30 % depuis 1968, qu'il y a 585 entreprises de presse de plus de 10 personnes, et qu'elles emploient, en 1989, 55 364 personnes, avec une relative concentration : 30,3 % des effectifs et 28,2 % des ventes pour les dix premières entreprises.

Cet instrument de travail, qui doit encore s'améliorer, avec notamment davantage d'informations sur les entreprises, est de ceux qui peuvent réconcilier les bibliothécaires sur les statistiques, pour peu du moins qu'ils s'intéressent à l'évolution de la presse. On regrettera simplement que certaines définitions ne soient pas données, en particulier la « presse de groupement », exclue du champ d'investigation de cette enquête.

Illustration
Pourcentage du chiffre d'affaires

  1. (retour)↑  Institut national des statistiques et des études économiques.
  2. (retour)↑  Gratuit. Disponible sur demande au STJI, Hôtel de Clermont. 69 rue de Varenne 75700 PARIS.