Paléographie du Moyen-âge

histoire médiévale

par Dominique Varry

Jacques Stiennon

Gabriel Audisio

Isabelle Bonnot-Rambaud

Paris : Armand Colin, 1991, 2e éd. ; 366 p. (collection U)
ISBN 2-200-31278-4

Paris : Armand Colin, 1991 ; 252 p., 23 cm (collection U, histoire moderne)
ISBN 2-200-31271-7

La célèbre collection U des éditions Armand Colin poursuit sa cure de rajeunissement par la publication de deux volumes de paléographie. Destinés en priorité aux étudiants, ils seront également appréciés de tous les historiens amateurs qui fréquentent les dépôts d'archives publics, et qui sont bien souvent déroutés voire rebutés par les écritures anciennes.

Un ouvrage classique

Le livre de Jacques Stiennon, professeur émérite à l'université de Liège, constitue la seconde édition d'un ouvrage devenu classique, et déjà publié dans la même collection en 1973 avec la collaboration de Geneviève Hasenohr. Le texte initial a simplement été actualisé en fonction des travaux les plus récents, en particulier ceux de Bernhard Bischoff, et le grand colloque de 1988 dont les actes viennent d'être publiés 1. On notera, signe des temps, que l'auteur a jugé utile d'ajouter leur traduction à la transcription de la quarantaine de fac-similés de textes latins réunis en fin de volume.

Un livre novateur

Plus novateur apparaît le livre signé par Gabriel Audisio, professeur à l'université de Clermont II, et Isabelle Bonnot-Rambaud, directeur des archives municipales de Marseille, en ce qu'il vient heureusement combler une lacune. La paléographie des écritures modernes apparaissait jusqu'à présent comme un parent pauvre, comparée à celle de l'époque médiévale. Elle n'en a pas moins ses spécificités et ses difficultés variables selon les provinces : quiconque s'est un jour trouvé confronté, par exemple, aux archives notariales, les connaît bien. Le succès, mesuré par la statistique, de la période contemporaine auprès des étudiants de maîtrise n'est-il pas en partie imputable à leur désarroi d'avoir à affronter de vieux grimoires, ainsi qu'à leur méconnaissance du latin ? On doit d'ailleurs regretter que cet ouvrage écarte délibérément et le latin, fût-il « de cuisine », et les idiomes régionaux ; mais il aurait alors pris des dimensions démesurées. Peut-être un volume ultérieur leur sera-t-il un jour consacré !

On doit en tout cas saluer le souci pédagogique constant des auteurs, et dans leur première partie de présentation théorique, et dans la seconde partie, constituée comme dans l'ouvrage de Stiennon, de textes choisis et pour leurs écritures et pour le panorama des types d'actes qu'ils présentent.

La vocation des U

Ces deux manuels, car telle est bien la vocation de la collection U, rendront donc de grands services à leurs utilisateurs, et se devront de figurer dans les salles d'usuels des bibliothèques et services d'archives. Leur grande accessibilité ne doit cependant pas éclipser d'autres traités qui n'ont rien perdu de leur valeur ni de leur utilité, en particulier ceux de Maurice Prou et d'Emmanuel Poulle 2.

Ouvrages de référence, ils permettront à l'étudiant, à l'amateur éclairé, de se cultiver et de se mesurer au déchiffrement des textes qu'ils exhument. On ne doit cependant pas leur demander ce qu'ils ne peuvent apporter. La paléographie s'apprend avant tout par une longue pratique des documents les plus variés, sous la conduite d'un professeur, que celui-ci exerce à l'université ou dans le cadre des cours d'initiation maintenant ouverts dans de nombreux services d'archives. Un manuel, si bien fait soit-il, ne saurait remplacer le maître. Le signataire de ces lignes, qui en est jadis passé par là, et a alors beaucoup pratiqué la première édition du Stiennon peut, comme beaucoup d'autres, en témoigner.

  1. (retour)↑  Colette SIRAT, Jean IRIGOIN, Emmanuel POULLE, L'Ecriture : le cerveau, l'oeil et la main, Tumhout, Brépols, 1990.
  2. (retour)↑  Maurice PROU, Manuel de paléographie latine et française..., Paris, 1924. Emmanuel POULLE, Paléographie des écritures cursives en France du XVe au XVIIe siècle, Genève, Droz, 1964.