Des travaux conventionnels
Anne-Marie Filiole
L'Europe bibliothéconomique, la « bibliothèque future », sur-connectée, vivant de satisfaction dans ses réseaux supra-nationaux resta en filigrane de ces trois journées 1. Présente dès le discours d'ouverture d'André Miquel - le président du CSB 2 rappela que le conseil avait été créé dans cet esprit, en mars 90, pour assurer l'arbitrage national nécessaire -, continuellement présente dans l'attente d'un public venu chercher un nouveau souffle, l'Europe le fut beaucoup moins dans les discours et échanges divers. L'annonce était pourtant prometteuse: Première convention européenne, et ne manqua pas d'attirer nombre de collègues étrangers, tels nos amis Portugais, venus en délégation, une trentaine, accompagnés, pour la circonstance, de quatre journalistes...
« L'événement » annoncé par André Miquel n'eut donc pas lieu et « l'ère nouvelle » qu'il devait ouvrir « dans la vie des bibliothèques » reste à inaugurer... - à Amsterdam, l'an prochain ? Ni les tables rondes, où ne perça guère de réflexion commune, ni les stands d'exposition désertés par les participants, bloqués par les horaires des tables rondes, ne témoignèrent d'un esprit très européen.
L'air nouveau souffla, isolément, de l'Est, quand Gabriel Liiceanu, le directeur des éditions roumaines Humanitas, rapporta avec passion le lancement de ses collections renouant avec les traditions européennes. « J'essaie de contribuer à réouvrir l'horizon où s'exerce le regard ». dit-il, « ... A l'issue d'une nuit de l'histoire, la société doit réapprendre à voir ». A l'en croire, la soif du peuple roumain aura du mal à s'apaiser : un livre de Cioran récemment édité à 150 000 exemplaires s'est vendu en deux heures...
Acquérir intelligent
Un vrai désir d'ouverture habita toutefois l'ensemble des discours. Quel qu'en soit le niveau, local, national, européen..., le thème transversal de toutes les préoccupations fut le besoin réel et constant de coopération, de partenariat, d'échange et de partage.
Avec un objectif final de 600 000 volumes pour 1995, la Bibliothèque de France acquiert des documents depuis mars 90, en étroite collaboration avec les bibliothécaires de la Bibliothèque nationale, et dans le désir constant d'associer chercheurs et universitaires. Ces acquisitions permettront de rééquilibrer les anciennes collections en les ouvrant aux sciences, sciences juridiques et économiques, qui plus est, à la production étrangère. Acquérir massivement, mais surtout avec discernement - y compris par le don et l'échange. A l'heure actuelle, une bibliothèque ne développe ses collections que grâce à une politique documentaire concertée reposant sur une analyse précise des fonds existants et des besoins.
Pour atteindre un maximum d'efficacité, beaucoup pensent qu'il faut centraliser les acquisitions. Christian Boissonnas (Bibliothèque de l'Université de Cornell) critique les bibliothèques qui multiplient les « sélectionneurs », ce qui revient à multiplier également les sources d'erreurs et le prix des commandes, à créer une perte de temps supplémentaire, chacun redécouvrant ce que l'autre a déjà découvert, et à accroître le déséquilibre des collections... Pour lui, cette tâche est un réel métier qui exige un travail complet. D'année en année, chacun y accumule nombre de connaissances, devenant « expert en édition pour le monde entier », apportant des solutions aux divers problèmes comme le rythme de croissance des collections, l'espace qui leur est nécessaire, etc., toutes choses que des équipes polyvalentes seraient incapables de résoudre. Disposant de 23 personnes dédiées à cette tâche - et d'un budget d'achat de livres excédant cette année les 7 millions de dollars ! -, il affirme par ailleurs qu'une bonne préparation à ce faire nécessite une formation de trois ans...
