Itinéraire pour la publication
guide de la communlcation écrite
Bernard Wodon
Christian L'Hœst
Les enseignants savent, tout comme les bibliothécaires, que beaucoup d'étudiants, lorsqu'ils entreprennent pour la première fois un travail de recherche de quelque ampleur, se trouvent démunis devant l'abondance toujours croissante de la documentation disponible, au sein de laquelle il n'est guère aisé d'opérer une sélection pertinente. L'insuffisante préparation des jeunes chercheurs concerne aussi la manière de présenter les résultats de leurs investigations en conformité avec les usages de la communauté scientifique internationale. Aussi, depuis quelques années, les ouvrages se sont multipliés, qui visent à familiariser les candidats à différents titres académiques avec le monde complexe de la collecte et de la critique des sources, de la bibliographie générale et spécialisée, sans parler de l'art et de la manière de rédiger, dactylographier, illustrer, voire mettre en page un article, un mémoire ou une thèse.
Un propos ambitieux
Parmi les plus récents de ces guides, figure l'itinéraire pour la publication qu'ont accompli deux bibliothécaires belges, Bernard Wodon et Christian L'Hoest. L'activité qu'ils exercent dans le domaine de la documentation, les travaux universitaires jalonnant leur cursus honorum, ainsi que l'enseignement que l'un et l'autre dispensent, les plaçaient en bonne situation pour tenter d'opérer « un essai de compromis cohérent et précis » entre les usages quelque peu différents en vigueur dans l'alma mater et au sein des bibliothèques, archives ou centres de documentation. En dépit de dimensions extrêmement réduites, l'ouvrage est fort ambitieux dans son propos - plus que ne le laisse entendre la seule lecture du titre - et par l'ampleur de la matière qu'il traite, contraignant bien souvent les auteurs à de simples allusions.
La première partie de l'Itinéraire, dont l'intitulé (« stockage de la documentation ») peut prêter à confusion, propose - en trois pages 1 - une « typologie des sources », qu'elles soient ou non écrites, ainsi qu'un examen des différentes sortes de bibliographies. Notons au passage que Bernard Wodon et Christian L'Hœst, assez curieusement, opposent bibliographies « générales» » et bibliographies « spéciales » (p. 17), alors que l'on eût plus volontiers attendu sous leur plume le qualificatif de « spécialisées », consacré notamment par les travaux de Louise-Noëlle Malclès, puis de Marcelle Beaudiquez, auxquels pourtant il est fait référence. Ces notions eussent d'ailleurs mérité un plus ample développement.
Des raccourcis
Dans les treize pages de la seconde partie, les auteurs se proposent d'initier le lecteur aux différents problèmes de la critique des documents, qu'elle soit « externe » ou « interne ». Il est permis de s'interroger sur l'utilité réelle de ce raccourci par trop saisissant. La complexité des problèmes - es auteurs le savent bien - est telle qu'il eût sans doute mieux valu se contenter d'un renvoi à un ouvrage de référence tel que L'Histoire et ses méthodes - pour ne citer qu'un exemple bien connu -, plutôt que d'« expédier » le sujet d'une façon aussi légère.
D'un plus grand profit, sans doute, sera la troisième partie, « Présentation du manuscrit d'auteur », qui s'intéresse aussi bien au choix et à la délimitation du sujet, qu'au plan du travail ou encore à la mise en forme du document. Plus que la petite liste d'abréviations françaises, peut-être superflue (mais complétée, il est vrai, par des abréviations latines et musicales), on retiendra les « consignes orthographiques » (emploi des majuscules, des minuscules, etc.), au sujet desquelles règne souvent un certain flou dans les esprits et les usages ; les recommandations en matière de dactylographie, ainsi que pour la réalisation des illustrations.
Relevons aussi le chapitre deux, relatif aux références bibliographiques, fort complet, puisqu'il envisage non seulement les cas courants des monographies, des périodiques, des catalogues d'exposition, etc., mais aussi ceux, moins fréquents, des sources d'archives, travaux universitaires divers - généralement non publiés -, ouvrages en cours de publication, disques, films, émissions radiophoniques, œuvres graphiques...
Fort synthétique, elle aussi, la quatrième et dernière partie (« l'Edition ») réunit les informations générales sur le fonctionnement des maisons d'édition, sur le circuit fort long qu'y accomplit un manuscrit proposé à la publication (chapitre un) et des indications beaucoup plus pratiques d'ordre typographique (choix de caractères, correction des épreuves...) ou esthétique (mise en page). Les deux ultimes chapitres s'intéressent aux problèmes de la propriété intellectuelle (droits d'auteur) et à la diffusion des ouvrages édités. Enfin, un appendice concerne le catalogue, ses règles, ainsi que les systèmes de classification. Sans doute le lecteur sera-t-il surpris de n'y découvrir aucune allusion, si brève fût-elle, aux systèmes informatisés, alors que les auteurs fournissent, au sujet des fiches, toutes les précisions souhaitables, y compris leurs dimensions !
En résumé, l'itinéraire pour la publication de Bernard Wodon et Christian L'Hœst pourra rendre, ponctuellement, de réels services aux apprentis-chercheurs. Il reste toutefois que les auteurs, en voulant trop embrasser, ont peut-être mal étreint, consacrant des pages comptées, forcément trop brèves, à des aspects fondamentaux de la recherche scientifique, lesquels eussent mérité, dans un autre cadre, d'amples réflexions. N'eût-il pas été préférable de réserver cet espace mesuré à un plus important développement des informations pratiques, fort utiles, que contient l'ouvrage ?