Un Demi-siècle des grandes bibliothèques suisses à travers la statistique.

par Pierre Carbone

Jean-Pierre Clavel

Berne : Commission pour les bibliothèques universitaires,
1987. - [134 p.] ; 29,7 cm.

Jean-Pierre Clavel présente dans ce recueil l'évolution de huit grandes bibliothèques de recherche suisses de 1936 à 1985 ; les bibliothèques universitaires de Bâle, Berne, Fribourg, Genève et Lausanne, la Bibliothèque nationale de Berne, celle de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich, ainsi que la Zentralbibliothek de Zurich.

Ce fascicule a pour but d'éclairer la situation présente de ces bibliothèques afin d'aider à prévoir et planifier leur développement à venir. Pour que ces statistiques servent effectivement d'outils d'aide à la décision, J.-P. Clavel s'est soucié tant de l'exactitude des données collectées que d'une présentation qui en permette une interprétation fiable. En connaisseur averti de ces bibliothèques, il accompagne chaque tableau des commentaires indispensables.

Toutes les données recueillies reproduisent tant l'évolution au fil des ans que par cumulation quinquennale, ce qui facilite la lecture des tendances réelles en réduisant les accidents de parcours et en lissant les inégalités. Ce recueil s'appuie d'abord sur les données brutes présentées en deux séries : statistiques financières (dépenses des bibliothèques en francs courants et en francs constants) et statistiques factuelles (évolution des collections, utilisation des fonds, effectif du personnel).

Jean-Pierre Clavel s'attache ensuite à l'interprétation de ces données en dégageant certains indicateurs de ces séries de données, tels l'évolution du pouvoir d'achat ou du nombre des documents acquis pour chaque bibliothèque par rapport à sa situation en 1939, ou l'estimation de la part de la production mondiale conservée dans ces huit bibliothèques. Il tente ensuite, dans la dernière section, une interprétation sur la base des indices CARTTER, afin d'apprécier le potentiel documentaire de chacune en comparant l'état des collections, les acquisitions annuelles, et le nombre de périodiqu.es vivants. Il essaie également d'apprécier le potentiel général de chaque bibliothèque de façon plus complète, à l'aide d'une batterie de neuf indices, selon la méthode qu'il avait déjà présentée au colloque de l'AUPELF sur l'évaluation des bibliothèques universitaires.

Ces tableaux d'indices fournissent, en lecture horizontale, le rang de chaque bibliothèque par rapport aux autres pour une année donnée et, en lecture verticale, la tendance d'une bibliothèque au cours des ans. Cette comparaison a pour but de stimuler les bibliothèques, car « qui ne progresse pas recule. Celui qui ne cherche qu'à se maintenir cède inexorablement du terrain, parce que la masse des document ne cesse de s'accroître ». Afin que les décideurs en prennent conscience, J.-P. Clavel présente in fine le pourcentage des dépenses des bibliothèques universitaires par rapport aux dépenses des universités correspondantes, ainsi que la part des dépenses brutes des cantons consacrées aux BU.

Cet ouvrage est utile au public français, tant par sa valeur pédagogique que pour ce qui regarde la présentation et l'interprétation des statistiques, qu'à titre de comparaison avec la situation française. Il est malgré tout un point sur lequel la Suisse est sur le même pied que nous, ainsi que le souligne Jacques Rychner dans sa préface : en dehors de la bibliothèque centrale, nos collègues suisses connaissent mal les bibliothèques d'unités internes aux universités, et il faut indéniablement progresser vers une connaissance globale de la documentation universitaire.