Banque d'images en réseau

Luce-Marie Albigès

La banque d'images de la Bibliothèque publique d'information a été conçue à l'origine comme l'élément visuel de la documentation multimédia de la bibliothèque : elle constitue une première collection photographique encyclopédique importante destinée au grand public. Elle se compose actuellement de 150 000 images réunies en 2 300 dossiers.

Originellement présentée sous forme de carrousels de diapositives, la collection a été transférée sur vidéodisque à partir de 1985. Actuellement, la BPI offre 36 postes de consultation sur vidéolecteur. Les images sont accessibles par télécommande et les commentaires regroupés dans des livrets sur papier. Pour l'un des vidéodisques, un sytème de recherche interrogeable par minitel a été expérimenté.

La gestion de la banque d'images implique une meilleure mise en valeur de la base de commentaires et l'adoption de supports de consultation de plus en plus adaptés et conviviaux. Le système de vidéodisque actuel présente des limites : une mise à jour difficile et coûteuse, un manque d'intégration de l'image et du texte lors de la consultation, une qualité d'image insuffisante, et le fait que la pérennité du support n'est pas assurée au-delà de dix ans.

Le contexte d'évolution

Des conditions nouvelles d'évolution sont apparues. En effet, outre la nécessaire amélioration du système de consultation, il se révèle souhaitable de prendre en compte, d'une part, la redéfinition du rôle de la BPI dans le nouveau paysage des bibliothèques créé par la décentralisation et le projet de bibliothèque de France et, d'autre part, l'évolution technique qui ouvre des possibilités nouvelles dans le domaine de l'image.

La communication à distance permettra à la BPI de jouer un rôle national en offrant aux bibliothèques et établissements culturels l'accès à une banque d'images dont la constitution est coûteuse, tout particulièrement en droits de reproduction. Cette diffusion à l'extérieur de ses locaux supposera la négociation de droits plus étendus.

L'évolution technique crée de nouvelles conditions de fonctionnement des banques d'images en raison de deux éléments : les télécommunications et la compression de l'image numérique. La création du Réseau numérique à l'intégration de services, ouvert en France sous le nom de Numéris par France Télécom, apporte des possibilités nouvelles, grâce à sa capacité d'intégrer des documents divers, tels que l'image et le texte.

Une image couleur de qualité, qui ne pouvait jusqu'ici être transmise facilement en raison de l'importance du volume des données (828 kilos octets selon la norme vidéo), peut maintenant être compressée à 60 kilos octets et transmise en huit secondes par le RNIS. Grâce au nouveau réseau qui couvrira l'ensemble du territoire français à la fin de 1990 et pourra être interfacé avec d'autres réseaux RNIS à l'étranger, une large diffusion devient possible. L'avance française dans le secteur des télécommunications permet de développer de nouveaux produits culturels dans ce domaine dans un contexte favorable.

Le projet utilise des techniques nouvelles éprouvées ou testées mais non des techniques expérimentales, ce qui explique son coût relativement peu élevé.

Le nouveau service

Le principe de base du nouveau projet est de permettre un accès à distance à la banque d'images de la BPI et d'élargir progressivement cet accès à d'autres collections.

A travers des postes de consultation basés sur des micro-ordinateurs, le public pourra, depuis les bibliothèques connectées au service, rechercher, consulter et reproduire images et commentaires. Pour accéder à cette information, une ergonomie spécialement destinée au grand public sera réalisée.

La consultation se fera en deux temps : d'abord l'envoi de la totalité des dossiers sous forme d'imagettes (6 par écran) et de textes, puis consultation des images sélectionnées en plein écran.

Chaque poste de consultation comportera également un écran de haute résolution et une imprimante couleur de qualité. Un stockage local de données et de programmes sur le disque magnétique de la station de consultation permettra à l'utilisateur de rechercher ses documents à travers un dialogue simple. En dehors des interrogations par le public, le poste diffusera un programme d'animation en local, sans frais de communication. Ce programme sera régulièrement mis à jour par téléchargement depuis le serveur.

Le serveur comportant la base d'images et de textes sera localisé au Centre Georges Pompidou. Les différents matériels le composant seront reliés par réseau local. Les images seront stockées sur disques optiques dans un juke-box. Les postes de consultation de la BPI seront également reliés au réseau local. L'installation permettra la réalisation de communication de documents à l'intérieur de la bibliothèque et l'élaboration de nouveaux services.

Les partenaires

Le fonctionnement du service implique pour les bibliothèques réceptrices diverses charges (maintenance, coûts de communication...) ; celles-ci auront la possibilité, si elles le souhaitent, de répercuter ces frais sur l'utilisateur final, au moyen d'un système de paiement par carte mis à leur disposition.

Pour définir et tester le nouveau service, un premier groupe de cinq bibliothèques partenaires a été constitué : Rennes, Saint-Quentin-en-Yvelines, Villeurbanne, Marseille et Lyon. Elles testeront ainsi le service dans des contextes différents. Plusieurs autres demandes pour le nouveau service ont été exprimées, notamment par des bibliothèques anglaises.

Pour mettre en oeuvre ce projet, la BPI a reçu des concours importants. Le caractère innovant de l'application a permis de bénéficier d'un partenariat avec France Télécom et les deux sociétés prestataires : Télésystèmes et Project-Assistance. La première est chargée du serveur et du système de communication et la seconde réalisera les postes de consultation, le poste de mise à jour et concevra l'ergonomie.

Le projet a également bénéficié de subventions de la Direction du livre et de la lecture, de la Délégation à l'information scientifique et technique du ministère de la Recherche et de la Bibliothèque de France. Des contacts sont pris avec la Communauté économique européenne. Ce projet sera aussi l'un des dix projets pilotes suivis par l'« Observatoire des télécommunications dans la ville ».

Le planning de réalisation

En 1991, le service sera ouvert dans les cinq bibliothèques du premier groupe de partenaires. Pendant cette première phase, le public de ces établissements aura accès à 32 000 images. Cette période permettra d'acquérir une meilleure connaissance des besoins et des comportements des usagers et de mettre au point les principes de prise en charge financière. Elle permettra aussi de donner accès à d'autres fonds et en particulier à des documents provenant des bibliothèques partenaires.

La seconde phase permettra une extension au plan géographique du nombre de bibliothèques connectées, un développement du fonds consultable et également l'ouverture de nouveaux services basés sur les mêmes principes de communication par Numéris et concernant l'exploitation d'autres collections multimédia.