Information research
research methods in library and information science, proceedings of the International seminar on information research, Dubrovnik, May 19-24 1986
ISBN 0-947568-26-3
Cet ouvrage présente les contributions du séminaire international sur l'activité de recherche en sciences de l'information, qui s'est tenu à Dubrovnik (Yougoslavie) en mai 1986. Dans leur avant-propos, Neva Tudor-Šilović et Ivan Mihel posent une question préliminaire : l'investissement dans les activités de recherche améliore-t-il la productivité ou est-ce une fuite continuelle des ressources ? C'est en effet la préoccupation présente en filigrane de toute la conférence. Les participants (essentiellement yougoslaves) se sont répartis en 4 ateliers : études d'utilisateurs, systèmes conviviaux, formation à la recherche, scientométrie.
Une politique de recherche
Deux contributions évoquent en préalable le cadre institutionnel. Brian J. Perry (Grande-Bretagne) tente l'approche d'un modèle pour l'élaboration d'une politique de recherche, « Elaboration d'une politique de recherche : contraintes et défis ». A partir de plusieurs exemples britanniques et d'autres pays, l'auteur pose le problème de l'exploitation de la recherche, pour « améliorer les activités génératrices d'information d'une nation ». Il propose de définir des priorités pour soutenir la recherche tout en permettant un partage effectif des ressources avec les autres pays.
Dans sa contribution, Warren J. Haas (Etats-Unis) présente le Council on library resources (CLR), organisme privé, qui a financé plusieurs recherches sur des thèmes relatifs aux bibliothèques et aux systèmes d'information. Les tendances et quelques résultats de recherche sont présentés et l'actuel programme de recherche du CLR est décrit en détail dans le chapitre « Le développement historique du programme de recherche du CLR ».
Les contributions suivantes sont alors présentées en 2 chapitres : d'une part, la participation à la recherche et la dissémination des résultats de la recherche : études de cas et débouchés ; d'autre part, méthodes de recherche et résultats.
Participation à la recherche
P. Havard-Williams et Linda Stewart (Grande-Bretagne ?) évoquent les « problèmes de la dissémination de l'information issue de la recherche ». Pour eux, le paradoxe réside dans le fait que la recherche en sciences de l'information, si prometteuse en tant que telle, est perçue par les professionnels comme n'ayant pas un impact conséquent sur la pratique. La principale cause étant une faible dissémination, due au manque de médium, ou plus généralement, d'opportunité. Michaël W. Hill (FID) pose plus largement le problème de la « participation à la recherche et au développement ». Les entreprises industrielles des pays capitalistes comme des économies socialistes ont intégré la recherche et le développement. Comme d'autres activités, la bibliothéconomie, la documentation, le travail de l'information en ont besoin. L'article expose les raisons pour lesquelles chaque membre de ces professions aurait besoin d'être impliqué activement dans la recherche et le développement, raisons selon l'auteur, qui vont plus loin que la simple résolution des problèmes courants.
Pénéloppe Biggs (Grande-Bretagne), elle, évoque de manière très pragmatique « la mise en place d'un registre de recherche ». A partir de plusieurs exemples nationaux et internationaux, sur une période de 11 ans, l'auteur propose des pistes à ceux qui se lanceraient dans une telle entreprise, en signalant les pièges le cas échéant. Dennis Gunton (Grande-Bretagne) expose le cas de l'implantation du catalogue automatisé du British Council dans 110 bibliothèques réparties dans 80 pays. Il retrace les problèmes rencontrés, les solutions et les erreurs commises, « gérer l'information : le manageur et le managé ».
Zaneta Baršić (Yougoslavie) évoque la « validité et l'utilité de la documentation des organisations internationales dans les bibliothèques yougoslaves ». Cette contribution est le compte rendu d'une recherche menée en 1983-1984. 130 collections internationales de documentation de 25 bibliothèques ont servi à l'élaboration d'un guide de ces collections dans les bibliothèques yougoslaves. Les résultats de ces travaux sont utilisés officiellement pour résoudre le problème de la multiplication de cette documentation déposée.
Jan Erik Røed (Norvège) expose le projet pour la collecte et la dissémination de l'IRIP (information sur la recherche en cours) mené à l'université d'Oslo. Ce projet a pour ambition de fournir un inventaire complet, et à jour, de toute activité de recherche menée à l'université d'Oslo, ainsi que de contribuer à un système national installé sur une banque de données permanente, « Recherche d'information pour la gestion de l'information de recherche ».
Méthodes de recherche et résultats
Blaise Cronin (Grande-Bretagne) tente pour sa part « des approches d'un marketing de la recherche ». Il évoque les techniques d'analyse et de segmentation des marchés (données démographiques, analyse des styles et des cycles de vie, segmentation des profits). Il présente également les mécanismes des études d'utilisateurs ainsi que les techniques de collecte et d'analyse des données.
Christine L. Borgman (Etats-Unis) traite des « facteurs humains dans l'utilisation des systèmes d'information : méthodes de recherche et résultats ». Elle mentionne les recherches actuelles, leurs résultats et suggère des directions de recherche future. Les différentes méthodes employées provoquent souvent des résultats contradictoires, ce qui accentue la nécessité d'études plus maîtrisées.
Stephan Schwarz (Suède) et Anuška Ferligoj (Yougoslavie) présentent une bibliographie commentée, « Développement en cours des méthodes quantitatives en gestion des bibliothèques». Anuška Ferligoj, Siniša Maričić, Greta Pifat et Jagoda Spaventi (Yougoslavie) évoquent leur recherche sur « l'analyse d'historiques de citation d'un dispositif institutionnel ». Il s'agit d'une évaluation de la collectivité des chercheurs dans un pays en .voie de développement, basé sur la communication scientifique internationale. L'objectif était de déterminer les modèles de citation de 583 articles scientifiques, publiés entre 1955 et 1964 par les chercheurs d'un organisme yougoslave (Rudjer Basković Institute).
A. Schubert, W. Glänzel et T. Brawn (Hongrie) présentent une « comparaison transversale d'indicateurs scientométriques », c'est-à-dire des statistiques systématiques et analysées concernant la littérature scientifique de champs différents de la science (exemples d'estimation et de comparaison de la productivité de publication et le potentiel de publication, impact de citation).
Rasdovet Todorov (Bulgarie) passe en revue les mesures basées sur les citations, « Evaluation des journaux scientifiques ». Miroslav Tudjman, Neva Tudor-Šilović, Damir Boras et Milica Milas-Bracović (Yougoslavie), présentent une étude menée sur les cocitations dans les thèses de maîtrise yougoslaves en sciences de l'information de 1961 à 1984 (unités de cocitation : les documents cités ou les auteurs cités). L'étude porte sur 374 thèses de maîtrise. Les cocitations de paires d'auteurs ou de documents sont considérées comme des variables qui indiquent leurs distances l'un de l'autre. En fin de parcours, Robert M. Hayes (Etats-Unis) effectue une synthèse de la conférence.
Cet ouvrage, comme tous les recueils consécutifs à une conférence, un colloque,... présente à la fois la richesse des points de vue diversifiés en même temps qu'un ton disparate qui nuit parfois à l'ensemble. Si la présentation matérielle est homogène (abstract systématiquement en tête de communication, bibliographie propre à chaque intervention), en revanche le sommaire bien que suivi chronologiquement perd de son utilité en l'absence de rappels des chapitres. Un index aurait également été le bienvenu, ainsi que la liste des participants. A ces quelques réserves près, cet ouvrage se fait l'écho d'une réflexion vivante, parfois paradoxale, toujours digne d'intérêt.