L'acquisition maîtrisée des fonds passe inévitablement par une méthode d'évaluation : né en Californie et éprouvé en Europe, Conspectus est cet outil précieux d'évaluation des collections. Il connaît, depuis 1986, une adaptation très originale en Ecosse, sorte de formule allégée par rapport aux prescriptions d'origine, qui donne priorité au programme d'entraide et de coopération. On l'emploie, en effet, pour la première fois en concertation dans onze bibliothèques de recherche (universitaires, publiques et nationale). Selon Ann Matheson de la Nationale, il donne une image des fonds existants - les siens et ceux des autres -, une information précise sur les collections spécialisées, et permet une politique d'achats concertée qui détermine, pour chacun, les priorités à acquérir dans sa sphère spécifique. Travail en commun, responsabilité réciproque, quand elles acceptent le CCR (co-operative collecting responsabilities), les bibliothèques s'engagent vis-à-vis d'elles-mêmes, mais également vis-à-vis des autres membres à maintenir le niveau requis de leurs collections.
Evaluer, désherber
A notre époque de saturation générale, le désherbage est l'autre face essentielle d'une bonne gestion des collections. En la matière, la Bibliothèque publique d'information est reine, étant une bibliothèque d'actualité qui fut conçue « d'entrée de jeu sans magasins, comme bibliothèque de croissance zéro » (Françoise Gaudet), ce qui oblige à vérifier périodiquement les collections... - à quoi s'emploient quatre personnes. Mais comment être sûr qu'un titre éliminé est conservé ailleurs ? En Allemagne, malgré un « système de catalogues collectifs », 15 % des titres restent introuvables. Comment partager la conservation ?
Plusieurs réponses françaises co-existent actuellement. La Bibliothèque nationale, qui assure statutairement le rôle de conservation, a créé un Centre national de prêt de dernier recours. Côté universitaire, les CADIST (Centres d'acquisition et de diffusion de l'information scientifique et technique) ont une fonction de conservation dans leur spécialité. Beaucoup d'efforts se font maintenant dans les régions pour partager la conservation des périodiques et, dans l'Oise, les bibliothèques souhaitent se répartir intellectuellement les collections de monographies... La bibliothèque de dépôt régionale prévue à Marne-la-Vallée 3, baptisée Centre technique du livre - elle intégrera les fonctions de restauration - aura en charge d'entreposer les « fonds intermédiaires » des bibliothèques universitaires parisiennes, le fonds intermédiaire ayant un taux de consultation faible, d'une unité physique, ou moins, prêtée par an, pour un mètre linéaire de stockage.
Le circuit du désherbage n'est pas évident. Des instructions font défaut. A qui incombe-t-il de décider d'une politique ? Qui doit financer les coûts ? - qui sont souvent élevés... : un document acquis par le dépôt légal, théoriquement gratuit, vaut deux fois plus cher qu'un ouvrage acheté et traité... Etant propriété de l'Etat ou des départements, les collections font partie du domaine public..., on ne peut donc désherber sans autorisation. Le Décret du 9 novembre 1988 stipule que les documents que l'on souhaite désaffecter doivent être communiqués au Ministère de tutelle. La procédure minimale est actuellement de consulter le Conseil d'administration de la bibliothèque ou, selon le cas, le Conseil municipal.
Entrées et sorties des livres, entrées et sorties des utilisateurs et des informations... toute activité, toute circulation doit aujourd'hui être évaluée avec régularité et précision dans chacun des secteurs, mais appelle aussi la pertinence des décisions et l'adéquation des réponses apportées (disponibilité d'un service, accessibilité, productivité, satisfaction de l'utilisateur...) Les bibliothèques fonctionnent dorénavant comme des entreprises, selon un raisonnement économique, en se fixant des objectifs et en cherchant régulièrement à les améliorer par des évaluations quantitatives et qualitatives. Pour aider les responsables de municipales, le Département de recherche et du développement de la British library a financé un manuel de méthodologie, qui s'avère également fort utile pour les bibliothécaires d'université.
Optimiser les références
Comme pour les acquisitions, il semble impossible d'improviser dans les services de référence. Impossible d'y faire des rotations si l'on veut les optimiser, déclare Alain Bonnefoy pour la Bibliothèque municipale de Caen. « Agence technique de documentation », celle-ci consacre dix personnes au service. Par dépouillement systématique de la presse locale, elles ont constitué, depuis 82, 50 dossiers sur la région normande et la ville et renseignent, depuis un an, au niveau européen. L'information se déploie en réseau - huit dessertes - associant des fournisseurs extérieurs pour réaliser « un réservoir documentaire » commun : la Bibliothèque universitaire, le Centre de documentation de l'Institut universitaire européen, le Centre de recherche et d'industrie, les centres d'information jeunesse, l'Euroinfocentre...
