La bibliothèque municipale et l'école

Les pratiques brestoises

Jean-Claude Le Dro

Depuis 1975, la bibliothèque de Brest maintient d'étroites relations avec les écoles. Volonté délibérée qui fait suite à une analyse (jamais récusée) qui admet que le public jeune est accessible pour une très grande part à l'école. Les rapports entre les deux institutions peuvent être multiformes ; ils ne peuvent être inexistants. Pour cette raison, nous avons développé - et maintenu contre vents et marées - des pratiques devenues aujourd'hui habituelles. Voulant aller plus loin dans cette voie, nous avons mis en place un réseau de 35 bibliothèques scolaires raccordé à la bibliothèque municipale. Cela pose un certain nombre de problèmes simplement effleurés ici.

Since 1975, the public library of Brest has got tight relations with schools. This deliberate act comes after a still valid survey, which conclusion was that young readers are to be found at school. These always existing relations can be multiform. In spite of all opposition we have developped and kept practices which are now regular. To advance in that way we set up a network of 35 school libraries linked up with the public library. Some of the problems set are outlined in this article.

Depuis 15 ans, la bibliothèque municipale de Brest mène une politique active en direction des élèves et des enseignants, principalement du primaire. Dans le secondaire, les programmes sont plus contraignants et toute activité dépassant les horaires attribués implique une entente. Nos pratiques sont à l'instar de celles développées ailleurs. Leur origine n'est pas le fait du hasard. Professeur de lettres durant quelques années, dès mon premier poste (la BCP du Morbihan), le travail avec les écoles fut intense et en 1972 fut créée avec quelques partenaires l'association Lire en Morbihan devenue peu après Lire en Bretagne...

Nous avons toujours admis l'idée qu'un adulte qui ne lit pas est difficilement récupérable par l'institution bibliothèque, alors qu'au niveau de l'enfant tout est jouable. Celui-ci se trouve nécessairement à l'école et il faut donc composer avec celle-ci. L'avenir de la littérature de jeunesse semble être davantage entre les mains des enseignants qu'entre les nôtres. Les objections traditionnelles selon lesquelles il ne nous faut pas pallier les carences de l'Education nationale, querelle de ministères, nous ont toujours semblé relever d'une fausse problématique, particulièrement dangereuse car elle donne aisément bonne conscience... Mais les objectifs définis font de l'école un canal obligé. La bibliothèque, si elle agit seule, acccueillera essentiellement les enfants lecteurs, ignorera les autres... L'obligation de travailler ensemble apparaît très vite. Et c'est là que commencent les difficultés de tous ordres qu'il n'est pas question de développer ici (relations à établir avec les enseignants ; refus fréquent par ces derniers de « tout étranger dans le service »; opposition quant aux approches de la lecture et de ses buts... ).

Pour éluder ces questions - dont les réponses sont si peu évidentes que s'y essayer équivaut à ne pas agir -, nous avons toujours proposé nos menus en self-service. Vient qui veut. Et le corollaire est de refuser d'intervenir dans la pédagogie pure. C'est notre zone d'incompétence par manque d'expérience, nous le reconnaissons. Il faut donc laisser le champ libre à l'enseignant, même si certaines façons de faire nous paraissent navrantes.

A partir de ces quelques idées générales - pour nous fondamentales - nous avons développé un certain nombre de pratiques que nous jugeons encore satisfaisantes aujourd'hui.

Les pratiques habituelles

Elles nous fatiguent souvent - pour cause de routine ! -, mais possèdent toujours un public fidèle, attentif et motivé. Elles concernent des opérations de formation, d'animation, de communication.

La communication

Au fil des années, elle a concerné le livre puis les autres médias. En vérité, le prêt de livres est largement (anormalement ?) dominant.

La ville de Brest dispose d'un réseau de 12 bibliothèques, ce qui l'a amenée à abandonner ses 3 bibliobus. Le dernier en juin 1988. C'était un bibliobus scolaire à l'activité importante. Les raisons de sa cessation d'activités ne relèvent pas de la bibliothèque mais d'une décision municipale. En principe, la création d'un réseau de bibliothèques dans les écoles maternelles et primaires le rendent désuet. Il aura fonctionné à peu près dix ans, efficace et limité. Efficace, car un bibliobus se voit. Il est l'« extérieur » qui rentre dans l'école ; il représente une fête et un peu de liberté ou de récréation pour l'enfant qui - au bout d'un moment - suit ses goûts et oublie de prendre les documents qu'il imagine son maître souhaiter le voir emprunter. Limité, car un bibliobus n'est pas une bibliothèque et n'en possède guère les commodités. Il est un pis-aller, une attente d'autre chose.

