L'annuaire des bibliothèques universitaires 1988
résultats de l'enquête statistique générale auprès des bibliothèques universitaires (ESGBU)
La Documentation française, 1991. - 71 p. ; 30 cm.
ISBN 2-11-002521-2
Depuis 1985, date de la dernière publication dans le BBF 1, la diffusion des résultats de l'Enquête statistique générale auprès des bibliothèques universitaires (ESGBU) restait limitée aux seules bibliothèques concernées. Cette restriction s'applique aux bibliothèques départementales de prêt 2 (anciennement BCP) depuis 1985 également et aux bibliothèques municipales 3 depuis 1983. Les professionnels qui souhaitent apprécier l'évolution actuelle sont privés d'un panorama d'ensemble, alors que la politique du livre, de la part de l'Etat comme de celle des collectivités locales et territoriales, bénéficie d'une attention accrue depuis une décennie.
Perspective historique
Aussi, dans ce contexte, convient-il de saluer l'initiative de la Sous-direction des bibliothèques qui édite un Annuaire des bibliothèques universitaires pour 1988, présenté sous une agréable couverture à la maquette d'une sobre élégance. Ne se bornant pas à fournir les résultats de l'année de référence, cette brochure analyse et commente les données, qu'elle replace dans une perspective historique en établissant des comparaisons avec des « années repères », 1979, 1983, et 1987. Elle classe également les bibliothèques selon les critères d'évaluation traditionnels.
Après une introduction présentant les grandes tendances de 1988, l'annuaire se décompose en plusieurs secteurs : résultats bruts de 1988 par bibliothèque (tableaux I à XV) ; classement des bibliothèques en 1988 pour les données fondamentales : public, circulation des documents, prêt entre bibliothèques (PEB), moyens en personnel, budget, collections, acquisitions (tableaux XVI à XXIX) ; tableaux situant l'évolut ion sur dix ans, où interviennent les résultats des années 1979, 1983, 1987 et 1988 (tableaux XXX à XXXVIII) ; enfin, un tableau de synthèse sur l'évolution depuis 1975, au plan national, de certaines données globales.
Analyse synthétique des résultats
Plus qu'une simple ouverture, l'introduction est une analyse synthétique des résultats. Le recours systématique au pourcentage national permet de visualiser l'état des BU françaises tout en éclairant la lecture des tableaux qui constituent le corps de la brochure. Le premier chapitre de cette introduction porte sur les indicateurs de services rendus.
Le public augmente régulièrement ; l'on estime qu'il y a eu 23 millions d'entrées en 1988 soit 25 % de plus qu'en 1987. En passant de 8,5 millions à 9,3 millions, les prêts (sur place ou à domicile) enregistrent une hausse de 7,5 % ; si les statistiques du PEB pour 1988 ne sont pas directement comparables avec les résultats de 1987, qui portaient sur l'année civile, on note que prêts consentis et documents reçus s'équilibrent, le taux de satisfaction étant de 80 % pour les bibliothèques prêteuses et de 85,9 % pour les bibliothèques emprunteuses.
Recettes et dépenses
Le titre du deuxième chapitre « Un début de remise à niveau des bibliothèques universitaires » exprime un constat. Les indicateurs le montrent. Les recettes sont en nette progression, puisque la ressource moyenne d'une bibliothèque passe de 3 MF en 1987 à 3,8 MF en 1988. Ceci couvre, bien évidemment, de fortes disparités, quatre BU gérant moins de 1 MF et une dépassant les 10 MF. Les dépenses totales des BU, hors infrastructure et hors CADIST, progressent de 181,2 MF en 1987 à 215 MF en 1988, soit une augmentation de 18,9 %. L'accroisssement des dépenses est de 34,2 MF, dont 17 MF au titre des dépenses documentaires.
Le droit et les lettres représentent 43 % du total, les sciences 28 %, la médecine pharmacie 25 % et le secteur pluridisciplinaire 4 %. A l'accroissement d'activités correspondait une diminution des effectifs (3 308 postes ouverts en 1983, 3 195 en 1987, 3 149 en 1988). La charge en encadrement s'est donc accrue de 13,31 % entre 1987 et 1988, passant de 244,56 lecteurs par personnel de bibliothèque à 277,56. Cette tendance a été inversée, puisqu'après la stabilisation des effectifs en 1989, 1990 enregistre 79 créations et 1991, 140.
Au niveau des moyens documentaires, le pourcentage de livres récents passe de 10,38 % en 1987 à 11,98 % en 1988. Les collections juridiques et littéraires constituent 80 % de l'ensemble, celles de médecine-pharmacie 10 %, celles de sciences 8 % et les fonds pluridisciplinaires 2 %.