A côté de la salle de référence proprement dite, dont les propositions vont du catalogue bibliographique au dossier de débouchés professionnels, la Bibliothèque municipale de Lyon a progressivement développé des postes de renseignements dans tous les services, préparant des dossiers tous azimuths pour répondre à un public toujours plus exigeant et plus pressé. Depuis 1974, elle possède également une salle de documentation régionale qui offre un catalogue de références bibliographiques sur la région Rhône-Alpes consultable dans toutes les bibliothèques de la ville, des dossiers de presse régionaux, un fichier de renseignements sur les organismes et les personnalités dressé au hasard des questions, la littérature grise des associations, administrations et autres... Autre ouverture sur l'extérieur : depuis 5 ans, un fichier d'informations économiques, politiques et régionales, consultable sur minitel, regroupe ces ressources et celles de l'Institut politique de Lyon, des chambres de commerce, des conseils généraux... En mai 91, paraîtra un répertoire transfrontalier rassemblant les 400 centres de documentation des régions alpines (France, Italie, Suisse). Pour Yvette Weber, « l'esprit de référence » doit régner partout.
Les rôles des uns et des autres sont de plus en plus complexes et interdépendants, l'information s'internationalise chaque jour davantage, mais l'internationalisation du savoir ne se fera pas si chacun a ses pratiques propres. Tout échange recquiert un système de normes.
Pourtant, les activités les plus simples et les plus couramment répandues, comme la photocopie, se heurtent encore à la pénurie législative. Le droit d'auteur n'est pas compris de la même manière dans les divers pays. Certains documents sont protégés - oeuvres originales d'auteurs, littéraires, artistiques, musicales..., cours polycopiés, ouvrages d'enseignement et de recherche... -, d'autres libres de droits - littérature grise, actes officiels, oeuvres tombées dans le domaine public,... Qui plus est, selon la loi du 11 mars 57, il existe en France un usage privé et un usage collectif du document et, concernant ce dernier : « Toute reproduction faite sans l'autorisation de l'auteur est une contrefaçon ». Rien n'y était prévu pour les usages particuliers de l'enseignement et des bibliothèques. Aussi, sans autorisation préalable, le document photocopié et distribué aux étudiants est-il illégal. Le prêt-entre-bibliothèques peut l'être aussi. Et la loi de 84, donnant mission de diffusion à l'enseignement supérieur, renforce le dilemme. Qu'en sera-t-il des ouvrages de droit, pour une bonne partie sur CD-ROM en l'an 2 000, et de leur télétransmission ? Si, « en aucun cas, la reconnaissance du droit de copie ne doit entraver la circulation de l'information », il semble difficile de vivre plus longtemps sous le signe de la tolérance et du droit coutumier. Une enquête réalisée en 88-89 conclut qu'étudiants et enseignants du supérieur réalisent un total de près de 5 000 000 de copies de pages mensuelles !
La France, pour le moment, s'est orientée vers la voie contractuelle, le contrat étant assez souple pour prendre en compte toutes les spécificités d'approche, tandis que la RFA, la Belgique et le Danemark préfèrent celle de la licence légale. De toute façon, les ministères concernés devraient proposer une modification de la loi.
La circulation de l'information au mieux des demandes, à l'intérieur des bibliothèques et au dehors, se heurte à bien des problèmes. Problèmes multipliés par la prolifération des systèmes informatiques qui envahissent l'ensemble des services, sans qu'il y ait souvent compatibilité...
Numériser maintenant et toujours
Dernière technologie de pointe en date, la numérisation. Nombreux sont les projets qui permettront l'accès aux textes télétransmis où que l'on soit, sans problèmes de lieu ni de distance. La Bibliothèque de France, dont on pourra consulter ces corpus en local et à distance, offrira, en 95, un fonds de 300 à 400 000 ouvrages numérisés 4, que les chercheurs pourront sélectionner après consultation du catalogue électronique. Il lui sera possible de récupérer des documents déjà numérisés sur le marché (CD-ROM), ou en provenance d'autres structures qui numérisent. Il serait intéressant de récupérer massivement les bandes numérisées des éditeurs mais les normes font défaut et celles qui existent (SGML 5) ne sont guère utilisées. Ce projet intéresse : l'établissement a d'ores et déjà été contacté par la British library, la Bibliothèque du Congrès - qui a numérisé l'ensemble des documents concernant les travaux de l'Assemblée - et le Japon - 4 000 périodiques numérisés chaque jour pour les entreprises.
