La bibliothèque nationale
Bruno Blasselle
On pourrait s'étonner que la collection « Que sais-je ? » ait attendu son numéro 2496 pour consacrer un volume à la Bibliothèque nationale. Ne récriminons pas cependant puisque c'est désormais chose faite ; réjouissons-nous peut-être plutôt que cette publication intervienne à un moment où l'établissement de la rue de Richelieu est l'objet de l'attention des médias, dans la mesure où lui-même se trouve placé devant des choix cruciaux. Et notons encore que la chose n'aurait sans doute pu être mieux faite que par l'un des conservateurs de la maison, responsable de la conservation et de la communication au Département des livres imprimés.
L'ouvrage se présente en trois parties. La première retrace l'histoire de l'établissement et de ses collections, de ses origines - au demeurant tardives - à la période la plus récente. Une deuxième partie analyse l'organisation actuelle de la Bibliothèque pour donner un panorama complet de sa structure administrative et financière, de ses personnels et de ses bâtiments, et présenter la répartition des collections dans les différents départements. La troisième partie, enfin, réfléchit sur les missions de l'établissement, en insistant tout particulièrement sur trois aspects. Le dépôt légal d'abord, « sans conteste la marque première d'une bibliothèque nationale » (p. 77) ; la modernisation, avec l'informatisation (dont l'exemple principal est sans doute fourni par l'automatisation de la Bibliographie de la France - ce qui ne doit cependant pas faire oublier les réalisations de certains départements spécialisés, tels que la Phonothèque ou les Cartes et Plans, ni masquer l'ampleur des tâches qui restent à accomplir) comme avec l'emploi de nouveaux supports tels que le vidéodisque ou le CD-ROM ; la coopération enfin, considérée par l'auteur comme « une nécessité vitale » (p. 113).
D'autant plus vitale, à la vérité, à un moment où l'on semble devoir s'orienter vers un concept de « bibliothèque immatérielle » où « la question de l'unité de lieu ne se posera plus avec la même acuité que par le passé » (p. 119) - à la condition expresse que le défaut d'unité matérielle soit cependant compensé par la réalisation d'un catalogue collectif exhaustif (ou tendant sans trop de lenteur vers l'exhaustivité). B. Blasselle cite alors le jugement - ou le vœu - émis en 1797 par l'abbé Mulot : « Ce n'est point l'unité de local qu'il faut pour nos livres, et pour l'utilité des gens de lettres, et pour l'histoire des sciences ; c'est l'unité de catalogue et l'indication des lieux où se trouvent les livres ». Ce qui ne résout certes pas la question de l'accès effectif aux livres en tant que tels - sous quelque forme que ce soit - et des moyens de satisfaire ainsi le besoin des lecteurs. Mais ce qui permet de conclure ce petit ouvrage en offrant au débat la question de l'avenir de la Bibliothèque nationale, qui est aussi celle de ses rapports avec la future Bibliothèque de France.