Normes et formats

Béatrice Estéoule

Une fois de plus, le thème d'une journée professionnelle concernait le catalogage. Cette fois-ci, la journée d'étude du 25 janvier 1991 proposée par l'Association de l'école nationale supérieure des bibliothécaires portait sur les normes et les formats. Etonnant, dans la mesure où l'on répète depuis un certain temps déjà qu'il ne s'agit plus de cataloguer chacun dans son coin, mais bien d'utiliser, principalement en dérivation, les notices des réservoirs bibliographiques !

Des praticiens expérimentés

En étudiant de plus près le programme de cette réunion, l'objectif devient plus clair : les intervenants n'étaient pas de simples utilisateurs, mais bien des praticiens expérimentés (Bibliothèque nationale, Institut national de l'information scientifique et technique,...) qui pensent et agissent au sein de comités et groupes de travail de tous ordres, et produisent de l'information pour leurs besoins et les nôtres.

Si d'aventure vous avez envie de regarder outre-Atlantique et de travailler dans des réseaux catalographiques tels qu'OCLC et RLIN, il est sûr qu'il faudra parfaire votre éducation de bibliothécaire. Tout est à apprendre : règles de catalogage (AACR2) et format (USMARC).

Heureusement, ces AACR2 ne diffèrent qu'en quelques points de nos bonnes vieilles règles. Par contre, la philosophie de leur création ne ressemble pas à ce que nous connaissons en France. Règles à interprétation, fruit du travail de la communauté des bibliothécaires anglo-saxons, elles font l'objet de larges discussions et de suggestions pour leur application. Les mises à jour publiées trimestriellement reflètent bien l'activité, sinon la passion, de nos collègues. Une version française abrégée a été rédigée par l'ASTED (Association pour l'avancement des sciences et techniques de la documentation).

En France, l'Association française de normalisation et sa commission de catalogage maintiennent le cap vaille que vaille ! Un petit groupe, hélas trop restreint nous a-t-on dit, s'est attelé à la tâche des révisions systématiques des normes. Un souci : se mettre à l'unisson des recommandations de l'IFLA et du CBU (contrôle bibliographique universel) pour ainsi permettre les échanges. Un résultat: une énorme production de fascicules (à commander d'urgence...). Sur le terrain, un des effets les plus spectaculaires a été l'abandon du fameux catalogage à niveaux pour les publications en plusieurs volumes.

Si la normalisation de la description bibliographique est bien connue, il n'en est pas de même de celle des notices d'autorité (nom de personne, collectivité auteurs... ). Normal, puisque c'est le rôle de la Bibliothèque nationale. Et les fichiers d'autorité des systèmes locaux, en fait, ne sont constitués la plupart du temps que d'index de vedettes. Le rêve serait, pour certains, de constituer de vrais fichiers d'autorité locaux, avec vedette retenue, formes rejetées, formes associées, pour les notices de leur fonds, à l'image, réduite, de la BN. Peut-être qu'avec l'arrivée du CD-ROM, fin 1991, des bibliothèques se laisseront-elles tenter ? Mais quel travail, puisque le CD-ROM ne sera pas déchargeable !

De quoi sera fait l'avenir ?

Une fois le contenu défini, il s'agit de s'entendre sur le contenant. Le format MARC, avec son jargon bien à lui (zones, étiquettes, indicateurs...), joue le rôle de grande armoire avec de nombreux tiroirs. En France, on aime bien UNIMARC. Une édition française va d'ailleurs bientôt être diffusée par Saur. Même s'il rencontre des détracteurs - le fameux syndrome Carmen, Mozart -, il gagne du terrain, notamment par le format de sortie de BN-OPALE (sur bandes, en CD-ROM). Format d'échange à l'origine, il ne propose pas de zones structurées pour les données locales (localisation, exemplaires...), contrairement à US MARC. Aussi, un groupe de travail s'est-il attelé à la tâche pour définir et proposer à l'IFLA une structure de type US MARC répondant aux besoins des bibliothèques françaises.

La Bibliothèque nationale travaille en INTERMARC, tant pour la constitution de son catalogue que pour son fichier d'autorité. Elle a rencontré quelques problèmes pour convertir des données d'un format dont elle est maître et qu'elle fait évoluer en fonction de ses besoins en format d'échange UNIMARC, figé et d'évolution lente. A tel point qu'il vaudrait mieux parler d'UNIMARC-BN, puisque la Bibliothèque nationale a restructuré l'information, pour la zone des liens (4XX) par exemple.

Point de format MARC pour l'ISDS (International serials data system). En France, les notices produites par le CNEPS (Centre national d'enregistrement des publications en séries) à la Bibliothèque nationale (INTERMARC (S) /ISBD (S)) sont en sortie en format d'échange ISDS. Ce sont elles qui alimentent le CCN (Catalogue collectif national).

Ces transformations sont peu de choses par rapport à celles que gère quotidiennement l'INIST: diversité des organismes participants, des données, des méthodes d'analyse et d'indexation, des formats, des applications... Pour les données catalographiques, l'INIST a eu à récupérer 26 000 notices du CCN et 40 000 notices en format MARC qu'il a intégrées dans sa base GEAC. Passons sur les difficultés...

De quoi sera fait l'avenir ? Probablement assisterons-nous à un rapprochement données catalographiques et bases de données et, pourquoi pas, à l'intégration d'une partie du document à la notice bibliographique. Ainsi la norme SGML (standard generalized markup language), qui touche le domaine de l'édition et qui n'est pas très connue dans le monde des bibliothèques, devrait rendre possible le mariage. Mais quelle réflexion au départ ! Le document doit être structuré, les données identifiées avec rigueur, les hiérarchies respectées.

Et puisque nous faisons partie d'un vaste monde de communication, rien ne se fera sans l'OSI (open system interconnection), qui prépare les échanges de demain.