Lire en Val-d'Oise
rapport au Conseil général du Val-d'Oise
Françoise Danset
ISBN 2-907499-05-X
Cet ouvrage est un panorama très complet des possibilités offertes aux habitants du département dans le cadre de la lecture publique.
L'introduction situe bien le problème de la lecture dans le contexte de la société contemporaine, face à une certaine désaffection par rapport au livre, en affirmant qu'« il est nécessaire d'accompagner les mutations des pratiques culturelles, en inventant de nouvelles formes de communication : les bibliothèques deviennent des médiathèques », ce qui n'empêche pas la lecture de rester une pratique de première importance ; la mise à disposition de tous les supports de l'écrit pour tout public est par conséquent une mission qu'il faut se donner les moyens d'accomplir.
Une première partie situe l'effort en faveur de la lecture dans le cadre de la décentralisation de l'action culturelle rappelant les textes qui fixent les compétences de chacun des divers types de bibliothèques, les aides qui peuvent être consenties par l'Etat ou d'autres organismes publics, les conventions qui peuvent être signées avec la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC), renseignements d'autant mieux venus que ces sources de financement sont, au dire de l'auteur, encore trop peu souvent utilisées pour le livre et la lecture.
Une conclusion sombre
La deuxième partie est une analyse très pointue de l'offre de la lecture dans un département de plus d'un million d'habitants ; elle est d'autant plus intéressante qu'elle est toujours doublée d'une tentative d'analyse de la demande et d'un jugement sur l'adéquation de l'une à l'autre, aspect qui manque trop souvent dans des recherches de ce genre. Plus de 1 200 questionnaires d'enquêtes ont été adressés non seulement aux bibliothèques municipales mais aussi aux services de la petite enfance (226), aux foyers de retraite (117), aux écoles maternelles et primaires (800). Les taux de réponses sont très variables, le panorama ne vise pas à l'exhaustivité mais s'efforce de ne rien laisser dans l'ombre.
La conclusion qui clôt l'étude sur les bibliothèques municipales est sombre, faisant état de l'insuffisance des surfaces, des équipements informatiques, des fonds anciens et audiovisuels. Huit cartes du département localisent les bibliothèques municipales, indiquant leur surface, l'importance des fonds, le niveau d'informatisation, etc. Elles mettent en évidence le déséquilibre de leur répartition géographique.
Une étude spéciale est consacrée à la bibliothèque centrale de prêt, à ses bibliobus et à l'aide, jugée encore insuffisante, qu'elle apporte à la création de nouveaux équipements, indispensables dans les zones à forte croissance démographique. Les quinze projets à échéance de trois ans sont décrits.
L'objectif lecture
L'examen des problèmes qui se posent aux bibliothèques municipales souligne les difficultés concernant l'accueil des adolescents et des étudiants, le manque de personnel bien formé, la mauvaise maîtrise des outils d'évaluation et propose des solutions qui visent toujours à organiser une coopération entre les diverses bibliothèques. Dans ce but, suit un examen détaillé des « autres lieux » où se trouvent des lecteurs potentiels, lieux d'accueil de la petite enfance, des personnes âgées, des mal-voyants, des milieux défavorisés parfois illettrés, des comités d'entreprise, de l'école, des hôpitaux et prisons.
Une liste d'une vingtaine de bibliothèques spécialisées et centres de documentation situés dans le département et d'une série d'associations et comités divers concernés par la lecture complète ce tableau qui nous renseigne également sur leur fonds et leurs activités.
La troisième partie décrit les « objectifs » en vue de conquérir de nouveaux publics, avec cette formule assez heureuse : « Tout ce qui empêche l'accès au livre, à la lecture, à l'information, à la culture est un handicap social majeur ». Resterait à trouver la nature de ces obstacles : problème très complexe... Ici, les solutions sont proposées en terme de solidarité sociale auprès des milieux divers recensés dans la partie précédente ; les « moyens », avec une nouvelle orientation de la bibliothèque centrale de prêt et une augmentation des financements.
En annexe, des extraits de la circulaire sur la décentralisation concernant l'« objectif lecture », une bibliographie (27 titres), des « adresses utiles » dont le regroupement représente un outil de travail bienvenu.
On ne peut qu'encourager la réalisation de monographies de ce genre qui met en évidence la nécessité de regrouper tous les efforts, beaucoup trop dispersés aujourd'hui, en faveur de la diffusion de la lecture. Un tel travail représente une étape préliminaire indispensable, dans le cadre des responsabilités régionales.