Redressement des acquisitions
Le troisième chapitre se consacre au « Redressement des acquisitions », qui se traduit par une progression très nette des achats de livres et une remontée des abonnements de périodiques. Le flux des acquisitions augmente de 26,87 %, ce qui situe la moyenne d'acquisition à 5 300 volumes par BU en 1988. Parallèlement, les abonnements augmentent de 3,5 %, le nombre total des périodiques reçus par les BU s'élevant à 103 000. Globalement, les dépenses entre livres et périodiques s'équilibrent, les livres représentent 49,53 % des dépenses documentaires en 88, contre 45,25 % en 1987, et 38,73 % en 1985. On notera aussi la forte augmentation des acquisitions de microformes, + 23,8 % entre 1988 et 1987, bien que ce poste soit encore marginal puisqu'il ne représente que 1,7 % des achats. La synthèse sur les BU présente pour la première fois des résultats sur les centres d'acquisition et de diffusion de l'information scientifique et technique (CADIST), qui ont dépensé 10,6 MF en 1988. Les CADIST en sciences humaines acquièrent 80 % des ouvrages et 46 % des abonnements achetés sur crédits CADIST, ceux de sciences exactes 20 % des ouvrages et 54 % des périodiques. La spécificité des CADIST, tournés vers le niveau recherche, se distingue de la tendance moyenne des BU par la prédominance des périodiques et de la documentation étrangère.
De cette analyse générale, les rédacteurs tirent une conclusion d'un optimisme réfléci, puisqu'ils situent les bibliothèques universitaires « à la croisée des chemins ». Les résultats sont positifs, tant pour les acquisitions que pour les services rendus qui, toutes données confondues, progressent d'environ 7 à 8% par rapport à 87. Mais il faudra attendre les résultats 89 pour savoir si cette tendance se confirme, tant il est vrai qu'il serait prématuré de tirer des conclusions sur un seul exercice.
Visualisation de l'activité
Après cette introduction, image d'ensemble des BU, les tableaux permettent de visualiser l'activité de chaque établissement. Les indicateurs de services rendus restent ceux des années antérieures. Certains trouveront que le quantitatif y est privilégié aux dépens du qualitatif, mais outre que le qualitatif, donnée subjective, ne s'appréhende que par des enquêtes d'opinion, les résultats constituent le seul moyen objectif d'évaluation des performances.
Les critères retenus par la Sous-direction des bibliothèques sont assez nombreux pour autoriser les croisements nécessaires à une reconstitution vraisemblable de l'activité réelle. Certes, des données comme « lecteurs inscrits », « entrées », « communication sur place », voire « prêt à domicile », peuvent donner lieu à des interprétations différentes selon les modes de collecte. Des écarts de performance entre deux secteurs d'activité à l'intérieur d'une même bibliothèque, ou entre deux années consécutives, traduisent quelquefois un décalage.
On regrette d'avantage que la recherche documentaire informatisée (RDI) n'apparaisse toujours pas parmi les critères d'évaluation. Ce poste acquiert chaque année plus de poids notamment dans les sections scientifiques et médicales. La RDI témoigne du renouveau des BU, de leur adéquation aux besoins actuels de la recherche. Cette activité coûteuse, de plus, en temps-personne, mériterait d'apparaître dans l'ESGBU.
En revanche, les communications sur place pourraient y perdre de leur importance, par la généralisation du libre-accès. Déjà l'addition communication sur place + prêt à domicile = documents prêtés, pour être statistiquement juste n'en dessert pas moins les bibliothèques, ou les sections, pratiquant le libre-accès.
Classement des bibliothèques
L'annuaire des BU 88, cela est clair, va au-delà des résultats de l'ESGBU tels qu'ils nous étaient présentés jusqu'alors. Surtout, il comporte une innovation qui fera date. Quatorze tableaux de résultats classent les bibliothèques. Ceci indique un changement d'état d'esprit, la volonté informulée de mettre en rapport les bibliothèques. Les dés sont jetés.
Pour entrer en compétition, il faut veiller à une éthique, en sachant que le désir de progresser peut conduire à la fraude. Chacun sait comment gonfler artificiellement, sans pour autant s'exposer, des statistiques de prêts, de lecteurs inscrits, etc. Ces pratiques n'étaient guère de mise, elles pourraient le devenir, si l'on n'y prend garde. La plus grande rigueur devrait être appliquée à la collecte des informations. Pour établir une règle de jeu acceptable, il faudra tenir compte de facteurs tels que : nombre d'implantations, surface et structure des locaux, etc. : une section monodisciplinaire d'un seul tenant gérera mieux son effectif qu'une bibliothèque divisée en 3 sections et 5 implantations ; corrélativement, elle obtiendra des résultats supérieurs.
Cet annuaire atteindra pleinement son objectif quand des tableaux complémentaires (au premier titre, celui indiquant la population à desservir) permettront la définition d'un « indice de performance ». Si des critères de pondération exprimant l'activité par agent ne sont pas mis en place, le classement des bibliothèques dégagera une évidence fallacieuse : les plus gros sont les meilleurs. Quoi qu'il en soit, la Sous-direction des bibliothèques annonce une intention qui sera au cœur d'un débat essentiel. En introduisant un classement des bibliothèques, elle amorce une révolution dans les mentalités.