Les collègues les plus anciens se souviennent de la tempête dans un verre d'eau suscitée par ce qu'on appelle la lecture suivie. C'est une innovation ancienne (20 ans). Elle n'y a pas son origine, mais elle fut confortée par les ouvrages - en particulier, Lire en classe - de Claude Bron, professeur à l'école normale de Neuchâtel (Suisse). L'opération fait long feu en France malgré les querelles et les oppositions. Un rappel est nécessaire avant de tirer des conclusions :

Tout d'abord, le but de la lecture suivie est de faire connaître aux enseignants et aux enfants une littérature actuelle, attractive.

Mais:
- l'apport de la lecture suivie aurait dû être le fait de l'Education nationale et non des bibliothèques ;
- la novation pédagogique n'est qu'apparente et des enseignants ne se sont guère remis en cause ;
- la littérature pour la jeunesse court un risque évident de scolarisation, alors que quelques-uns de ses charmes sont la fantaisie, l'imagination, la liberté ;
- pourquoi imposer l'étude collective d'un titre à 30 gamins dont les centres d'intérêt et les niveaux de lecture sont divers ?

A toutes ces critiques, il y a des réponses. En particulier qu'il faut faire confiance au pédagogue professionnel... qui n'est absolument pas le bibliothécaire. Il est évident aussi que l'objectif premier est rempli : faire connaître la littérature qui se fait aujourd'hui. Elle a permis une entrée plus facile du bibliothécaire et des auteurs à l'école. C'est une pratique vivante qui donne lieu à des animations souvent intéressantes, susceptibles de marquer durablement les bénéficiaires. Enfin, au fil des années, diverses pratiques ont vu le jour : ne plus remettre une série de livres mais des clubs de lecture par exemple (plusieurs titres d'un même auteur, d'un même illustrateur, sur un même thème...). Le succès est considérable et, en ce qui nous concerne, les tentatives d'arrêter l'expérience ont été autant d'échecs.

Dans le droit fil de la lecture suivie - avec les mêmes objectifs - nous avons fait tourner pendant plusieurs années des mini-bibliothèques (choix de 150 titres) pour les maternelles. Comme les valises de brousse en Afrique ! Elles restaient un trimestre dans l'école et - au moment de les récupérer - un débat devait avoir lieu avec les institutrices, parents... Sur la demande d'une inspectrice primaire, nous avions constitué et fait tourner un an ou deux une « valise musique ». Ce ne fut pas très probant car il est extrêmement difficile d'adapter la documentation au niveau des utilisateurs. D'autre part, pour que cela marche vraiment il faut des animations. Et nous n'avions ni la compétence, ni le temps.

Découlant des pratiques que nous venons de décrire: les venues d'auteurs (ou illustrateurs...). Jamais un auteur n'est venu si ses oeuvres n'avaient au préalable été lues. Il faut que le temps dégagé soit suffisant pour les préparatifs. C'est donc avril et mai qui conviennent le mieux. Comme tout le monde, nous avons accueilli des auteurs qui « passaient » bien et d'autres qu'on aurait pu ne pas inviter. L'énorme danger - c'est une évidence -est de confondre l'auteur avec un animateur. On le condamne à faire un métier qui n'est pas le sien. Mais il est parfaitement consentant car l'opération est rentable.

La Charte des auteurs - qui fixe les tarifs - a été concoctée sur la plage d'Arradon (Morbihan) en 1974 lors d'un Mai du livre par les écrivains invités. Une journée de rencontre avec les élèves (4 à 6 h) qui - tous frais déduits -laisse 1 300 F environ, est bonne à prendre. La vedette est payée comme le débutant; bon ou pas bon le tarif est le même ! En bien des cas, c'est l'auteur qui fixe le contenu de la journée, et il est difficile d'imaginer autre formule, même si le système a sécrété des aberrations. L'écrivain pour la jeunesse n'a pas forcément le contact; il peut aussi venir sur sollicitation pressante mais à contrecoeur ; il peut décevoir les enfants (et c'est le contraire de ce qu'on veut !)... Le mobile de cette pratique était de démystifier l'auteur, personnage ignoré des élèves. Ce qui a pu donner des débats étonnants.