L'INIST 6, qui doit répondre à plus de 500 000 demandes annuelles de reproduction, sous-traite depuis mai 90 la numérisation d'environ 2 000 titres parmi les périodiques scientifiques les plus demandés, soit 4 000 000 de pages par an - traitement de 16 000 pages par jour ; stockage de 8 à 9 000 pages sur cassette magnétique ; livraison quotidienne de deux cassettes ; après vérification du contenu, transfert sur disques optiques 30 cm ineffaçables, une copie pour l'exploitation et une copie pour la sauvegarde, à raison de 60 à 80 000 pages par disque double face. Les articles sont aussitôt disponibles on-line pour l'usager. Pour répondre à sa demande, une édition laser en local et la possibilité d'envoi direct à domicile par réseau commuté standard ou réseau Numéris. Le système sera fin prêt en mars 91.
Enfin un projet tripartite, conclu entre le Ministère de l'éducation nationale, Télésystèmes et France Télécom, se propose d'améliorer le PEB ou prêt-entre-bibliothèques : FOUDRE 7 est actuellement expérimenté entre des bibliothèques « prêteuses » - Lyon médecine, Dauphine et Cujas - et des bibliothèques « emprunteuses », reliées ensemble par Numéris. Contrairement à l'INIST, les bibliothèques numérisent les articles au fur et à mesure des demandes. Une fois le document numérisé, la demande est traitée automatiquement. Puis les articles sont stockés sur disque optique numérique, constituant une mini-base de données. Il est encore impossible d'évaluer le coût global de l'opération, mais l'on sait que l'envoi d'un article numérisé d'une dizaine de pages - qui parvient à l'intéressé dix minutes après sa demande - est plus avantageux que l'envoi d'une photocopie.
Projets de spécialistes
De par leur nature, et sans attendre le secours des nouvelles technologies, les fonds spécialisés ont toujours induit plus d'initiative, d'entraide, de collaboration. Européens avant l'heure, tous mériteraient des moyens techniques et des aides financières importants.
L'association loi 1901 ARCHE (Agence de recherche et de communication inter-hospitalière européenne), créée par la Bibliothèque de l'Hôpital international de l'Université de Paris, représentée par Anne Joubert Meudic, responsable de la documentation médicale, souhaite lancer un projet d'échanges et créer une base de données bibliographiques sur les résultats de la recherche médicale européenne, type MEDLINE aux Etats-Unis. Des regroupements transfrontaliers s'imposent. Support logistique de cette structure : les bibliothèques hospitalières ou liées à toute activité de santé publique. La documentation sélective de la bibliothèque, comprenant ouvrages, dossiers, résultats d'informations, rapports de congrès, devra être numérisée sur disque optique, avec un thésaurus comme le Medical subject headings et une traduction multilingue.
L'IMEC (Institut Mémoires de l'Edition Contemporaines), inauguré en octobre 89, veut offrir à la communauté scientifique française et internationale les instruments de documentation et de recherche sur les métiers du livre et la vie de l'édition, par la reconstitution et la mise en valeur du patrimoine des maisons d'édition, des revues et différents acteurs de la vie du livre du XXe siècle. Bibliothécaires, chercheurs et éditeurs collaborent étroitement à cette résurgence. Bientôt, en collaboration avec la Maison des sciences de l'homme et l'Institut Max Planck de Gôttingen, l'IMEC créera le premier réseau international de recherche sur l'histoire du livre et de l'édition.
Bien d'autres projets mériteraient qu'on les réalise, celui de Christiane Rageau par exemple (Bibliothèque du Musée de l'homme), qui aimerait rendre enfin disponible une photothèque indochinoise très riche, constituée à la Bibliothèque de l'école française d'Extrème-Orient, à Hanoï, pendant la période coloniale française. Actuellement au Musée Guimet, ce fonds photographique devrait être regroupé avec celui de l'Institut français de Pondichéry, celui du Musée Guimet, une partie de celui du Musée de l'homme, et faire l'objet d'une banque d'images couplée à une banque de données, « utilisée aux quatre coins du monde » grâce à la télématique.
