Réflexions d'un académicien rustique sur les sociétés savantes et académies de province à l'aube du XXIe siècle

par Gilbert Nigay

Edmond Reboul

Préf. de Robert-Henri Bautier
Nîmes, C. Lacour, 1990. - 140 p. ; 30 cm.
ISBN 2-86971-195-6

Secrétaire général de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, l'auteur offre un agréable panorama des académies et sociétés savantes en cette période d'avènement de l'Europe, mais aussi de régionalisation et de décentralisation. Tous ces éléments leur sont favorables et, en effet, ils aboutissent à un constat de renouveau, et, bien plus, de bonne santé et de dynamisme.

La première partie de l'ouvrage se veut descriptive (« Où en sont les sociétés savantes et académies locales en 1989?») et fait en quelque sorte un bilan. Elle donne tout d'abord les statistiques d'après le fichier national du CTHS (Comité des travaux historiques et scientifiques) et des cartes par régions pour 1584 d'entre elles qui concernent la province, le chiffre de Paris étant de 240. On remarque que les régions les moins pourvues sont la Bretagne, le Limousin et la Corse, et les mieux pourvues sont les régions Rhône-Alpes et Provence-Côte d'Azur. L'auteur examine les rapports avec le CTHS et son rôle, depuis Guizot, dans l'organisation du Congrès annuel des sociétés savantes et dans ses publications, tout en assurant une tutelle qui est plutôt un lien fédéral. Puis il évoque le passé, l'évolution, les structures actuelles et surtout les moyens des sociétés savantes et il s'interroge sur leur rôle et leurs missions, la réflexion suivant le bilan.

Il voit pour elles un rôle de conseil auprès des autorités (élus et administrations) dans des occasions où elles pourraient être consultées avec profit : urbanisme, développement, choix de sites, dénominations (les rues en particulier), éducation, beaux-arts, littérature...Il relève avec une certaine amertume une attitude qui, espérons-le, demeure exceptionnelle : « Les élus délégués à la culture, qui devraient en être les protecteurs, se demandent quelle gêne va leur procurer ce collège de têtes pensantes et indépendantes » (p. 37). Il voit aussi pour les sociétés savantes un rôle dans le rayonnement de la cité : manifestations culturelles, expositions.

Participant à la fois de la recherche et de la bonne vulgarisation, elles se font surtout connaître par leurs publications que toutes doivent s'employer à maintenir (854 pour la province seule). Puis E. Reboul prend deux exemples concrets : la Société linéenne de Lyon et l'Académie de Lyon, dont il examine le fonctionnement et les activités. Toute une partie retient particulièrement l'attention car, à notre connaissance, elle est tout à fait originale : la composition sociologique de l'Académie de Lyon, sa répartition par classes d'âge, sexes, disciplines et spécialités, professions et même « positions sociales », et aussi la façon dont elle est perçue dans l'opinion et la connaissance qu'en a le grand public.

Sous le joli titre : « Fossile, relique ou phénix ? », la conclusion envisage un avenir optimiste pour ces institutions ou organismes qui sont bien vivants, travaillent, éduquent et produisent, tout en sachant s'adapter et maintenir l'esprit académique.