Mais au-delà ? Peu d'originalité sauf si des efforts ont été consentis pour la mise en scène, si les questionnaires ont été intelligemment préparés, si l'auteur a pu rester assez longtemps, s'il était vraiment attendu... L'impact sur les enfants est très variable selon l'âge, la maturité, les centres d'intérêt. Il n'est pas quantifiable. On peut même se demander si démystifier l'auteur est toujours une bonne chose... A notre sens une réflexion véritable est à mener ainsi qu'une étude des pratiques les plus novatrices. Particulièrement celles menées dans les ateliers d'écriture. Et le point de vue d'enseignants serait le bienvenu. Malgré tout, il ne faut pas arrêter, seulement apporter du discernement.

La formation

C'est un aspect intéressant car il y a comme une revanche (refoulée ?) sur le formateur patenté qu'est l'enseignant. Elle prend deux aspects complémentaires.

Très souvent, nous sommes appelés à étaler notre savoir-faire dans des stages pédagogiques (accessoirement des soirées d'information destinées aux enseignants et aux parents et organisées le plus souvent par ces derniers). Les exposés portent sur les relations bibliothèque-école, la littérature de jeunesse. Ils sont souvent efficaces en autorisant une reconnaissance mutuelle. Plus intéressants nous ont paru les stages de longue durée comportant une partie consacrée à la bibliothèque (avec présence pour travail en commun). Leur impact fut énorme.

Par ailleurs, à l'initiative des bibliothécaires, des soirées sont organisées avec des éditeurs ou des spécialistes dans les domaines du livre de jeunesse, des méthodes d'apprentissage de la lecture... Les exposés qui y sont faits, préparés soigneusement (conférencier choisi pour ses qualités pédagogiques, invitations personnalisées, publicité efficace...), sont très appréciés des bibliothécaires comme des enseignants.

Animation

Comme partout fonctionnent chez nous des comités d'écoute et de lecture. Les seconds depuis 15 ans. Ces comités concernent élèves et pédagogues (au sens large, c'est-à-dire enseignants, parents...). Ils évoluent. Les plus vivants concernent le livre : albums, romans pour jeunes, romans pour adolescents. Par contre, le groupe « écoute de disques pour enfants » était difficile à mener. Il impliquait des connaissances musicales qui n'étaient pas notre lot. Force fut d'appeler un intervenant extérieur qui possédait - chose rare - un discours sur la musique et sur la chanson. En plus, la notion de chanson enfantine est relative. Dans la mesure où elle n'a pas accès à la télévision et où, très rapidement, l'enfant accapare la musique des classes d'âge supérieures... Pourtant, que de réussites extraordinaires en un domaine où on ne se moque pas du « client » ! Les enseignants étaient nombreux parmi les fidèles.

Constituer un groupe de lecture de livres scientifiques pour la jeunesse correspondait à la volonté de résoudre un problème sérieux. Les bibliothécaires sont en général gens de lettres, fort peu de chiffres ! Le monde scientifique - qui passionne une bonne part de nos concitoyens -est pour eux un non-monde ! Cela amène plusieurs conséquences dont l'une est de ne présenter que peu (voire, pas du tout) d'expositions à caractère scientifique ou technique. Et une autre de ne jamais mettre en question les ouvrages relevant de ce secteur.

L'édition de « sélections » ou de « choix » est l'aboutissement normal du travail de ces groupes, afin d'en faire connaître l'activité.

Depuis 11 ans paraît notre choix annuel de livres pour les jeunes, tiré à 1 500 exemplaires, et distribué gratuitement. Une autre formule devrait être adoptée. Toutes les informations sur les nouveautés en livres de jeunesse (et peut-être en disques) seront enregistrées dans une base télématique, avec, pour seul objectif, faire connaître les nouveautés. Les titres ne devraient pas être gardés plus d'un an ou deux...

