Information technology and library management...
Essen : Universitätsbibliothek, 1991. - 233 p. - (Veröffentlichungen der Universitäts-bibliothek Essen ; 13).
ISBN 0-922602-14-2
Information technology and library management comprend l'ensemble des communications présentées lors du 13e symposium international d'Essen. Le titre, volontairement vague, reflète la diversité des seize interventions présentées. De la conception d'un réseau pour l'interrogation de CD-ROM à la mise en perspective de l'évolution des services d'information dans les pays en voie de développement, d'interrogations générales sur l'assimilation des nouvelles technologies de l'information dans les services documentaires à un exposé technique sur une base de données juridiques autrichienne, les auteurs, en majorité d'origine anglo-saxonne, n'ont pas cherché à ménager une cohérence à l'ensemble de leurs exposés.
Un constat mitigé
Lieu de présentation d'expériences, lieu de réflexion, voire, dans certains cas, invitation à la « provocation « (cf. l'exposé : « Has technology failed us ? » de F. W. Lancaster), le symposium d'Essen s'efforce de discerner quelques lignes directrices dans l'explosion de la production d'informations, et des méthodes pour les diffuser - sinon pour les chercher. Si le rapprochement des communications paraît aléatoire, on se rend compte que, souvent, les exposés théoriques trouvent des contrepoints puissants dans les relations plus techniques, sans que celles-ci, pour autant, oublient l'interrogation permanente sur les méthodes, les besoins et les fins - dans une logique pragmatique (typiquement ?) anglosaxonne.
On pourra considérer que la confrontation de textes d'intérêt ponctuel et de digressions inspirées (ou moins inspirées) sur l'avenir de la société de l'information, ne se traduit pas toujours par des enrichissements mutuels, mais la pratique du « patchwork bibliothéconomique » n'est pas dépourvue de charme, surtout quand, comme c'est le cas ici, les exposés, volontairement ou obligatoirement limités, obligent leurs auteurs à une concision de la pensée et à une réduction de l'exposé toujours salutaires...
Le constat global est plutôt mitigé : si l'introduction des nouvelles technologies de l'information dans les établissements documentaires se fait, parfois, de façon plus rapide que dans d'autres secteurs d'activités (exemple du CD-ROM), si elle améliore sensiblement l'efficacité des dits-services, et par conséquent, si la satisfaction des utilisateurs grandit, les auteurs se gardent bien de tout triomphalisme, voire de ces prophétismes idéalistes (style « avènement du bureau sans papier ») qui ont souvent été fatals à leurs promoteurs, faute de voir traduites des ambitions souvent démesurées (CBU * ?) en réalités plus prosaïques.
Surtout, les auteurs se demandent si ces nouvelles technologies, justement de par ce caractère de nouveauté (d'ailleurs vite éventé) ne sont pas coupées des pratiques antérieures, et si le développement « en soi » de leur utilisation n'est pas illusoire, voire condamné à moyen terme.
Raison et sarcasme
Certes, les moyens offerts et les utilisations permises sont souvent sans commune mesure avec ce que permettaient les « anciennes » méthodes. Cela dit, c'est dans la continuité et non dans la rupture que doit se situer l'usage de ces technologies : comme l'on dit en anglais, « Plus ça change... ». Ce pragmatisme diffus séduit par son caractère raisonnable, d'autant qu'il n'est pas toujours dénué d'un art du sarcasme bien venu (cf. la métaphore sur « la roue de la fortune », dans l'intervention d'Alasdair Paterson). Car il faut bien reconnaître que « many developed societies today have become data rich but information poor » : on ne saurait mieux dire... en anglais. Il est vrai que ce problème ne concerne pas uniquement les bibliothèques, et peut facilement être étendu au monde de la presse, voire de l'édition ou de la recherche scientifique.
Enfin (article de Ellen Hoffmann), il ne faut pas oublier, encore et toujours, que l'introduction de toute nouveauté technologique doit s'accompagner d'un effort de formation, tant vis-à-vis des usagers que vis-à-vis des « prescripteurs », bibliothécaires ou documentalistes. Ce que traduit bien l'article de Karl F. Stock qui, à la généralisation des OPACs, propose d'adjoindre, comme extension, des « systèmes bibliographiques experts » pour en faciliter l'utilisation.
Le lecteur trouvera dans ces exposés, selon les cas, matière à réflexion ou données pratiques sur des expériences souvent similaires à celles qui peuvent être tentées en France. D'autant plus que - heureuse initiative - chaque exposé est précédé d'un résumé qui permet de choisir à bon escient : avantage précieux pour un bibliothécaire souvent accablé par la masse et la diversité de la production anglo-saxonne.