L'information sur les sociétés
Anne Grimler
ISBN 2-901046-30-4
Cet ouvrage est un mémoire du DESS « Documentation et information » de l'Institut d'études politiques de Paris, présenté en 1989, édité et diffusé sous forme de rapport dans la collection Sciences de l'information de l'ADBS *. C'est une étude poussée sur l'information d'affaires disponible en ligne qui s'adresse d'abord aux documentalistes ou professionnels de l'information sur les sociétés et se présente comme un guide comparatif des différentes banques de données disponibles en France.
Réflexion entre les lignes
Ce premier objectif, genre Que choisir ? suffirait déjà à faire l'intérêt de l'ouvrage, mais il se double d'une réflexion critique, peut-être pas toujours menée à bout mais qui court entre les lignes, sur l'adéquation entre l'information offerte et les besoins des sociétés en information. Du coup le texte prend une dimension supplémentaire démystifiant les discours lénifiants habituels sur les performances de l'information d'affaires.
Premier choix heureux de l'auteur : ne pas s'en tenir aux banques de données d'affaire stricto sensu, c'est-à-dire celles qui fournissent les bilans des sociétés, mais intégrer les banques de données de presse. Ce choix est justifié en introduction par le fait que de nombeux pays ne sont pas couverts par les premières et que les PMI-PME ne sont répertoriées que dans les banques nationales. Cette justification a priori sera largement confirmée dans la conclusion.
L'étude se présente en trois gros chapitres : les bases de données de presse, les bases de données d'affaires, adéquation du marché et perspectives pour 1992. Chacun des deux premiers présente, exemples à l'appui, l'intérêt de ce type de bases, puis des tableaux permettent de comparer les bases entre elles :
- pour la presse, par serveurs (8 serveurs retenus), par titres de publication (24), par agences de presse (10), et surtout par pays et régions (15), une comparaison sur leur contenu - si elles disposent de résumé, ou sont en texte intégral - et leur langue ; une série de mises en garde, notamment sur les délais de mise à jour, clôture le chapitre ;
- pour les données d'affaires d'abord par bases françaises (22 !), sur leur accessibilité, leur prix, leur mise à jour et leur contenu ; pour les recherches internationales ensuite, où sont séparées les recherches sur un pays européen ou sur le reste du monde.
Une étude décapante
Le troisième chapitre commence par une affirmation péremptoire : Il n'y a pas d'adéquation entre les services proposés et les véritables besoins des entreprises. Plusieurs critiques fortes viennent l'étayer. La couverture internationale pour les PME-PMI est faible, tandis que l'information sur les grandes sociétés est largement redondante. Il n'est pas prouvé que la mise à jour soit le point fort des bases de données par rapport aux sources papier... La présentation des informations est confuse... Ces critiques sont chaque fois étayées par des exemples éloquents. Ainsi les bases de données d'affaires doivent impérativement être complétées par les bases de presse. Malheureusement les défauts des unes sont aussi souvent les défauts des autres...
Dans ce contexte l'auteur s'interroge avec raison sur l'état de l'information économique à la veille de l'ouverture sur le grand marché européen et des nouvelles directives sur la publicité des comptes.
Voilà une étude décapante ! Voilà un travail d'étudiant comme on en voudrait beaucoup et qui méritait la diffusion que lui propose l'ADBS.
Je n'aurai que deux critiques, mineures par rapport à l'intérêt de l'ensemble, une sur le fond, l'autre sur la forme. Sur le fond, il est délicat de parler d'adéquation entre offre et demande quand on n'étudie que la première, la seconde est largement présupposée selon des critères qui mériteraient une meilleure justification. Sur la forme, sans être un militant de la francophonie, il est plus qu'agaçant de trouver dans un travail de l'Université française des tableaux rédigés uniquement en anglais (et un glossaire anglais-français !).