Pratiques diverses

Elles sont nombreuses à avoir un caractère ponctuel. L'une d'elles a été abandonnée qui semblait particulièrement intéressante. Il s'agissait de former les enfants au travail de bibliothécaire. Travail en grandeur nature, très apprécié des parents, il était sanctionné par un diplôme. Le passage à l'informatique rend caduque cette pratique.

- Comme partout ailleurs nous avons monté nombre d'expositions sur des thèmes de la littérature pour la jeunesse.

- En relation avec divers partenaires dont les Archives, le Centre local de documentation pédagogique (CLDP), ... la bibliothèque a édité des dossiers d'information sur Brest au XVIIIe siècle; Le Bagne de Brest... Ce dernier s'est bien vendu à la bibliothèque et dans les librairies. Intéressante et utile cette activité exige un effort soutenu et des compétences qui font qu'elle a été abandonnée provisoirement.

- Sous l'influence des bibliothécaires - depuis 15 ans - la mairie offre un livre à Noël aux enfants des écoles...

Toutes ces pratiques sont classiques. Nous avons voulu innover en reprenant et en matérialisant une idée qui fit long feu il y a quelques années.

Pratiques nouvelles

A l'issue de la première partie de cet article, on peut penser la matière épuisée. Afin d'aller au-delà, nous avons repris le vieux débat qui agitait autrefois notre petit monde. Il fallait décider de la desserte du monde scolaire - mais alors on se substituait à l'Education nationale - ou la refuser car il est bien entendu que l'école n'entrait pas dans le champ de la lecture publique. Nous avons toujours eu là-dessus une position plus pragmatique résumée dans une formule « Le jeune à l'école est un Brestois; la bibliothèque municipale a vocation à s'intéresser à tous les Brestois ; la bibliothèque municipale doit donc songer aux élèves brestois ». Cela nous a toujours paru si évident que nous avons proposé aux élus d'initier la création de bibliothèques scolaires. But avoué: qu'un seul réseau existe sur la ville. Les élus donnaient rapidement leur accord, car paradoxalement ils réalisaient ainsi quelques économies, d'une part en n'alimentant plus deux réseaux (que les mauvaises langues disaient concurrents), d'autre part en rentabilisant davantage les ressources de la bibliothèque municipale.

Historique du projet

La bibliothèque a fait tourner jusqu'à 3 bibliobus qui ont été progressivement arrêtés pour cause de vétusté ou d'extension du réseau de structures fixes. En 1985 furent décidés :
- l'arrêt du bibliobus scolaire,
- le démarrage de l'opération BCD (par allusion aux bibliothèques centres documentaires de l'Association française de lecture).

Les bibliothèques scolaires devaient permettre une disparition en douceur du véhicule. Le service animation jeunesse - sans perdre ses autres missions - fut chargé de l'exécution du programme. Deux bibliothécaires adjointes durent informatiser les collections concernées afin d'aboutir à une gestion unique de tous nos documents. Le rythme des créations, quatre la première année, s'accéléra ensuite. Aujourd'hui, 33 bibliothèques sont en place... Il en faudra environ 36 pour saturer la ville. Les problèmes rencontrés - souvent imprévus - furent considérables.

Mise en place des bibliothèques d'écoles

Ces établissements ne sont créés que grâce à l'action conjuguée de nombreux partenaires : l'équipe pédagogique, les parents, les inspecteurs départementaux (IDEN), les services techniques de la ville et le bureau de l'enseignement, la bibliothèque municipale.

Les faire travailler ensemble n'est pas aisé. Tact et diplomatie sont indispensables. Mais voyons la part de chacun :
- l'équipe pédagogique - avec ou sans les parents - établit un projet de bibliothèque d'école. Elle le soumet à ITDEN;
- l'IDEN reçoit le projet, l'estime et le transmet avec un avis à la bibliothèque. L'ensemble des inspecteurs a coopté l'un des siens pour représentation et contact. Donc les projets qui nous parviennent ont été discutés entre eux;
- le Bureau de l'enseignement inscrit les projets dans son budget. Il en instruit de 4 à 6 par année. Suite à une réunion de travail, il avait été convenu d'un équipement type pour le mobilier, mais il y a eu des entorses à cette règle. L'un dans l'autre le budget affecté est de l'ordre de 20 000 F pour la création. Ce qui est parfaitement convenable. On y ajoute un petit budget reconduit chaque année pour des abonnements; - Simultanément - et selon les nécessités - les services techniques municipaux effectuent les travaux nécessaires : démolition de cloisons, reprises des sols, des murs, de l'électricité...

la bibliothèque municipale

Son rôle est essentiel et son intervention se situe à tous les degrés. Elle entretient des relations avec les équipes pédagogiques pour - le cas échéant - élaborer un projet ; avec les IDEN pour établir les règles du choix des bénéficiaires ainsi que les priorités ; avec le Bureau de l'enseignement et les services techniques.

