Éditorial
Voici donc l'IFLA et son congrès parisien d'août dernier à nouveau présents dans ce dernier numéro de 1989. Mais ils le sont d'une manière toute particulière, en raison de l'allocution de M. Lionel Jospin, ministre de l'Education nationale, publiée en tête de cette livraison. Publication souhaitable, publication utile, publication nécessaire, car cette allocution est un véritable discours-programme qui ne se contente pas de révéler la création du Conseil supérieur des bibliothèques ou d'évoquer la future Bibliothèque de France, ne se borne pas à annoncer une revalorisation des statuts des personnels des bibliothèques ainsi que la réévaluation de leur formation qui doit nécessairement l'accompagner ; ce discours-programme énonce en fait « une politique globale en faveur des bibliothèques » - de toutes les bibliothèques, même si les exemples sont ici pris de manière privilégiée dans le domaine scolaire et universitaire.
Mais le congrès est encore présent par la publication du discours de Jacques Michel, de l'Office européen des brevets (Rijswijck, Pays-Bas), qui avait pour objet de mettre en perspective le thème directeur de la rencontre - bibliothèques et économie - et dont l'intervention fait ressortir, à travers des chiffres qui avouent donner surtout des ordres de grandeur, les grandes tendances du présent et du futur. Nous publions alors, dans une sorte d'écho, une étude qui aborde par un biais particulier le thème « bibliothèques et économie » en analysant, à partir de la « leçon des médias », la façon dont les bibliothèques sont aujourd'hui, qu'elles le veuillent ou non, « saisies par l'économie ».
Dans son discours, M. Jospin énonçait également les trois priorités qu'il déclarait avoir essentiellement retenues du rapport Miquel * : la nécessité de développer l'accueil, de développer les collections, de développer la coopération nationale et internationale. Quant au premier point, le ministre soulignait que « accueillir n'est pas seulement une affaire de locaux, accueillir c'est également répondre aux besoins des lecteurs et des chercheurs ». Comment le faire cependant, si l'on ne sait pas ce que sont précisément ces besoins ? Et comment ces besoins se traduisent-ils le mieux, sinon à travers les modes d'utilisation de la bibliothèque pratiqués par ses usagers ? Et comment connaître ces modalités, si ce n'est par l'enquête auprès des utilisateurs ? C'est pourquoi ce numéro s'achève par un micro-dossier sur ces pratiques d'utilisation - essentiellement en bibliothèques universitaires -, dont l'analyse implique aussi celle de la non-utilisation (ici envisagée dans le cadre de la lecture publique). De telles études constituent l'un des moyens permettant, s'il faut encore citer le discours qui ouvre ce fascicule, que les bibliothèques mettent un frein à leur tendance à « devenir à elles-mêmes leur propre justification » pour retrouver leur véritable sens, qu'elles ne tirent « que de leur capacité à satisfaire les besoins des lecteurs qu'elles accueillent ».