Congrès des directeurs de BU

Martine Poulain

Les derniers jours de septembre ont été, comme chaque année, l'occasion pour les directeurs de bibliothèques universitaires de faire le point sur les questions que leur posent la politique et la gestion de leur établissement.

Dans sa synthèse finale, Geneviève Boisard, présidente de l'ADBU 1, a rappelé que le décret de 1985, en créant les services commun de documentation, a fait des bibliothèques universitaires leur cœur. Si en de nombreux endroits les SCD et les SICD 2 se mettent en place de façon satisfaisante, ce n'est pas le cas partout. L'accueil, nécessaire et urgent, des flots d'étudiants de premier cycle ne peut se faire au détriment des deuxièmes et troisièmes cycles. Il faut réussir à coordonner l'ensemble des moyens documentaires de l'université.

Or, l'importance de la documentation n'est pas toujours bien comprise par ceux-là même qui devraient en être les premiers défenseurs : dans tel document officiel du ministère de l'Education nationale, les bibliothèques sont mentionnées en quelques lignes dans un chapitre concernant les mesures sociales d'aide aux étudiants.

Geneviève Boisard a plaidé pour du personnel supplémentaire, question que ne résoud pas l'existence des moniteurs étudiants : il faudrait d'ailleurs allonger la durée de service de ces derniers afin qu'ils puissent être un réel soutien au fonctionnement des bibliothèques. Si les crédits de fonctionnement sont aujourd'hui plus décents, la Présidente plaide pour un répertoire informatisé des bibliothèques, qui travaille selon la méthode Conspectus, et qui soit interconnecté avec des bibliothèques étrangères. Des avancées dans l'informatisation doivent être faites : le Pancatalogue doit devenir la base commune, y compris pour le catalogage rétrospectif. Les bibliothèques universitaires attendent impatiemment un schéma directeur et souhaitent qu'une politique de sites privilégiés s'accompagne d'une prise en compte des besoins de tous. Elles souhaitent avoir des moyens pour assurer la conservation de leurs fonds patrimoniaux.

L'orchestre et la solitude

Métier difficile que celui de directeur de BU, dit encore Geneviève Boisard : celui-ci souffre parfois de manque de communication avec le Président de l'Université. Homme-orchestre et homme seul, il est « exposé et abandonné par son administration centrale ». D'où la nécessité de l'Inspection générale. Un conservateur a aujourd'hui encore certaines difficultés à faire reconnaître son métier et les nouveaux statuts ne régleront en rien la situation des directeurs.

Malgré ces problèmes, les dernières années ont été, pour la présidente de l'ADBU, des années de dynamisation du métier et de belles réalisations. Jean-François Potton, représentant le Directeur des personnels des enseignements supérieurs, donna son sentiment sur quelques-uns de ces points ; les métiers ont évolué : diriger une BU n'est plus affaire de colloque singulier entre l'administration centrale et le directeur. La diversité des tâches et des partenaires est plus grande. Mais la Direction des personnels d'enseignement supérieur soutient et soutiendra les directeurs dans leurs relations avec les présidents d'université et dans le choix de leur personnel. Côté statuts professionnels, la scolarité à l'ENSSIB 3 est portée à 18 mois dès cette année, sans attendre la parution des dits statuts qui devrait intervenir fm octobre. Il n'y aura plus de corps d'inspection générale, mais des fonctions d'inspection confiée à des conservateurs généraux selon un découpage à la fois géographique et thématique. Enfin le représentant de la Direction des personnels estime que, non seulement le statut de directeur de BU ne se dégrade pas, mais que les nouveaux statuts vont lui « faire faire des sauts considérables ».

Les nouvelles tâches

A côté d'un bilan des réalisations effectuées ou en cours à la sous-direction des bibliothèques (Répertoire des CADIST, Atlas de la France universitaire, Annuaire ESGBU 4, côté édition et évaluation ; budgets en augmentation, informatisation « en très net progrès », personnel supplémentaire, côté infra-structure lourde), Daniel Renoult a dressé une liste des chantiers à poursuivre. L'enquête ESGBU 1989 a par exemple montré l'augmentation importante du nombre des inscrits en bibliothèque (+14 % en un an), plus forte que la population étudiante dans le même temps (+7 %) ; les heures d'ouverture des bibliothèques ont augmenté de 5 à 9 % ; les acquisitions totales qui étaient de 470 000 ouvrages en 1989 devrait avoisiner les 500 000 en 1991.

Les tâches sont donc :
- d'améliorer l'accueil des étudiants, particulièrement dans le Nord et l'Ouest, et par exemple par les délocalisations ;
- de continuer la mise en place d'une politique contractuelle qui renforce l'intégration des bibliothèques dans les universités ; une telle politique rend, il est vrai, le bibliothécaire moins autonome, mais l'amène à nécessairement s'entendre avec le Président d'université ;
- de renforcer le rôle de l'Etat en tant que conseil, études, appréciation.

L'année 1992 sera fertile en échéances : nouveaux programmes de formation, nouvelles procédures de recrutement puisque nouveaux statuts ; dernière tranche de la contractualisation avec la région Ile-de-France ; évaluation à miparcours des contrats première et deuxième vagues ; achèvement de la réforme statutaire des SCD ; mise en œuvre du chantier Universités 2000 et du programme de constructions ; installation de la Bibliothèque d'art et d'archéologie rue de Richelieu.

Restent deux terrains d'investissement :
- la lecture étudiante. Que l'on considère que les étudiants lisent peu ou pas assez, voire qu'ils ne lisent plus, on doit penser cette question de manière globale : comment faire de l'université et de ses composantes un lieu d'offre de lecture, qui, de manière variée, plurielle, suscite chez les étudiants le goût et la curiosité du livre ? Une telle volonté ne peut se concevoir sans mettre en œuvre les partenariats les plus divers. C'est pour réfléchir à de telles propositions qu'une mission pour le développement de la lecture dans les universités a été créée.
- le « scandale permanent » qu'est la perpétuation d'un double ou triple système de documentation dans les universités. Il ne s'agit pas bien évidemment de chercher à revenir sur cet état de fait, mais de mieux le connaître (une enquête conduite par l'Inspection générale devrait apporter de nouvelles précisions) et surtout de faire en sorte que cette multiplicité soit conçue dans l'intérêt général et non pour servir des intérêts particuliers. On sait en effet que si les bibliothèques universitaires dépensent aujourd'hui 196 F par étudiant et par an, le chiffre double ou triple, si l'on considère l'ensemble des dépenses documentaires de l'université.

  1. (retour)↑  ADBU : Association des directeurs de bibliothèque universitaire.
  2. (retour)↑  SCD : Service commun de documentation. SICD : Service inter établissement de coopération documentaire.
  3. (retour)↑  ENSSIB : Ecole nationale supérieure des sciences de l'information et des bibliothèques.
  4. (retour)↑  ESGBU : Enquête statistique générale auprès des bibliothèques universitaires.