Outre cela, elle assure en propre, une série de tâches particulières.

1. Choix des documents : il est réalisé après étude des collections disponibles dans l'école. Il s'effectue par achat ou récupération dans nos stocks de réserve.

2. Taitement des documents: ayant décidé des pratiques uniformes dans la bibliothèque municipale, ces documents sont mis en mémoire. C'est une opération en général assez rapide, complétée par l'édition de fiches de catalogage sur une imprimante. Il faut noter que cette façon de faire ralentit notre vitesse d'exécution mais permettra de gérer aisément, le jour venu, les déplacements des livres d'une bibliothèque à l'autre. Ces livres seront déplacés avec leurs fiches selon un volume annuel: environ 1/5e du fonds. Cela se fera seulement lorsque les créations seront achevées.

Tous ces ouvrages sont réparés et couverts par nos soins. Un poste d'ouvrier professionnel existe pour cela. A noter qu'il ajoute à son travail la reprise des documents détériorés (et que les bénévoles ne peuvent reprendre) et la formation (cf. ci-dessous).

Notre rythme de création de bibliothèques scolaires étant selon les années de 4 à 8, il aura fallu 5 ans pour mettre en place le réseau.

3. Un gros poste se trouve être la formation (à laquelle s'ajoute au préalable la sensibilisation). Elle nous a un peu surpris dans les priorités dévoilées, mais à la réflexion elles sont parfaitement compréhensibles.

Le premier besoin de formation concerne l'équipement des documents. Cela s'explique par le fait que chaque école en possède dans un état parfois au-delà du médiocre. Enseignants, parents et TUC viennent suivre cette formation ; y reviennent souvent.

Le second besoin exprimé concerne le traitement des ouvrages. Notions de catalogage et de rangement viennent ensuite avec de réels problèmes quand on aborde les écoles maternelles. En dernier lieu vient - et cela nous a paru au départ fort paradoxal -l'initiation au choix des livres et aux techniques de prêt. Probablement parce qu'il paraît aux gens qui nous observent que ce sont là choses très simples !

4. Enfin la bibliothèque municipale est chargée de l'animation du réseau. A ce titre elle organise des soirées (sur le documentaire scientifique, sur l'enfant et l'histoire...) ou invite des auteurs qui ne vont que dans ces bibliothèques. Le processus est celui décrit dans la première partie de cet article.

Perspectives

Malgré les aléas que constituent les départs d'enseignants motivés, les variations d'ambiance dans les écoles... les perspectives sont plutôt bonnes. Le simple entretien et l'animation permettront très probablement des opérations originales et intéressantes. Notre rêve étant d'instaurer des relations obligées entre les différents points pour aboutir à une prise de conscience généralisée et à une appréhension à caractère collectif. Si nos partenaires sont volontaires pour aller plus loin, dans leur formation par exemple, nous pouvons leur offrir beaucoup plus.

Comme de coutume, nous avons mené cette politique de manière intuitive. Peu ou pas d'états d'âme mais une volonté constante de créer un réseau connecté au nôtre. Non pas dans un souci d'impérialisme malsain, mais avec un but de service public et d'efficacité en faveur de la population scolaire. Nous avons là quelque chose d'original par l'ampleur, par les moyens mis en oeuvre, tant au niveau des ressources humaines que des investissements... Il est encore trop tôt pour imaginer le point d'aboutissement; ce n'est d'ailleurs pas nécessaire. Le pragmatisme dont nous avons fait notre règle implique l'attention aux événements et leur intégration. Il est possible que nous aboutissions un jour à un réseau de médiathèques scolaires informatisées et reliées au réseau de lecture publique, mais des enseignants motivés peuvent nous orienter vers la mise en place d'une formation plus approfondie, ou d'une nouvelle politique d'animation.

Février 1991