Préoccupation identique pour Jacqueline Hamesse (Institut d'études médiévales à Louvain la Neuve), spécialiste des manuscrits médiévaux. Elle regrette que la rareté des catalogues consacrés à ces fonds les rende très peu accessibles et oblige les chercheurs à des déplacements souvent coûteux. Le projet RIM (Repertorium initiorum manuscriptorum) propose de rassembler tous les incipits des manuscrits qui se trouvent en bibliothèques - incipit: premiers mots d'un texte permettant de l'identifier -, de façon à constituer une grande base de données sur disquettes, avec un logiciel qui prendrait en compte les différentes graphies latines, l'hébreu, le grec, etc. Des projets parallèles sont nés en Allemagne et aux Etats-Unis de façon anarchique, sans compatibilité de matériels ni de bases de données. La concertation actuelle entre les centres d'étude de ces manuscrits débouchera, en 91, sur une table ronde qui rassemblera tous les projets en cours en vue d'une standardisation et d'une collaboration internationale - l'ouverture à l'Est intéresse particulièrement car la Bibliothèque de Léningrad possède une collection très importante de manuscrits arabes.
Les nouveaux mécènes
Toutes ces initiatives requièrent des moyens en conséquence. Les petites structures, et les autres, ont besoin d'aide. Le mécénat est une réponse précieuse, si tant est que le mot soit encore bien choisi de nos jours. Très répandu aux Etats-Unis, il connaît, depuis trois ans, une forte croissance en France, avec encore quelques réticences de la part des bibliothèques qui ne l'ont pas pratiqué.
En 89, pour quelques mille entreprises françaises qui faisaient du mécénat, le volume global se situait entre 600 et 700 millions de francs : en premier lieu, des banques (23 % du total des actions), mais aussi l'agro-alimentaire..., avec les arts plastiques (30 %) comme domaine de prédilection, puis la musique (25,4 %). L'édition et le livre n'occupent que le 8e rang, avec 4 % du total des actions. Intervention multiple, au niveau des achats, de la restauration des fonds anciens, de l'organisation de manifestations, de l'aide à la création, de la construction de nouveaux locaux...
Quand elle s'adresse directement à une entreprise, la bibliothèque doit établir de bonnes relations, qui requièrent temps, persuasion et persévérance, savoir dès le début ce qu'elle veut exactement, présenter un projet clair, avec des objectifs et une demande financière précis. It's a business, dira joliment Jerry Campbell. A la Duke university (Durham), une équipe de choc cherche en permanence des fonds par des méthodes de séduction très au point.
Les bibliothèques peuvent aussi faire appel à des intermédiaires, organismes payants comme Mécen'art ou associations bénévoles comme la Société des amis du Musée de l'homme, qui peuvent rendre des services ponctuels très efficaces. Cette dernière a fait financer L'avenue humaine par IBM, et l'achat d'une partie des vêtements ethniques de L'Orient d'un diplomate par Dior...
A notre époque où l'élément culturel est fondamental et s'imbrique de plus en plus dans les activités économiques, les chefs d'entreprises savent qu'ils ont tout intérêt à mener ce genre d'action, et ils sont de plus en plus nombreux à l'envisager. Le « mécénat technologique » l'a bien compris, qui place sa technologie dans le domaine culturel auquel il apporte sa contribution... Le mécénat « de proximité » aide les institutions de son environnement géographique...
Tous ces exposés, pour certains très émouvants, traduisent la même demande d'aide intellectuelle, technologique et financière, mais surtout la nécessité impérative d'accords multiples qui permettront l'établissement de normes tout terrain pour aborder l'ère communicationnelle nouvelle avec l'infrastructure adéquate.
Les dernières contributions intervenant en même temps que la Conférence d'information du Comité français de pilotage du plan d'action pour les bibliothèques de la Communauté européenne, cette conférence n'eut pas le succès mérité, et la boucle européenne fut bouclée.